Perspectivisme des peuples d’Amazonie

Contrairement à nos civilisations rationalistes qui sont enfermées dans un unique point de vue (celui des humains ), les Amérindiens vivent dans un multi-.perspectivisme.

Ils ont un point de vue sur le monde, mais pensent que tous les êtres non humains qui vivent autour d’eux en possèdent un également.
Pour ces peuples, tous les « étants* » ont des capacités de ressentir, de réfléchir et d’agir. Les Amérindiens sont même persuadés que ces étants se voient comme des « humains » et qu’ils considèrent les humains comme des animaux.

Domaine public



L’avantage de cette vision du monde sur la nôtre est qu’elle reconnait l’existence de la pensée de l’autre et sa capacité à former un point de vue qui lui est propre.

Après tout, pourquoi la vision des humains serait plus juste et vraie que celle d’un chat , d’un oiseau ou d’un arbre.



Nietzche l’avait bien compris quand il écrivait:
« Il (l’homme) lui en coûte déjà assez de reconnaître à quel point l’insecte ou l’oiseau perçoivent un monde tout autre que celui de l’homme, et de s’avouer que la question de savoir laquelle des deux perceptions est la plus juste est tout à fait absurde puisque y répondre nécessiterait d’abord qu’on les mesurât selon le critère de la perception juste, c’est-à-dire selon un critère dont on ne dispose pas. »

Selon la conception amérindienne, les hommes et les femmes ne sont pas les seuls à penser le monde et à en former une représentation, mais ils partagent cette capacité avec tous les non-humains qui les entourent. La limace, la fleur ou la pierre ne sont pas des « objets » sans valeur, mais des êtres dotés de point de vue qu’il faut essayer de comprendre pour vivre en harmonie avec eux.

Quant à la terre, elle est un parent qui doit être respecté. En tant que proche, elle ne peut pas non plus être possédée ni divisée en de multiples parcelles . Comment pourrait-on prétendre posséder un proche parent ? Personne ne peut donc en revendiquer la propriété et ceux qui la travaillent ou qui y vivent dessus le font avec la délicatesse et la bienveillance de l’enfant qui s’occupe de ses parents.

Les Amérindiens ne rejettent pas les autres étants dans le domaine de la nature et de l’impensé, comme nous le faisons, mais les considèrent comme des êtres de même valeur qu’eux sur le plan de l’être.

Penser que l’on est le seul à se former une représentation du monde sensible a pour conséquence de rejeter tout ce qui n’est pas soi dans le monde de la nature et donc de rabaisser sa valeur et son importance.

On peut tuer un animal pour se divertir si on le juge inférieur à nous .
On ne plus agir de la même manière si nous lui reconnaissons une pensée et la capacité à se former une représentation du monde aussi valable que celle que nous formons .
Les chasseurs des pays « civilisés » tuent les animaux pour se divertir, car leur « philosophie » leur dit que l’animal ne vaut rien . Ils ne prêtent ni intelligence, ni sensibilité, ni point de vue à l’animal.

Tuer un animal pour le plaisir n’existe pas chez les Amérindiens. Les autres animaux sont des êtres très respectés qui sont prélevés au goute à goute et toujours pour des causes très importantes comme la faim ou les rites sociaux.

Je cite le cas des animaux, car c’est un sujet qui me parle, mais les Amérindiens se comportent de la même façon avec tous les étants à qui ils prêtent un point de vue. Cela peut être aussi bien une rivière, qu’une maladie ou un nuage.

Reconnaitre le point de vue de l’autre, c’est reconnaitre son existence . Ne pas le reconnaitre c’est rejeter l’autre à la périphérie de l’existence, dans le monde de l’impensé.

En voulant devenir maitre et possesseur de la nature, Descartes s’en extrayait. Pétri de mauvaise religiosité, il était l’être de culture qui tenait à distance les forces du « mal ».

Les Amérindiens, eux , se considèrent comme des éléments de la nature et pas plus importants qu’une feuille, un ver de terre ou la pluie .

. Étant : En philosophie décrit tout ce qui est. Déjà présent chez Platon et Aristote . chez Heiddeger il est « tout ce dont nous parlons, tout ce à quoi nous pensons, tout ce à l’égard de quoi nous nous comportons, mais aussi bien ce que nous sommes nous-mêmes et la manière dont nous le sommes. « 

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