- Règne : Animalia
- Embranchement : Chordata
- Classe: Aves
- Famille : Phasianidae
- Ordre :Galliformes
- Genre : Phasianus
Le faisan de Colchide ou faisan à collier est une espèce d’oiseaux galliformes de la famille des phasianidae*. Il est parent avec les poules, les paons, les dindons et les perdrix qui font partie de la même famille que lui. Il existe plus de 35 espèces de faisans, mais le plus connu en Europe est le faisan de Colchide. L’espèce a été décrite et nommée en 1758 par le naturaliste suédois Carl von Linné.

Description
Mâle et femelle sont très différents. Le mâle est appelé coq . il a une longue queue et une d’une bonne taille (60 à 70 cm) . il est très coloré . Son corps est brun roux. Il est couvert de taches noires qui soulignent les nombreuses nuances de couleurs. Celles-ci peuvent aller du brun clair au presque rouge. La tête et le cou ont des plumes bleues et vertes iridescentes qui changent de couleurs selon l’inclinaison de la lumière . Le tout est relevé par un petit collier blanc qui sépare les couleurs du corps et celle de la tête . Le faisan a des yeux jaune clair et un bec beige claire couleur corne. Les jeunes faisans mâles portent autour des yeux des zones de peau rouge vif qui se développent en deux grandes caroncules avec l’âge.
La femelle ou poule faisane est légèrement plus petite (50à 60 cm) et a un plumage beaucoup plus sobre. Sa queue est également plus courte .Il n’est pas question ici d’esthétique, mais de fonctionnalité. Le mâle est voyant pour être vu par la femelle et choisit par elle au moment de la reproduction . La femelle est terne pour rester discret et ne pas se faire repérer des prédateurs qui pourraient la tuer et l’empêcher d’élever ses petits.
Son plumage cryptique* , fait pour se fondre dans la végétation, est beige et recouvert de petites taches sombres aux formes variées qui constituent une parfaite tenue de camouflage .
le juvénile ressemble à la femelle et ne s’en distingue que par la taille et une queue plus courte .


Comportement
À l’état sauvage, le faisan comme la faisane se caractérisent par un tempérament craintif . Au moindre mouvement, ils préfèrent s’enfuir .
Ils choisissent alors plus souvent la course que le vol pour lequel ils ne sont pas très doués. Leurs ailes sont en effet très petites par rapport à leur poids et cette disproportion rend l’envol difficile . Ils n’utilisent ce moyen de transport que s’ils y sont obligés et décollent alors en faisant beaucoup de bruit. Comme la plupart des gallinacés, le faisan ne chante pas, mais émet des sons différents selon la situation . Ses sons deviennent plus rauques et bruyants pendant la période de reproduction où il lance des cris d’intimidations pour prévenir les éventuels concurrents de sa présence.
On dit que le faisan criaille, glapit et piaille.
Les faisans passent en général la journée au sol, mais ont pour habitude de se mettre en hauteur la nuit dans un arbre pour se protéger des prédateurs terrestres.
Craintifs face aux humains, les mâles sont en revanche très agressifs en vers les autres mâles faisans qu’ils cherchent à repousser en les attaquant.
La durée de vie d’un faisan est de 20 ans mais à l’était sauvage cette durée est plutôt de 5 à 8 ans .

Reproduction
Le faisan de Colchide mâle est polygyne* et forme une famille avec 2 à 18 femelles. Les femelles, elles, ne s’accouplent qu’avec un seul mâle par saison . Pour attirer les faisanes, le mâle crie et parade . Il se dresse sur ses pattes et déploie ses ailes. Après l’accouplement, le mâle laisse la femelle qui élève seule les juvéniles. La femelle pond 6 à 15 œufs dans un creux du sol protégé par des herbes. Celui-ci lui sert de nid et les œufs vont y être couvés pendant plus de 25 jours. Contrairement aux passereaux, le faisan est une espèce nidifuge . Les petits suivront la mère hors du nid peu après l’éclosion.
Alimentation
L’alimentation des faisans est essentiellement à base de graines ,de glands, de baies, de fruits et d’herbes fraiches . Elle inclut également des petits insectes et des invertébrés comme les vers ou les mollusques. En général, ils se nourrissent tôt le matin et tard le soir, mais peuvent faire des exceptions s’ils trouvent de la nourriture qui leur plait.
Les jeunes, qui ont besoin de plus de protéines, ont une alimentation qui comprend davantage d’invertébrés . Ils se dirigent vers une alimentation plus végétarienne vers l’âge de 5 ou 6 semaines.


