- Règne : Animalia
- Classe : Insecta
- Super-ordre : Endopterygota
- Ordre : Hemiptera
- Famille :Aphididae
- Genre : Macrosiphum
Présentation
Les pucerons sont enfin revenus sur les bourgeons des rosiers . Les coccinelles vont bientôt venir pondre au milieu pour que leurs juvéniles puissent s’en nourrir, puis les fourmis vont également arriver pour les « traire » et récupérer le miellat sucré .
Détestés dans le jardin autocentré où le propriétaire veut exterminer tout ce qui abime « SES » plantes , ils sont au contraire très attendus dans le jardin antispéciste où ils signent la fin de l’hiver et le retour des insectes.
Je dois dire qu’en faisant des recherches sur cet animal j’ai été stupéfait de voir qu’aucun article ne les abordait de manière positive et que tous les présentaient soit comme des nuisibles à éliminer, soit comme le repas d’autres animaux (oiseaux , coccinelles , etc.) . Pour dire qu’aucun ne les considère comme des êtres vivants ayant une vie propre et faisant partie de la biodiversité nécessaire dans un jardin .
Les pucerons verts du rosier font partie de l’ordre des hémiptères qui comprend plus de 100 000 espèces comme les cigales, les cochenilles ou les punaises. Ils sont aussi classés dans la famille des Aphididae dont les membres sont caractérisés par un corps mou en forme de poire.
Description
Les pucerons verts du rosier sont des petits insectes de 1 à 4 mm qui vivent en colonies sur des plantes et notamment sur les rosiers. Comme tous les insectes, leur corps se compose de 3 parties : la tête, le thorax et l’abdomen. Comme tous les insectes, ils possèdent également six pattes .
De type piqueur , les pucerons possèdent une trompe ou proboscis qui leur permet de piquer la tige des plantes et d’aspirer la sève grâce aux pièces buccales appelées stylets qui se trouvent dans le rostre. La tête comporte deux antennes et deux yeux composés .
Les pucerons possèdent aussi deux cornicules situées sur le 6 -ème segment abdominal. Bien que les entomologistes aient longtemps pensé qu’ils excrétaient du miellat, ils servent en réalité à diffuser une phéromone d’alarme qui préviendra leurs congénères ainsi que les fourmis. En cas de danger, ils peuvent également projeter un fluide de défense (la cire de cornicules) à durcissement rapide composé de triglycéride.
L’abdomen se termine par une cauda . Les spécialistes pensent que cette queue sert essentiellement à diriger le miellat lorsqu’il sort de leur anus afin de le guider vers les fourmis qui s’en nourrissent ou pour qu’il ne leur retombe pas sur le corps .
Les adultes peuvent avoir deux formes : la forme aptère ou la forme ailée . Les formes ailées permettent aux pucerons de passer sur une autre plante quand la première n’est plus assez riche en sève.
Les larves se reconnaissent à leurs caractères juvéniles comme une tête aussi large que le corps , une cauda plus courte et des antennes et des cornicules peu développées . Chez les juvéniles de la forme ailée, on note la présence de fourreaux alaires.
Les formes blanches et immobiles que l’on peut voir fréquemment autour des pucerons ne sont pas des insectes morts ou des mouches blanches, comme certains le croient , mais les mues des pucerons qui doivent changer à plusieurs reprises de peau pour pouvoir grandir.
Cycle de vie des pucerons
Les pucerons ont un cycle de reproduction très particulier appelé la parthénogenèse cyclique.
À une première génération sexuée succèdent plusieurs générations de femelles parthénogénétiques* qui vont donner naissance à d’autres femelles parthénogénétiques. Ces reproductions par parthénogenèse vont se poursuivre tout l’été.
Le cycle complet se déroule ainsi :
1) Dès les beaux jours des femelles parthénogénétiques naissent des œufs qui ont passé l’hiver en diapause*. Ce sont les fondatrices.
2) Ces femelles donnent ensuite naissance par parthénogenèse à d’autres femelles aptères ou ailées qui vont elle-même donner naissance à d’autres femelles parthénogénétiques aptères ou ailées, etc.
