- Règne : Animalia
- Embranchement : Chordata
- Classe : Aves
- Ordre : Passeriformes
- Famille : Corvidae
- Genre : Coloeus
Description
De la famille du corbeau, du geai des chênes ou des corneilles, c’est le plus petit des corvidés. On le reconnait facilement grâce à sa tenue gris noir et à son iris bleu clair qui se remarque de loin. La partie de plumage entre l’œil et le bec est foncée alors que le reste du plumage est plutôt gris, voire gris clair, sur l’arrière du cou . Le bec et les pattes ont une couleur grisâtre .
On l’appelle aussi le corbeau choucas ou la corneille des clochers, car il a pour habitude de nicher en haut des clochers. Très intelligent, Il fait aussi son nid sur les conduits d’aération pour profiter, lorsqu’il fait froid , de la chaleur qu’elles dégagent. Les cheminées sont aussi un endroit où il aime construire son nid au printemps. L’automne venu , certains propriétaires ont parfois quelques surprises lorsqu’ils veulent faire une petite flambée.
Mâle et femelle sont identiques . Seul leur comportement permet de les différencier.
Les choucas sont des oiseaux sociaux. On les voit presque toujours en groupe que ce soit avec d’autres choucas ou mélangés avec des corneilles et des corbeaux . À la saison des amours, on distingue facilement les couples qui se déplacent ensemble . Si le mâle décolle, la femelle le suit. Si la femelle va se percher sur une antenne , le mâle ne tarde pas à apparaitre a ses côtés . Les couples sont plutôt fidèles et peuvent rester ensemble pendant de nombreuses années comme le font aussi les corbeaux et les corneilles.
Habitat
Le choucas peut s’adapter à de nombreux habitats aussi bien en ville qu’a la campagne . Ce qui compte pour lui est de trouver des lieux qui possèdent de nombreuses cavités où il pourra créer son nid. Contrairement à d’autres espèces, il ne craint pas la proximité des humains.
En ville, il s’installera dans les trous des murs, en haut des tours ou sur les cheminées . Dans les campagnes il, choisira les vieux bâtiments aux murs délabrés ou de grands arbres. En bord de mer, il profitera des cavités qu’il peut trouver dans les falaises ou entre les rochers.
Nidification
La nidification commence pour lui en avril- mai . Le nid est construit par les deux adultes . Il est constitué de brindilles rentrées en force dans la cavité puis soudées avec de la boue ou de la bouse de vache . S’il y a de la place, le nid peut être assez grand et imposant .
Les yeux des choucas
Il semblerait que les yeux clairs et perçants des choucas jouent un rôle de signal. Ces derniers sont cavernicoles et des observations ont montré que les autres choucas à la recherche de nids osaient rarement s’aventurer dans les cavités » déjà occupées . Les ornithologues avancèrent l’idée que les choucas en recherche percevaient immédiatement les deux yeux clairs à l’intérieur et préféraient s’abstenir pour éviter les conflits qui pouvaient être violents . Pour vérifier cette hypothèse, les scientifiques ont installé dans une cavité une photo de choucas grandeur réelle avec les yeux clairs et une autre, juste à côté , avec une photo de choucas avec des yeux noirs de corbeau. Devant chacune d’entre elles, ils ont cloué des perchoirs qui permettaient aux oiseaux de se poser pour jeter un coup d’œil à l’intérieur . Toutes les approches étaient filmées.
Les conclusions de l’expérience ont confirmé les observations . Devant la cavité qui contenait le portrait aux yeux clairs, les oiseaux s’approchaient en volant, mais ne se posaient pas, alors qu’ils se posaient sur le perchoir et entrait la tête à l’intérieur de la cavité ou se trouvait le choucas aux yeux noirs.
Le choucas Tschok
Le choucas est aussi à l’origine du concept d’ « empreinte » ou « imprégnation » développé par le biologiste et éthologue Konrad Lorentz.
En 1927 ce dernier recueillit et éleva un jeune choucas qu’il nomma Tschok. Il fut surpris de voir que l’oiseau préférait rester avec lui plutôt que de retourner vivre avec ses congénères. Intrigué, il renouvela l’expérience avec d’autres choucas puis avec des oies cendrées . Ses expériences lui permirent de développer le concept « d’empreinte » ou d’imprégnation .
