Nymphalis polychloros (Grande tortue )

  • Règne : Animalia
  • Classe : Insecta
  • Ordre : Lepidoptera
  • Famille : Nymphalidae
  • Sous-famille : Nymphalinae
  • Genre : Nymphalis

La grande tortue (Nymphalis polychloros) est une espèce de lépidoptères de la famille des nymphalidae, de la sous-famille des nymphalinae de la tribu des nymphalini et du genre Nymphalis.

Il a été décrit et nommé pour la première fois en 1758 par le naturaliste suédois Linné sous le nom de Papilio polychloros.

Grande tortue (20 février 2023)

Présentation

Et voilà le premier papillon de l’année. Un mâle grande tortue attiré par la forte luminosité de ce tronc de peuplier. Il faisait très beau aujourd’hui et l’on se serait cru en mai bien que nous ne soyons que le 20 février.  

Je dis « mâle » alors que le dimorphisme est  quasiment inexistant dans cette espèce (les femelles sont juste parfois un peu plus grandes) . Pour avancer cela, je me base sur le comportement du papillon . Lorsqu’il n’était plus sur l’arbre, il poursuivait  de ses assiduités une  femelle qui essayait tantôt de l’attirer en volant devant lui, tantôt de le fuir . Puis il revenait se poser sur ce tronc pour se reposer un peu. Ce dernier détail est d’ailleurs  l’une des particularités de ces  mâles au caractère bien marqué  qui aiment se poser  sur  des endroits dégagés ou  des troncs d’arbres pour surveiller leur territoire.

La femelle, elle, disparaissait sur le terrain voisin en passant par-dessus les broussailles puis revenait de temps à autre pour narguer son beau mâle. 

Les deux papillons ont passé une 1 heure ou deux à se courir après en effectuant  des vols en forme de tire-bouchon qui signent  la  parade nuptiale précédant l’accouplement.

Vu la territorialité de ces papillons et le dimorphisme très faible chez cette espèce , on pourrait aussi imaginer qu’il s’agissait d’un mâle qui chassait un autre mâle de sa “propriété” , mais il y avait dans leur danse en spirale  plus de douceur et de séduction  que de véritable agressivité.

Le territoire de la grande tortue est moins grand qu’on pourrait l’imaginer  puisqu’ il fait entre 800 à 1800 m2. Lorsqu’on les observe longuement,  on s’aperçoit qu’il reviennent régulièrement au même point, ils tournent en rond et  qu’ils sont finalement assez prévisibles et  routiniers .

Description

La grande tortue est un papillon de taille moyenne et d’une envergure de 50 à 60 mm . De couleur brun orangé, il a des taches noires sur les ailes antérieures . Le bord de ses ailes comporte une frise jaune et noir qui entoure des lunules bleu clair. ces dernières sont  plus visibles sur les postérieures, mais sont également présentent sur les antérieures . Le revers des ailes est brun grisâtre. Le bord avant des antérieures est d’un orange plus clair qui tend vers le jaune .

La grande tortue hiverne à l’état d’imago* en se dissimulant sous des roches ,dans des anfractuosités ou sous des tas de bois. Pour cette raison elle est l’un des premiers papillons que l’on peut apercevoir au jardin en fin d’hiver dès que le temps se radoucit un peu . Sa longévité est plutôt grande pour un papillon puisqu’il peut vivre 10 à 12 mois.

Grande tortue (détail)

Alimentation

Sur ce plan-là, la grande tortue aurait une particularité . Dans ses pages entomologiques, André Lequet rappelle que, comme le Morio, la grande tortue ne butine pas, mais qu’elle  « pompe sa nourriture sur les lésions des arbres ou les écoulements de sève . Les adultes visitent effectivement rarement les fleurs si ce n’est, au printemps, celles des saules.  Comme un certain nombre de papillons, elle se nourrit également d’excréments dont elle extrait les nutriments.   

Dimorphisme

Il est quasi inexistant si ce n’est que la femelle est parfois un peu plus grande avec un abdomen un peu plus épais .

Reproduction

Après l’accouplement la femelle se met à la recherche d’une plante hôte pour y pondre ses œufs. Ceux-ci se présentent sous la forme de grappes  qui sont déposées et collées  en général autour d’une petite branche sous la forme de manchons . L’objectif est que les minuscules chenilles qui sont encore très fragiles  puissent trouver à manger dès qu’ils sortent de l’œuf sans avoir à parcourir de grande distance . La femelle pond 40 à 80 œufs, mais elle peut en pondre jusqu’à 200 en plusieurs endroits  si elle n’est pas dérangée. L’incubation dure 2 à semaines. Une fois sorties de l’œuf, les chenilles se mettront à manger. 5 semaines après, les chenilles qui étaient restées groupées jusque là vont subitement s’agiter et   chacune d’entre elles va alors commencer la nymphose qui est la dernière mue de la chenille. À ce stade la chenille va se transformer en chrysalide pour effectuer une mutation importante pendant laquelle elle ne peut ni se déplacer ni manger. La chrysalide est alors suspendue à faible hauteur sur un arbuste, un arbre ou des buissons . Ce stade dure 8 à 10 jours et se termine par la naissance du papillon adulte que l’on appelle à ce stade   « l’imago ».       