Taxonomie
L’espèce Phasianus colchicus a été décrite et nommée en 1758 par le naturaliste suédois Carl von Linné.
Linné est aussi le créateur la même année du genre Phasianus.
La famille des Phasianidae a été proposée en 1821 par le médecin naturaliste américain Thomas Horsfield.
Étymologie
Le nom « faisan » vient du latin « phasianus » qui vient lui-même du grec « φασιανοός « qui signifie « oiseau du fleuve phase » .
Le Fleuve phase a aujourd’hui été rebaptisé « Rioni » et coule en Géorgie, la région d’origine du faisan (Asie du de l’ouest). Selon une légende, Phase était l’un des fils d’hélios (le soleil) et de l’océanide Ocyrrhoé. Un jour il surprit da mère en flagrant délit d’adultère et la tua . Poursuivi par les Erinyes, il se jeta dans le fleuve appelé Arcturos . A partir de ce jour-là le fleuve fut nommé « phase ».
« Colchide » fait également référence à la Géorgie puisque la Colchide est une ancien royaume d’Asie qui occupait alors une partie de la Géorgie d’aujourd’hui. La richesse de la Colchide était légendaire. Tout le monde a entendu parler de Jason, un héros mythique qui, avec les argonautes, alla en Colchide pour s’emparer de la toison d’or du roi Eétes . C’est d’ailleurs au retour de cette épopée que Jason est sensé avoir ramené en Europe les faisans de Colchide.
A partir du mot « faisan » a été formé, d’abord, le mot « faisanneau » puis le mot « faisandeau » qui est toujours utilisé aujourd’hui pour désigner le petit des faisans.

Du mot faisan découle aussi le mot « faisander » (laisser la viande vieillir pour obtenir un gout de gibier ) ainsi que le mot de faisanderie qui désigne le lieux où sont élevés les faisans qui vont être ensuite relâchés puis abattu par les chasseurs .
Le terme faisanderie apparait au XVIe siècle . l’aristocratie développe alors ce qu’elle considère comme un sport et un divertissement. les riches et les châtelains du xviii -ème siècle font construire des faisanderies autour de leur château ou de leurs maison bourgeoise et s’en servent comme lieu de rendez-vous de la chasse. Élever des animaux dans le but de les tuer est alors considéré comme un signe de pouvoir et richesse. Inutile de dire que pour ces aristocrates et ces bourgeois l’animal n’a aucune valeur et n’est utiliser que comme faire-valoir pour montrer leur puissance. A cette époque on peut compter sur les doigts d’une main les voix qui s’élèvent pour défendre la cause animale et ceux qui ose le faire sont alors considérés comme des êtres « étranges » »
les chasseurs et les faisans
Le faisan de Colchide est aussi appelé « faisan de chasse » car il est élevé par les chasseurs puis relâché pour être tué . On ne peut qu’être stupéfait que de tels élevages (faisanderies) puissent être encore autorisés en France et que les chasseurs eux-mêmes n’en perçoivent pas la cruauté. Car une fois relâché, le pauvre faisan est comme hagard. Ayant vécu toute sa vie dans une volière ou en parquets , il ne sait pas comment se comporter en pleine nature.
Un article du média « Reporterre »* décrit les techniques d’élevage utilisées pour produire ces animaux. Ceux-ci sont classés en gibier de tir, gibier reproducteur ou gibier de repeuplement. Le dernier terme est très hypocrite, car tous finiront un jour sous les balles des chasseurs. Le repeuplement n’est d’ailleurs nécessaire que parce que les chasseurs tuent beaucoup trop de faisans et que sans cet apport l’espèce disparaitrait. On produit en quelque sorte pour masquer son crime.

Les élevages de reproduction sont reconnaissables aux nombreuses rangées de cages alignées. Les perdrix sont enfermées deux par deux (un mâle et une femelle) tandis que les faisans le sont par dix (un mâle pour 8 à 9 poules faisanes)
Comme pour l’élevage intensif, le plancher des cages est grillagé pour que les déjections tombent à terre et incliné pout que les œufs puissent être récoltés facilement.

