Pourquoi ce qui est bon pour les oiseaux ne l’est pas forcément pour les humains ?
Comme chacun a pu le constater, les oiseaux sont capables de manger des baies qui nous rendraient malades et pourraient même nous tuer tant elles contiennent de substances et de composés toxiques.
C’est le cas des baies de l’if qui contiennent de la taxine , de celles du lierre, imbibées de saposonides triterpeniques ou encore des baies colorées du Nandina qui sont remplis de cyanure d’hydrogène.
Les raisons qui permettent aux oiseaux d’ingérer ce type de baies sont multiples et tiennent autant à la forme de leur appareil digestif qu’à leur métabolisme très performant .
Le système digestif
Les oiseaux ont un système digestif qui permet un transit rapide, ce qui est essentiel pour faciliter le vol et éviter que l’oiseau soit trop lourd . Ainsi la plupart d’entre eux se défont de leurs fientes très peu de temps après avoir mangé . Cette particularité se retrouve d’ailleurs dans nos expressions . Ma grand-mère, qui était une paysanne landaise, utilisait très souvent l’expression « c’est une vraie bécasse » quand quelqu’un allait aux toilettes juste après le repas. Lorsqu’on lui demandait pourquoi elle disait cela elle nous expliquait que c’est ce que faisait les bécasses qui avaient un intestin très court .

La rapidité avec laquelle les aliments parcourent le système digestif des oiseaux fait que les toxines n’ont pas le temps d’être absorbées par l’organisme.
Les oiseaux ont aussi l’habitude d’ingérer la pulpe du fruit mais de rejeter les graines qui contiennent les toxines les plus dangereuses .
La nature est bien faite puisqu’en faisant cela l’oiseau libère la graine loin de la plante mère. Les scientifiques ont d’ailleurs découvert que les graines pouvaient également contenir des substances constipantes ou laxatives. Certaines espèces botaniques ont en effet intérêt à ce que les graines se retrouvent loin de la plante mère (substance constipante) alors que d’autres préférent qu’elles ne soient pas trop loin (substance laxative) . Ce type de dispersion des graines par les animaux est appelé la zoochorie .
Le métabolisme
Les oiseaux, et notamment les oiseaux frugivores, possèdent des mécanismes hépatiques qui ont des vertus détoxifiantes. Ils peuvent ainsi métaboliser les poisons contenus dans les baies et neutraliser leur pouvoir . Les spécialistes y voient un exemple d’adaptation évolutive qui permet d’élargir les sources de nourriture disponibles en hiver et avoir ainsi un avantage très net sur les autres espèces qui peinent à se nourrir.
Les oiseaux frugivores ont aussi une capacité à mieux tolérer l’alcool contenu dans les fruits. Des études réalisées sur les étourneaux sansonnets et le jaseur boréal ont montré que leur métabolisme très sophistiqué était capable d’ éliminer l’alcool présent dans le sang 14 fois plus vite que les humains.
Le foie, là encore, est l’organe qui joue un rôle crucial. Ce dernier est en général proportionnellement plus grand chez les oiseaux en raison de leurs besoins métaboliques très élevés. Celui du jaseur boréal, par exemple, représente 10 pour cent de la masse corporelle de l’oiseau.
Cette particularité leur permet d’ingérer des fruits murs qui ont débuté leur fermentation sans avoir à subir les effets de l’ivresse dont nous serions victimes si nous faisions la même chose.