Les oiseaux, comme nous, ont besoin de dormir . Et comme nous, la plupart d’entre eux s’endorment lorsque la nuit arrive. Le silence alors se fait et l’on n’entend plus ni cris, ni chants.
En groupe
Certains d’entre eux se regroupent pour dormir. C’est le cas des Étourneaux, mais aussi des Canards, des Corneilles noires ou des Pinsons du Nord. Ces oiseaux choisissent un grand arbre, un buisson ou un plan d’eau et viennent s’y installer pour la nuit. Certains dortoirs ne comptent que quelques dizaines oiseaux ou quelques centaines , mais d’autres peuvent regrouper des milliers d’individus. Un dortoir de Pinsons du Nord peut même compter plusieurs millions d’individus. Le dortoir de Porrentruy, en Suisse, est réputé pour ses dortoirs qui en accueillent plusieurs millions. Ces derniers arrivent de Scandinavie, du Danemark ,de suède ou de Finlande et s’arrêtent là pour profiter des nombreux hêtres qui leur fournissent leurs graines préférées .
En 1946, les habitants de la région ont eu la surprise de découvrir un dortoir qui comptait plus de 38 millions d’oiseaux.
Le réalisateur du peuple migrateur, Jacques Perrin, essaya de filmer ce rassemblement, mais renonça après avoir attendu plusieurs années que les oiseaux reviennent.
Claude et Grelt Nardin ont étudié ce phénomène et effectué des petits calculs . Étant donné que chaque pinson pèse 25 grammes, ils ont estimé que la biomasse de 2o millions d’oiseaux était égale à 500 tonnes. Ils ont aussi calculé que chaque oiseau mangeait 3,5 grammes de faines de hêtres et qu’il en fallait donc 70 tonnes par jour, soit 6300 tonnes pour les 3 mois que les Pinsons du nord passaient à cet endroit.
Ou seul
Les oiseaux comme les Mésanges bleues, les Pinsons des arbres ou les Rouges-gorges préfèrent dormir seuls ou avec quelques membres de leurs familles. Ceux-là apprécient les petites cavités, l’abri des arbustes ou des broussailles qui les protègent des prédateurs. Les arbustes à feuillage persistant comme les lauriers ou les cyprès sont aussi très appréciés, car ils les protègent des prédateurs, mais aussi de la pluie. Chez moi, une famille de moineaux domestiques a élu domicile dans les combles de mon grenier et passe ainsi l’hiver au chaud et l’été au frais. On ne parlera jamais assez de la merveilleuse intelligence des oiseaux.
La position pour dormir
La position pour dormir est variable selon les espèces. La plupart des passereaux dorment perchés sur les branches, mais d’autres oiseaux peuvent dormir à la verticale comme les Pics et les Grimpereaux ou sur l’eau comme les Canards, les Cygnes ou les Mouettes .
Les oiseaux qui dorment sur les arbres comme les Pinsons, les Verdiers, les Fauvettes ,les Merles ou les Accenteurs mouchets s’accrochent aux branches en serrant leurs 4 doigts.
L’hallux est le doigt arrière alors que les trois autres sont placés à l’avant . Les pattes de ces oiseaux sont faites pour pouvoir tenir les branches mêmes quand ils dorment grâce à deux minces tendons appelés fléchisseurs . Lorsque l’oiseau s’endort, ces tendons se compriment et bloquent les doigts autour de la branche. L’oiseau peut ainsi entrer dans un sommeil profond sans risquer de tomber.
Les oiseaux ont en général 4 doigts, mais leur disposition peut varier selon les espèces. j’y reviendrai en détail dans un autre article, mais pour aborder rapidement le sujet on peut dire que les doigts peuvent être disposés de 5 façons différentes. L’arrangement le plus commun est la disposition anisodactyle (A) que j’ai déjà citée plus haut dans laquelle trois doigts sont dirigés vers l’avant et le quatrième l’Hallux vers l’arrière .
Mais il y a aussi les dispositions zygodactyle (B), hétérodactyle (C) , syndactyle (D), pamprodactyle (E).
D’autres oiseaux sont même capables de dormir en volant . C’est le cas des martinets qui peuvent dormir, manger et boire sans jamais se poser . Ils sont connus pour être capable de voler pendant plus 9 ou 10 mois sans se poser.
Mais c’est le cas de nombreux oiseaux migrateurs qui profitent des courants ascendants pour s’élever sans effort puis qui se laissent doucement redescendre et profitent de ce moment pour s’assoupir et se reposer . Arrivés sur le point du bas vol, les oiseaux retrouvent une ascendance pour remonter puis se laissent à nouveau redescendre en planant. Répéter plusieurs fois ces techniques permettent aux oiseaux de franchir de grandes distances sans se poser.
https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons
Les Frégates du pacifique peuvent également rester plusieurs mois en vol . Très léger et pourvus de grandes ailes, ces oiseaux sont de merveilleux planeurs et sont capables de monter dans les courants ascendants sans même battre des ailes. Une étude télémétrique de leur trajectoire en vol a montré que les adultes et les juvéniles étaient capables de traverser les océans sans se poser. Les données ont aussi révélé que les frégates volaient en « montagnes russes » et qu’elles profitaient des courants ascendants créés par les cumulus pour s’élever sans aucun effort jusqu’à 3 ou 4000 mètres . Les enregistrements montrent également que les frégates ont des périodes d’inactivités totales pendant une partie de la montée, ce qui laisse à penser qu’elles profiteraient de cette phase planante ascendante pour dormir.