3 Ce type de reproduction par parthénogenèse va se reproduire toute la saison.
Le grand avantage de ce type de reproduction est que la recherche de partenaires est inutile et que les générations peuvent se succéder très rapidement. Quand on sait qu’un puceron femelle pathogénique peut donner naissance à des petits quatorze jours après sa naissance, on comprend que le nombre de pucerons peut grandir très vite.
4) À l’automne, des femelles nommées sexupares apparaissent et donnent naissance par parthénogenèse à des individus mâles et femelles.
5) Ces mâles et ces femelles s’accouplent
6) les femelles qui ont été fécondées par accouplement pondent des œufs à proximité des plantes hôtes. Dans le cas de notre puceron près d’un rosier par exemple.
7) les œufs passent l’hiver en diapause. Ils sont capables de résister à des températures de – 20 degrés.
Les premiers pucerons apparaissent dès le mois d’avril en extérieur, mais ils peuvent être présents tout l’hiver si les plantes se trouvent à l’intérieur dans un endroit chauffé.
La plupart des espèces passent par 4 stades larvaires séparés par des mues avant de devenir des adultes aptères ou ailés. Les pucerons sont des insectes hémimétaboles. C’est-à-dire que contrairement aux insectes holométaboles comme les papillons, les stades larvaires ont déjà la forme de l’adulte. Une autre différence est qu’il n’y a pas de stade immobile chez les pucerons comme on peut en trouver pour les lépidoptères (chrysalide) ou les diptères (pupe ou nymphe ).
Alimentation
Les pucerons du rosier se nourrissent de la sève des plantes et notamment de celle du rosier . Mais ils ne se nourrissent pas de n’importe quelle sève . Ultra-spécialisés, ils ne se nourrissent que de la sève élaborée qui circule dans le phloème de la tige.
Je ne vais pas ici expliquer la circulation de la sève des plantes dans le détail , mais en simplifiant on peut dire qu’il y a la sève brute qui vient des racines et qui circule dans le xylème, et la sève élaborée, bien plus riche en oligo-éléments, qui vient plutôt des feuilles de la plante et qui circule dans le phloème . Pour atteindre cette sève élaborée , le puceron doit piquer la plante à un endroit très précis qui ne laisse aucune part à la maladresse . Les pucerons sont tellement précis pour trouver ce phloème que des botanistes ont eu l’idée de les utiliser pour prélever ce précieux liquide . le gros avantage est que contrairement aux botanistes, les pucerons ne se trompent jamais.
Coupe transversale d’une tige de lin : 1-épiderme 3- xylème 4- phloème (photo Wikipédia)
Pour s’alimenter, le puceron plante son rostre dans la plante et n’a même pas besoin s’aspirer . La dépression créer par la piqure dans la veine fait remonter naturellement la sève élaborée dans la trompe du puceron qui n’a plus qu’à l’ingérer . Cette sève est très riche en sucre et pauvre en protéines. Comme les pucerons ont essentiellement besoin de protéines, ils rejettent une grande quantité du sucre qui se retrouve dans le miellat.
Fourmis, coccinelles et abeilles
Les fourmis et les coccinelles ont une relation particulière avec les pucerons . Les coccinelles pondent leurs œufs au milieu des colonies pour que leurs petits puissent s’en nourrir dès qu’ils sortent des œufs .
Les fourmis au contraire les protègent et les mettent en élevage pour pouvoir récupérer et se nourrir du miellat sucré qu’ils rejettent par l’anus .
Mais ce miellat intéresse aussi beaucoup les abeilles. Ces dernières le récoltent en effet lorsque les fleurs se font rares. Elles le ramènent ensuite à la ruche comme elles le font pour le nectar puis le transforment en miel.
