Peter Singer et l’utilitarisme

Peter singer est connu pour avoir écrit le livre « la libération animale «  qui est vue par certains comme l’étendard de l’antispécisme.

Dans cet ouvrage il développe sa philosophie utilitariste qui peut être résumée ainsi :

« une action est juste si et seulement si elle produit un meilleur équilibre des bénéfices et des préjudices que les actions alternatives disponibles »».

Cette notion philosophique existait déjà en philosophie et avait été développée dans les années 1760  par Jeremy Bentham qui prônait « le plus grand bonheur pour le grand nombre » .

Sa définition rejette l’égoïsme qui est « le plus grand bonheur pour un seul individu » ainsi que l’égalitarisme qui est « le même bonheur pour tout le monde » et qui ouvre la possibilité que ce bonheur soit très faible .

Jeremy Bentham

L’utilitarisme de Bentham met en avant deux objectifs . Que tous les membres du groupe soient concernés et que la quantité de bonheur soit maximale.

Mais pour Bentham l’utilitarisme s’appliquait principalement aux humains. Bien qu’ils soient un philosophe plutôt en avance sur le sujet de la cause animale, il considérait que les autres animaux était tout de même des êtres inférieurs et que leur mort avait moins d’importance que celle des humains. 

Singer reprend cette philosophie et englobe dans le concept tous les animaux sensibles.

La différence entre eux peut être résumée ainsi:

Jeremy Bentham considère que l’ on peut manger d’autres espèces animales, car « nous nous en trouvons mieux » et que les animaux « ne s’en trouvent jamais pire ».

Pour Bentham manger des animaux produit un maximum de bonheur chez un maximum d’humains alors que la souffrance que nous leur causons est, selon lui, moins grande que celle qu’ils auraient subi dans la nature .

Peter Singer voit les choses autrement puisqu’il englobe tous les animaux dans sa philosophie .

Peter singer

Que nous mangions des animaux est un problème puisque cela produit du bonheur chez les humains mais de la souffrance chez les espèces animales abattues pour notre seul plaisir .

La morale utilitariste de singer propose donc d’agir en faisant attention à ce que la maxime « le maximum de bonheur pour le plus grand « prenne en compte toutes les espèces animales qui manifeste un fort désir de vivre .

Une anecdote rapporté par Singer dans la préface de son livre « la libération animale »  est significative de son travail sur la cause animale. Elle montre  aussi  l’ambiguïté qui est  souvent présente dans la relation que nous établissons avec les autres espèces.

« J’avais depuis peu entrepris cet ouvrage lorsque nous fûmes invités, mon épouse et moi, à prendre le thé – nous vivions à l’époque en Angleterre – par une dame qui avait entendu dire que je projetais d’écrire au sujet des animaux.

Elle-même s’intéressait beaucoup aux animaux, nous dit-elle, et elle avait une amie qui avait déjà écrit sur eux et qui serait si heureuse de nous rencontrer.

Quand nous arrivâmes, l’amie de notre hôtesse nous attendait, et elle était très impatiente effectivement de parler des animaux.

« Je les aime tant, commença-t-elle. J’ai un chien et deux chats et savez-vous qu’ils s’entendent à merveille ? Vous connaissez Mrs. Scott ? Elle tient un petit hôpital pour chiens et chats malades… » – et la voilà lancée.

Elle s’interrompit lorsqu’on servit les rafraîchissements, prit un sandwich au jambon, et nous demanda quels animaux nous avions.

Nous lui dîmes que nous n’avions pas d’animaux. Elle parut un peu surprise, et mordit dans son sandwich.

Notre hôtesse, qui avait fini de servir les sandwichs, se joignit à nous et s’inséra dans la conversation : « Mais vous vous intéressez pourtant bien aux animaux, n’est-ce pas M. Singer ? »

Nous tentâmes d’expliquer que nous nous intéressions à prévenir la souffrance et le malheur ; que nous étions opposés à la discrimination arbitraire ; que nous considérions comme mal d’infliger des souffrances non nécessaires à un autre être, même quand cet être n’est pas membre de notre propre espèce ; et que nous pensions que les animaux étaient implacablement et cruellement exploités par les humains et que nous voulions que cela cesse.

En dehors de cela, avons-nous dit, nous n’étions pas particulièrement « intéressés » par les animaux ; ni mon épouse ni moi n’avions jamais été spécialement passionnés par les chiens, les chats ou les chevaux comme le sont bien des gens.

Nous n’ « aimions » pas les animaux. Nous voulions simplement qu’ils soient traités comme les êtres sensibles indépendants qu’ils sont, et non comme des moyens pour des fins humaines – comme l’avait été le porc dont la chair se retrouvait maintenant dans les sandwichs de notre hôtesse. »

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