- Règne : Animalia
- Embranchement : Arthropode
- Sous-embranchement : Hexapoda
- Classe : Insecta
- Sous-classe : Pterygota
- Infra-classe : Neoptera
- Ordre : Neuroptera
- Famille : Ascalphidae
- Genre : Libelloides
Présentation
Ascalaphe mâle et Ascalaphe femelle qui fricotent sur les tiges des graminées .
Je suis sûr que certains d’entre vous ne connaissent pas cette espèce et vont la découvrir.
Je les ai photographiés ce matin sur un petit chemin de terre près de chez moi.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les Ascalaphes ne sont ni des papillons ni des libellules bien que cette espèce ait pour nom , « Libelloides coccajus » .

Ces insectes font en réalité partie de l’ordre des Névroptères qui regroupe des insectes qui ont des ailes (deux paires) fortement nervurées. Une autre particularité des Névroptères est l’appareil buccal de leurs larves de type piqueur suceur qui leur permet une digestion externe . Comme les araignées, elles piquent leur proie avec leur suc digestif qui les liquéfie, puis en aspire le contenu.
On dénombre près 6000 espèces dans le monde et plus de 114 en Europe. Cet ordre compte dans leur rang des insectes comme les chrysopes (chrysapidae) qui sont les plus connus de cet ordre, mais aussi les mantispes (Mantispidae), les osmyles (Osmylus) les hemerides (Hemerobius) ou les Fourmilions (Myrmeleontidae).
Les névroptères sont aussi appelées Neuroptères ou Planipennes. Les névroptères sont aussi appelés Neuroptères ou Planipennes. Durant le Mésozoïque , certains névroptères pouvaient atteindre de grandes tailles et sont parfois appelés « les papillons du jurassique ».
Les Ascalaphes soufré font aussi partie de la famille des Ascalaphidae qui compte plus de 300 espèces dans le monde mais seulement une dizaine en France. Les plus communes sont l’Ascalaphe ambré (Libelloides longicornis), l’ Ascalaphe loriot (Libelloides ictericus) ou l’Ascalaphe blanc (Libelloides lacteus).
Description
La base des ailes antérieures est jaune et noire puis les ailes deviennent transparentes avec des nervures noires vers les extrémités. Les antérieures sont légèrement différentes. Noires à la base, elles sont tachées de zones jaunes et noires vers les extrémités . Les 4 ailes sont fortement nervurées comme le sont la plupart des espèces de cette famille.


L’abdomen est noir comme la tête qui est assez large et pourvu de longues antennes qui se terminent en massue. Les yeux sont également noirs et entourés de poils que l’on retrouve aussi sur le thorax et l’abdomen . Les pattes sont noires et jaunes. On peut voir les Ascalaphes soufrés du mois de fin avril au mois de juin. Les Ascalaphes ambrés, plus tardifs, volent de juin à aout.
Dimorphisme
Il est très facile de distinguer les sexes grâce aux cerques arqués que possède le mâle au bout de l’abdomen. Cet appendice typiquement masculin est utilisé par les mâles au moment de l’accouplement pour maintenir les femelles.


Alimentation
Les larves, comme les adultes, se nourrissent d’insectes et d’acariens. Les adultes, qui ont un vol très rapide, attrapent les mouches et les petits insectes en plein vol. Par temps chaud, on peut les voir tourbillonner à grande vitesse puis se poser sur une tige de graminée où ils restent immobiles un moment. Ils en redécollent très vite et repartent à la recherche d’une nouvelle proie ou entreprennent un vol synchronisé à basse altitude (2 ou 3 mètres) avec leur partenaire. Ils sont moins mobiles lorsqu’il fait plus frais et peuvent passer de longues heures accrochés à leur tige.
C’est le bon moment pour le photographe. Il est relativement facile de s’approcher et de prendre quelques photos. On découvre alors la manière très particulière qu’ils ont de replier leurs ailes lorsqu’ils se reposent où qu’ils dorment . Contrairement aux lépidoptères qui replient les ailes vers le haut lorsqu’ils sont au repos, les névroptères les replient « en toit » en formant une sorte de triangle. Mais les prendre de face n’est pas toujours facile, car les adultes ont tendance à tourner autour de leur tige pour ne jamais vous faire face . L’attitude est curieuse, car ils ne fuient pas, mais compréhensible . Chez les humains, on appelle cela « faire l’autruche » . On pourrait tout aussi bien dire de celui qui ne veut pas regarder la réalité en face qu’il « fait l’Ascalpahe »
J’ai remarqué que les membres de cette espèce volaient souvent par deux et la plupart du temps en « couple » . Mais c’est vrai que la vie des adultes est assez courte et que les quelques semaines de vie qui leur est donnée les obligent à aller vers l’essentiel . C’est-à-dire se nourrir, pour persister dans son être, et se reproduire, pour perpétuer l’espèce.
Accouplement
La saison des amours a lieu au printemps . Après une parade plus ou moins longue qui se déroule dans les airs, les Ascalaphes s’accouplent cul à cul. La femelle pond ensuite ses œufs en grappe sur la partie basse d’une tige de graminée et les fixe deux par deux le long de la tige.

