Nidicole, nidifuge ou semi nidifuge ?

Maurizio et sa fille (Moineau domestique / Passer domesticus)
Les juvéniles sont sortis définitivement du nid, mais ont encore besoin pendant un certain temps de leurs parents. les moineaux comme la plupart des passereaux sont nidicoles.

Nidicole, nidifuge ou semi nidifuge ?

Ce qui fait la différence entre un oiseau nidicole et un oiseau nidifuge est son état de développement au sortir de l’œuf.
Le poussin de l’oiseau « nidifuge » sort de l’œuf recouvert d’un duvet qui le protège. Il a les yeux ouverts et perçoit déjà son environnement. Il peut aussi se tenir debout, se déplacer ou nager . Il est ainsi capable dès la naissance de se nourrir tout seul en observant sa mère ou les adultes. La poule, le canard, l’oie, la grue ou le cygne sont des oiseaux « Nidifuges »

Le poussin de l’oiseau « nidicole », lui, sort de l’œuf « tout nu ». il n’a que la peau sur les os et aucune plume. Il est également totalement aveugle et incapable de se tenir debout. Il dépend donc complètement de la protection et des soins qui lui sont apportés par ses parents. Il n’a aucune autonomie. Ces derniers doivent en effet lui apporter de la nourriture au nid et lui donner la becquée pendant un long moment. C’est le cas des cas des pigeons, des pics, des corvidés et de nombreux passereaux comme les mésanges, les moineaux, les pinsons, les merles ,le martinet , etc.

Le terme « Semi-nidifuge » est employé pour désigner les espèces dont les poussins portent des plumes, voient, entendent et peuvent se mouvoir dès l’éclosion, mais qui restent près du nid. Ils sont dépendants des parents qui leur apportent de la nourriture et les réchauffent, car pendant un certain temps ils sont incapables de réguler eux-mêmes leur température. Les mouettes ou les sternes font partie de cette catégorie.

Les poussins nidicoles finissent par quitter le nid, mais à des stades différents selon les espèces quitte. Le martinet ne le quitte que lorsqu’il sait voler, car sa morphologie (ses pattes fragiles et la taille de ses ailes) lui rend l’envol moins facile*.

Juvénile « nidicole » mésange charbonnière qui vient de sauter du nid



D’autres sortiront du nid avant même de savoir voler et devront passer quelques jours au sol avant de pouvoir aller s’abriter dans les arbres .
Les oiseaux qui sont nidicoles construisent des nids assez élaborés puisque leurs petits vont y passer beaucoup de temps, alors que les espèces nidifuges se contentent en général d’un nid plutôt sommaire. Souvent un creux au sol comme l’autruche ou un amas de substances végétales. D’autre comme l’engoulevent, les rapaces nocturnes, ou les faucons ne font pas de nids du tout et pondent leurs œufs dans des espaces naturels comme des cavités ou des anfractuosités. Ils peuvent aussi utiliser d’ anciens nids laissés là par d’autres espèces.

Mais les oiseaux ne seul pas les seuls à qui on peut attribuer ces qualificatifs. Tous les animaux sont soit « nidicole » soit « nidifuge » Le lièvre, le poulain, le veau, le cochon d’Inde sont nidifuges, alors que le hamster, le rat, la souris ,le lapin ou le petit humain sont nidicoles .

Étymologie
Grâce à l’étymologie, il est plus facile de se souvenir du sens des mots.
On se rappelle mieux ce que veut dire mieux « nidifuge » lorsqu’on sait que le terme est composé des mots latins « nidi » et « fuge » qui signifie (qui fuit le nid)
Et l’on n’oublie plus le sens de « Nidicole » lorsqu’on a compris que « nidi » et « cole » veulent dire (qui vit dans son nid ou qui colle au nid ).

Le concept nidifuge / nidicole a été élaboré en 1918 par le naturaliste Lorenz Oken. Ce dernier était, avec Schelling l’un des chefs de file de la Naturphilosophie, un courant de pensée très dynamique en Allemagne au de but du XIXe siècle qui avait pour ambition de remettre en cause la frontière rigide qui existe trop souvent entre la nature et l’esprit .
Lorenz s’intéressa en particulier au problème de la reproduction et du développement des êtres vivants, qui a suscité de vives controverses tout au long du XVIIIe siècle. Ses travaux ont eu une grande importance dans l’histoire des sciences ainsi que dans l’histoire de la philosophie.

Quand on est un jeune oiseau quel est le meilleur moment pour quitter le nid ?
En 1989 l’universitaire Jonas Lemel suggéra que la décision était un choix entre deux stratégies possibles.
1) Soit sauter du nid tôt le matin pour tromper les prédateurs et avoir le temps de trouver de la nourriture et un refuge acceptable avant la nuit.
2) Soit partir plus tard pour profiter du repas servi par les parents et pouvoir tenir sans manger jusqu’au lendemain (reste le problème des prédateurs).
Partant de sept espèces d’oiseaux des prairies, d’autres scientifiques ont essayé, eux, de déterminer le temps que mettait l’ensemble des petits pour quitter le nid. Et il se sont aperçus que le temps d’envol est d’autant plus élevé que le nombre d’oisillons est important. Leur conclusion est que la compétition entre les oisillons pour accéder à la nourriture des parents y joue un rôle non négligeable et que certains oisillons retardent autant qu’ils peuvent leur départ pour rester seuls – ou moins nombreux- et profiter ainsi davantage du nourrissage des parents .
Reste à savoir si le juvénile qui s’en est le mieux sorti est celui, fougueux et plein de vie , qui a quitté le nid en premier, ou cet autre plus gourmand et addict à la nourriture de maman, qui a attendu le dernier moment et la dernière becquée pour quitter le foyer (toute ressemblance avec des personnes , etc..)
D’autres études réalisées par Christine Ribic et ses collègues ont montré enfin que les heures de départ des oisillons sont très variables selon les espèces. « Le bruant des plaines (Spizella pallida) , écrivent -il, est matinal et quitte le nid en moyenne trois heures et demie seulement après l’aube, tandis que le premier plectrophane à ventre noir (Calcarius ornatus) s’élance trois heures plus tard. »

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