Miel de miellat
En France, on peut trouver différentes sortes de miel-miellat qui sont souvent nommées en fonction de l’origine botanique du miellat . Les plus connus sont le Miel de forêt , le miel de sapin, le miel de maquis (corse) ou le miel de chêne . Mais on peut également trouver du miel-miellat d’érables , de châtaigniers, de tilleuls ou d’aulnes. Tous sont faits à partir du miellat de pucerons, de cochenilles, de psylles ou d’aleurodes.
Photo Miel de sapin des vosges
Le miel produit grâce au miellat est plutôt sombre et moins humide que le miel de nectar. Il est également moins sucré . Il est en revanche réputé pour sa richesse en oligo-éléments et en sels minéraux (calcium, magnésium, manganèse, sodium , potassium, cuivre, chrome et fer) qui a un effet anti fatigue . Il est aussi connu pour ses qualités antiseptiques et antibactériennes . Autrefois il était utilisé pour désinfecter les plaies et les blessures . Ses admirateurs disent aussi qu’il renforce la mémoire et la concentration. Il serait également bénéfique pour nos intestins à qui il apporterait de nombreuses bactéries probiotiques.
Ce miel est particulièrement apprécié dans les pays Anglo-saxons où il est poétiquement baptisé « honeydew », rosée de miel.
Les prédateurs
Les pucerons comptent de très nombreux prédateurs . Les coccinelles et leurs larves sont les plus connues, mais il y a de très nombreuses autres espèces comme les syrphes , les araignées , les carabes ou les chrysopes que l’on surnomme « les lions des pucerons».
Le nom se comprend mieux quand on sait que la larve de certaines espèces peut manger plus de 200 pucerons par semaine. Elles sont toutefois loin derrière les coccinelles qui peuvent manger jusqu’à 100 ou 150 pucerons par jour.
Les oiseaux sont aussi des grands prédateurs des pucerons. La plupart des insectivores comme Les grimpereaux , les troglodytes mignon ou les rouges-gorges en sont très friands . la mésange bleue est souvent nommée comme étant celle qui les apprécie le plus.
Distribution
Les pucerons verts du rosier sont présents un peu partout dans le monde au niveau des zones tempérées. On peut les trouver partout en France et Europe jusqu’au Danemark et la Suède. Les pucerons sont également présents aux états unis, en Australie et jusqu’en Nouvelle-Zélande.
Grâce à leur légèreté, les pucerons peuvent être disséminés par le vent et parcourir de grandes distances . On raconte que des pucerons de la laitue auraient été transportés par le vent en 2004 de la Nouvelle-Zélande vers la Tasmanie. Ils auraient ainsi parcouru 1700 km au-dessus de la mer de Tasman, poussé par les vents d’Est.
Taxonomie
Le puceron du rosier a été nommé décrit et nommé par Linné « Macrosiphum rosae » en 1758. Il a été classé dans la famille des Aphididae par Latreille en 1802.
Étymologie
Le nom de genre Macrosiphum vient des deux mots latins macro « grand « et siphum , tuyau ou tube creux . La réunion des deux fait référence aux cornicules ou siphuncule que le puceron a sur le dos. Dirigés vers l’arrière, ces tubes creux positionnés sur le 6e segment abdominal servent à projeter un fluide de défense (la cire de cornicules) à durcissement rapide composé de triglycéride.
Le nom de la famille Aphididae n’est pas très clair, mais pourrait descendre du grec apheidēs « sans parcimonie » et se rapporter à la vitesse de reproduction des pucerons.
Le nom vernaculaire « Puceron » est un diminutif du mot puce . Les qualificatifs « vert » et « du rosier » font référence à la couleur principale et à la plante hôte des pucerons.
Au XVI siècle, le mot s’écrivait aussi pulçon ou Pulçot.
Sexupare : Se dit des pucerons femelles parthénogénétiques qui donnent naissance à des individus des deux sexes.
Holocyclique : Dont le cycle est complet. Se dit des pucerons qui ont une reproduction par parthénogenèse pendant la saison et qui ont à l’automne une reproduction sexuée.
Cornicules : Appendices dorsaux chez les pucerons
Parthénogénétique : un organisme parthénogénétique est un organisme qui se reproduit sans fécondation.