La grande tortue est une espèce univoltine, c’est-à-dire qu’il n’y a qu’une génération par an . Les adultes qui ont passé l’hiver dans des abris apparaissent dès le mois de mars, avril, mais la première génération n’apparait qu’en juin-juillet après que les accouplements et la ponte  aient eu lieu . 

Plantes hôtes

Nombreux arbres et arbustes dont le peuplier (populus ), le saule marsault (salix capréa), l’orme ainsi que des fruitiers comme le pommier , le poirier ou les prunus . 

Répartition et habitat

La grande tortue est présente partout en France et dans une grande partie de l’Europe centrale . On la rencontre aussi en Afrique du Nord . On peut en voir jusqu’à 1500 mètres d’altitude

Confusions

Confusions Grande tortue/ petite tortue  

 La grande tortue (Nymphalis polychloros)  peut facilement être confondue   avec sa cousine   la petite tortue  (Aglais urticae).

Quelques différences permettent pourtant  de les distinguer

  1. La petite tortue possède une tache blanche sur l’apex des ailes antérieures alors que cette zone  est jaunâtre sur  la grande tortue.
  2. La couleur orange comme le jaune sont plus intenses chez la petite tortue. Sur la grande tortue le orange et plus terne et vire vers le fauve .
  3. La taille des lunules bleus sont proportionnellement plus grandes et plus visibles sur la petite tortue . Le bleu est lui aussi plus saturé et lumineux.
  4. Les zones jaunes entre les taches noires sur l’avant des ailes sont proportionnellement plus grandes sur la petite tortue .
  5. La petite tortue est comme son nom l’indique plus petite que sa cousine . La première a une envergure de 40 à 50mm alors que la deuxième se situe plutôt entre 50 et 60 mm.
  6. La grande tortue possède 4 taches sur l’aire posdicale* (ou aire posmédiane) alors que la petite tortue n’en a que 3.  
  7. D’autres différences non physiques existent, comme le fait que la petite tortue soit une véritable butineuse de nectar (multifleurs) alors que la grande tortue se nourrit plutôt de la sève des arbres .  

Étymologie

Le nom de genre « Nymphalis » est un emprunt de Linné à la mythologie grecque. Les nymphes y étaient des divinités qui vivaient en harmonie avec les éléments de la nature et qui avaient des traits de jeunes filles.  D’après Jean-Yves Cordier, Linné donna ce nom de genre à 57 espèces de papillons aux ailes dentelées.

L’épithète  « polychloros » vient du grec « poly »  (plusieurs) et de « chloros » (vert) . Mais cela est étrange et même absurde  puisqu’il n’y a aucune couleur verte dans ce papillon .  Il est vraisemblable que le naturaliste suédois Linné ait fait une erreur lorsqu’il l’a nommé en 1758 et qu’il ait confondu  « Chloros » avec « Khroma ». Ce dernier mot qui signifie « couleur »  conviendrait en effet  beaucoup mieux pour décrire les couleurs brunes, orange, jaunes, noires et bleues que l’on peut trouver sur ce papillon . Comme souvent, l’erreur a été gardée à travers le temps et fait aussi partie, d’une certaine façon,  de l’histoire de ce papillon.

Grande Tortue : grande, parce que le papillon est tout simplement plus grand  que sa cousine la petite tortue.

Le mot “tortue” a été employé pour la première fois sur ce papillon  par l’entomologiste James Petiver qui trouvait que les motifs clairs et sombres de ses ailes faisaient penser , par la répartition des taches de couleurs, aux carapaces  de certaines  tortues.

Vanesse de l’orme : Le  mot vanesse est un autre nom de la déesse vénus . Le mot “orme” est employé pour désigner l’une des plantes hôtes de ce papillons.

Autre noms vernaculaires

La vanesse polychlore

La vanesse grande tortue

Le grand renard (Surement à cause de sa couleur fauve)

Ou Le papillon de l’orme

Apex : Chez les papillons, l’apex est la partie de l’aile  la plus éloignée de la base (le bout de l’aile ) ? 

Entomologie : Partie de la zoologie dont l’objet est l’étude des insectes .

Posdiscal ou postmédian : Qualifie la partie de l’aile d’un papillon qui se situe après  l’aire discale et avant  l’aire submarginale lorsqu’on va vers le bord externe

Lunule : dessin en forme de croissant souvent présent en série sur les bordures des ailes des papillons.

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