sur le sujet pour montrer à quoi ressemblent les cages.
Les faisans restent emprisonnés jusqu’à l’âge de deux ou trois ans puis sont vendus aux chasseurs. Muriel Arnal de l’association « One voice » dénonce ces pratiques qui sont en tout point comparables à l’élevage des poules en batterie.
Les animaux choisis pour le gibier de tir sont séparés de leurs parents dès la sortie de l’œuf. Ils sont ensuite placés dans des hangars chauffés et maintenus dans le noir pour limiter les agressions que l’ angoisse crée par cette situation pourrait leur faire commettre . Les oiseaux sont ensuite déplacés vers de grandes volières extérieures. Pierre Rigaud fait remarquer dans cet article que ces volières donnent une impression d’espace, mais que c’est bien insuffisant pour ces oiseaux faits pour vivre dans la nature .
« Dès qu’il y a un moment de panique, dit-il,, tous les oiseaux partent en vol dans un effet de groupe, et se fracassent sur le filet. Il y a des oiseaux qui se prennent le cou dans les mailles du filet, qu’on retrouve pendus. »
On peut comprendre dans ces conditions pourquoi les faisans ont cet air hagard lorsque nous les croisons sur la route juste après les lâchers .
Tirer du gibier dans de telles conditions est incompréhensible et l’on se demande quelle gloire les chasseurs peuvent en tirer. Pour justifier de telles pratiques, les chasseurs avancent l’idée que cela « maintient l’intérêt des chasseurs pour le petit gibier ». Ils considèrent aussi que le faisan réunit , je cite « les qualités de piéteur et de vol , qui, quel que soit le mode de chasse pratiqué, procurent aux chasseurs beaucoup de satisfaction à le traquer . » !!!!!
Le faisan est également chassé au chien d’arrêt et les chasseurs trouvent qu’il est un excellent « instrument » pour entrainer leur chien ! « Dès l’ouverture de la chasse en septembre, écrivent-ils , il offre aux chasseurs au chien d’arrêt, un gibier remarquable par ses capacités à se défiler longtemps devant les chiens. Un vieux coq aguerri pourra occuper le chasseur et son chien une matinée durant avant de se laisser arrêter. »
On voit bien là comment les chasseurs exagèrent grandement les qualités de fuite de ces faisans « relâchés » pour masquer la réalité et justifier la tuerie . Qui habite à la campagne a forcément vu plusieurs fois ces pauvres faisans immobiles au milieu de la route qui ne bougent même pas quand vous arrivez en voiture tant ils sont perturbés de ne plus être enfermés dans leur enclos .
Mais la cruauté des chasseurs est connu et ne date pas d’aujourd’hui . Dans son livre, des hommes et des oiseaux, Valérie chansigaud rapporte la description par la gazette du village de pratique de chasse traditionnelles comme la raquette ou la pipée : « on utilise un rapace vivant comme appât , et certains traités de chasse recommandent de lui briser la patte et de faire tourner l’os fracturé pour mieux faire crier l’oiseau ».
Le faisan « asiatique
La famille des phasianidés dont font partie les faisans et les perdrix compte 155 espèces dans le monde. Les faisans à eux seul des faisans compte 45 sous espèces qui sont toutes originaires d’Asie :
- Faisan leucomèle — Lophura leucomelanos ;
- Faisan argenté — Lophura nycthemera ;
- Faisan impérial — Lophura imperialis ;
- Faisan d’Edwards — Lophura edwardsi ;
- Faisan de Swinhoe — Lophura swinhoii ;
- Faisan de Salvadori — Lophura inornata ;
- Faisan à queue rousse — Lophura erythrophthalma ;
- Faisan noble — Lophura ignita ;
- Faisan de Vieillot — Lophura ignita rufa ;
- Faisan prélat — Lophura diardi ;
- Faisan du Vietnam — Lophura haitensis ;
- Faisan de Sumatra — Lophura hoogerwerfi ;
- Faisan de Bulwer — Lophura bulweri ;
- Faisan de Wallich — Catreus wallichii ;
- Faisan d’Elliot — Syrmaticus ellioti ;
- Faisan de Hume — Syrmaticus humiae ;
- Faisan mikado — Syrmaticus mikado ;
- Faisan scintillant — Syrmaticus soemmerringii ;
- Faisan vénéré — Syrmaticus reevesii ;
- Faisan de Colchide — Phasianus colchicus (aussi dénommé « Faisan à collier », c’est le faisan élevé pour la chasse) ;
- Faisan versicolore — Phasianus versicolor ;
- Faisan doré — Chrysolophus pictus ;
- Faisan de Lady Amherst — Chrysolophus amherstiae.
- Etc…
Citation
« Dans l’antiquité, on assurait que Jason et les argonautes avaient rapporté le faisan de leur expédition en colchide et l’avaient introduit en Grèce. »
Paul Géroudet
*cryptique (plumage) :
se dit des plumages de type camouflage qui rendent les oiseaux difficilement visible par les prédateurs.
*Polygyne :
De polus (plusieurs) et guné (femme)
Se dit d’un lorsque un mâle d’une espèce animale a plusieurs femelles . Lorsqu’une femelle a des relations sexuelles avec plusieurs mâles on dit qu’elle est polyandre.