Comme on peut le voir sur l’image ci-dessous, il peut y en avoir 50 ou 60 sur une même tige. Les larves éclosent peu après et vont se réfugier sous les herbes ou dans les interstices des rochers.

une tige de graminée
Après un ou deux ans passés dans leur cachette , ils tissent un cocon de soie dans lequel ils se métamorphosent en nymphes avant d’atteindre le stade d’adulte. les Ascalaphes, comme les papillons, les abeilles ou les mouches, sont des insectes holométaboles. C’est à dire qu’ils passent par 3 stades (œufs, larve, nymphe) avant de devenir adultes (imago)
Habitat
Comme on peut le voir sur la photo ci-dessous ils apprécient les milieux lumineux , herbeux et secs même s’ils peuvent vivre aussi près de zones humides. Ils choisiront de préférence les versants ensoleillés aux versants ombrés.
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Distribution
L’espèce est présente dans le nord de l’Espagne, en Allemagne, en Autriche, en Italie et en Sicile. Une petite communauté est aussi présente en Sardaigne. En France, les Ascalaphes soufré se rencontrent principalement dans la moitié sud, en dessous d’une ligne qui va de la rochelle à Montbéliard.

Carte Gbif de la présence de l’ascalaphe soufré dans le monde https://www.gbif.org/fr/species/2103138
Taxonomie
L’espèce a été décrite et nommée Libelloides coccajus en 1775 par le par les entomologistes autrichiens Michael Denis et Ignaz Schiffermüller.
Le genre Libelloides a été créé en 1763 par le botaniste et entomologiste Jacob Christian Schäffer.
La famille des Ascalaphidae a été proposée en 1842 par l’entomologiste français Pierre Rambur.
Étymologie
Le nom de genre « Libelloides » vient du premier nom de l’espèce « Ascalaphus Libelluloides » donné par schaffer en 1763 . « Libelluloides » voulait montrer la ressemblance de cette espèce avec les libellules.
Selon Jean Yves Cordier* les entomologistes Denis et schiffermüller aurait beaucoup utilisé l’onomastique. C’est-à-dire qu’ils employaient régulièrement les noms des personnages d’un auteur pour nommer les insectes qu’ils découvraient. C’est notamment le cas pour l’épithète « coccajus » qui serait une déformation du nom de l’auteur des poèmes macaroniques Teofilo folengo qui était surtout connu sous le nom de « Coccaie » qui signifie le cuisinier.
Je ne suis pas sûr que ce surnom nous en apprenne beaucoup sur les qualités de l’insecte, mais il nous en dit beaucoup plus sur la personnalité des deux entomologistes qui appréciaient visiblement le style populaire de l’inventeur du genre macaronique

Le nom vernaculaire Ascalaphe qui descend de l’ancien nom de genre Ascalphus vient du grec « Askálaphos » qui désigne un hibou . Ce nom fait référence aux gros yeux de l’Ascalaphe qui peuvent rappeler ceux de l’oiseau nocturne . Les anglais les nomment « Owflies » les chouettes ou littéralement les mouches-hiboux.
Le qualificatif soufré a rapport avec la couleur jaune (couleur soufre) des ailes de l’animal.
Le mot Planipennes, qui était l’ancien nom de l’ordre, signifie ailes plates.
Mythologie
Ascalaphe est également un personnage de la mythologie grecque.
Il est Fils d’Achéron et de la nymphe du lac Orphné ou Gorgyra.
Il est aussi l’un des gardiens de l’enfer au côté d’ Hadès, le frère de Zeus. Alors que ce dernier donne l’ordre à Hadès d’autoriser Perséphone à revenir dans le monde des vivants à la seule condition qu’elle n’ait mangé aucune nourriture durant son séjour en enfer, Ascalaphe intervient et explique qu’il l’a vu mordre dans une grenade. La grenade étant la nourriture des morts, Perséphone est condamnée à rester en enfer. Folle de rage d’apprendre cela, la mère de Perséphone, asperge Ascalaphe avec l’eau du Phlégéthon et transforme le pauvre Ascalaphe en oiseau de nuit . Selon Ovide et ses « métamorphoses », il s’agirait d’un hibou.
Ascalaphe de France
- Delecproctophylla australis (Fabricius, 1787) Présent en Corse , en Sardaigne, en Italie , en Croatie, en Albanie et en Grèce.
- Bubopsis agrioides Rambur, 1838 (Présent essentiellement dans l’Hérault
- Delecproctophylla dusmeti- Escalaphon du midi (Navas, 1834)
- Libelloides coccajus- Ascalaphe soufré (Denis et Schiffermüller, 1775
- Libelloides corsicus- Ascalaphe Corse (Rambur, 1842) Présent uniquement en Corse et en Sardaigne
- Libelloides cunii- L’ascalaphe Catalan (De Selys Longchamps, 1880
- Libelloides hispanicus- Ascalpahe espagnol (Rambur, 184
- Libelloides ictericus- Ascalaphe loriot (Von Charpentier, 1825
- Libelloides lacteus- L’ascalaphe blanc (Brullé, 1832
- Libelloides longicornis l’Ascalaphe ambré (1764
- Puer maculatus- Olivier, 1789
Carte de l’endroit où j’ai photographié ces Ascalaphes en mai 2025
à Berzé la ville .
