Qui sont les pollinisateurs ?

On l’oublie trop souvent, mais les diptères, dont font partie les mouches, sont des insectes qui participent à la pollinisation.

Nous avons visiblement occulté ce fait pour mettre en avant l’importance de la pollinisation de « nos « abeilles.  Celles que l’on nomme les abeilles domestiques (Apis mellifera) .  Quand on parle d’ailleurs des abeilles, on omet trop souvent de prendre en compte les abeilles dites « sauvages » qui sont pourtant bien plus nombreuses que « les nôtres « et qui participent bien plus à la pollinisation*. 

Eristale gluante (diptères) qui s’est couvert le « museau » de pollen et qui va jouer à merveille son rôle de pollinisatrice

Je n’irais pas jusqu’à penser que notre narcissisme a volontairement occulté une partie de la réalité pour ne retenir que ce qui lui plaît et le flatte, mais il faut quand même rétablir une certaine vérité.

Lorsqu’on observe la nature et que l’on s’attache à regarder « ce qui est » nous sommes bien obligés de constater que de nombreux insectes participent à la pollinisation et que les diptères (mouches syrphes et autres moustiques) en particulier y prennent une très large part.  Les diptères jouent notamment un rôle important sur les petites fleurs qui sont délaissées par les abeilles et autres bourbons qui préfèrent les grandes fleurs.   

Partant de mes observations sur le terrain où je voyais autant, sinon plus, de mouches et de syrphes que d’abeilles sur les fleurs, je suis parti me renseigner sur le site de l’Opie  (office pour les insectes et leur environnement ) et j’ai trouvé ce graphique qui confirme  mon intuition.

Je suis certain qu’il en étonnera plus d’un.

Le graphique a été réalisé à la suite d’une expérience d’observation photographique des insectes qui viennent butiner les fleurs.

À cette occasion les participants ont pu constater que les diptères (mouche, syrphes, moustiques, tipules, etc.) étaient les premiers pollinisateurs (34%), devant les hyménoptères (abeilles, guêpes, bourdons, xylocopes, fourmis,etc. …) (31%). Suivent les coléoptères (12%), les lépidoptères (11%), les hémiptères (dont font partie mes chères punaises) 5%, puis les araignées (3%) qui participent, elle aussi, bien que dans une en moindre mesure, à la pollinisation des fleurs.

Comme le montre le schéma les statistiques ont été réalisées a partir de 263212 photos .

D’après l’Opie, plus de 10 000 espèces participent à la pollinisation et ce graphique devrait nous faire réfléchir et nous inviter à nous poser cette question.

Pourquoi ne parlons-nous que des abeilles (de ruches) lorsque nous évoquons la pollinisation et pourquoi avons quasiment exclu de nos discours les diptères et les autres insectes qui sont pourtant les plus nombreux ?

Si l’on ajoute, en effet, le pourcentage des diptères à ceux des autres insectes on se rend pourtant compte que les diptères et les autres insectes participaient ensemble lors de cette expérience à 69 % de la pollinisation alors que les hyménoptères ne représentent que 31%.

Il va de soi que les abeilles de ruches, à l’intérieur de l’ordre des hyménoptères, ne représentent qu’une toute petite partie de ces 31%.  

Je fais ces remarques pour montrer que la vision de la pollinisation que nos sociétés véhiculent depuis des années ne reflète pas la réalité, mais est toujours sous-tendue par une propagande qui ne voit les animaux que sous l’angle de l’utilité ou de l’inutilité qu’ils ont pour notre seule espèce. L’animal mis en avant doit rapporter d’une façon ou d’une aux humains. Soit en monnaie , soit en capital sympathie , soit en tant que créateur de lien affectifs.

Nous aimons les abeilles parce que nous les avons mis en esclavage et que nous en tirons des profits, alors que nous passons sous silence le rôle très important des mouches que nous n’aimons pas et qui ne nous rapportent rien.

La mauvaise image des mouches est sûrement due au fait qu’elles se posent sur les excréments dans lesquels elles pondent.

Mais les pattes des mouches sont-elles si sales que cela ? On sait que leurs pattes comportent de nombreux poils sensoriels et qu’elles passent leur temps à les nettoyer pour que leur perception ne soit pas troublée.

Je crois qu’il serait intéressant d’analyser la propreté des pattes des mouches et le nombre de bactéries qui s’y trouvent et qu’on compare les résultats aux nombres de bactéries bonnes et mauvaises qui se trouvent sur nos smartphones ou sur les poignées de nos portes.

On serait certainement surpris par les résultats.

J’ajouterai que je voulais juste par ce post, non pas amoindrir l’importance des abeilles qui jouent un rôle essentiel dans la biodiversité, mais rendre aux mouches ce qui doit leur revenir, tout en précisant que pour moi une espèce ne peut pas être définie par une utilité quelconque. 

Les autres animaux sont parfaits dans leur genre et ne sont pas présents sur terre pour servir l’espèce humaine dont les jugements sont bien trop souvent à mon goût déformés et faussés par notre immense narcissisme.   

Si vous souhaitez en savoir plus, je vous renvoie vers le site de l’Opie (Office pour les insectes et leur environnement) et l’article sur la pollinisation : 

*En France  , il y a 1000 espèces d’abeilles sauvages et plus de 20 000 dans le monde. Si l’on s’en tient aux seules abeilles, le rapport de la pollinisation serait de 80/20 en faveur des abeilles sauvages. Autant dire que sur l’ensemble des insectes pollinisateurs l’abeille domestique représente un pourcentage très faible.

https://www.insectes.org/content/37-ils-pollinisent

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