Lorentz raconte qu’il avait assisté à la naissance d’un oison . Quelques minutes après, il voulut le remettre sous sa mère, mais l’oison poussa des cris et préféra le suivre.
Après plusieurs expériences de ce genre, Lorentz comprit que les petites oies prenaient pour mère le premier objet en mouvement qu’elle voyait lorsqu’elle sortait de l’œuf .
La figure parentale a une certaine importance puisqu’elle peut influer par la suite sur les choix sexuels . Lorentz évoque le cas d’un Paon qui avait été élevé par des tortues . Devenu adulte, il passait son temps à faire la roue devant l’une des tortues et ne s’intéressait pas du tout aux femelles de son espèce.
Le phénomène d’empreinte est très présent chez les oiseaux, mais il existe aussi sous d’autres formes chez les mammifères. Sa particularité est qu’il ne peut se produire que dans les premiers jours de la vie . Passé quelques heures ou quelques jours , il ne peut plus survenir.
Lorentz pensait que l’empreinte était irréversible. Des études plus récentes ont montré que ce n’était pas toujours le cas. Certains individus peuvent revenir par la suite vers les membres de leurs espèces.
Étymologie
Apparu au XVIe siècle, le mot « choucquas » a certainement une origine onomatopéique (cri de l’oiseau). Selon Pierre Cabard, il serait proche du provençal Caucala (corneille) et du provençal moderne « chouca » (cri de la corneille).
Le qualificatif « Des tours » fait référence à son lieu de nidification. Les couples de choucas nichent régulièrement en haut des tours ou au sommet des clochers. Un de ses anciens noms scientifiques est Monedula turrium= des tours.
Aujourd’hui appelé « Coleus monedula » il fut d’abord baptisé « corvus monedula » par Linné en 1758.
Corvus en latin signifie corbeau « corbeau ». Le mot est choisi pour dire que le choucas fait partie de la famille des corvidés .
Le nom scientifique utilisé aujourd’hui « Coloeus » vient du grec Kolois= geai , choucas.
Selon les classifications, il est considéré comme un genre à part entière ou un sous-genre du genre Corvus.
Le genre « coloeus » regroupe deux espèces .
1) Notre choucas des tours qui est présent partout en Europe.
2) Le choucas de Daourie (coleus dauuticus) qui vit en Manchourie ,en Mongolie et dans le nord-est de la chine .
« Monedula » vient du latin « moneta = monnaie et « edo » = manger . Le nom fait allusion à l’attirance que l’oiseau aurait pour les pièces brillantes .
Pline l’ancien écrivait déjà en 23 apr. J.-C. dans la partie de son histoire naturelle consacrée aux oiseaux : « Le choucas est le seul oiseau qui ait l’instinct particulièrement étrange de voler de l’argent et de l’or . »
Malgré tout le respect que l’on doit avoir pour Pline l’ancien qui était un remarquable observateur pour son époque, je ne peux m’empêcher de penser que ce qui est surtout étrange est cet « instinct « pour l’or et l’argent que Pline prête au choucas . On sent bien que l’homme se retient mais qu’il n’est pas très loin de penser que les choucas ont le vice de l’argent chevillé au corps et qu’il sont à deux doigts d’ouvrir des coffres en suisse pour y ranger les petits lingots.
Les Portugais l’appellent Gralha-de-nunca (choucas à nuque grise)
Les Espagnols Gradilla comun ou occidental (choucas commun ou occidental pour le différencier du choucas de Manchourie. Gradilla est un diminutif de graja (corbeau freux et l’on voit ici que les noms donnés font souvent référence aux autres oiseaux de la famille corvidae.
Les Anglais le nomment « Jackdaw ». L’expression que l’on peut traduire par il a dit Jack fait visiblement allusion au cri de l’oiseau .
Les Allemands disent Dohle,les Japonais Nishikokumarugarasu.
Choucas voleur ?
Les humains étant très fort pour projeter sur les autres animaux leur propre fantasme il a été longtemps traité de voleur comme la pie . Aristote déjà parlait de son comportement cleptomane . Encore faudrait-il que le choucas ait la notion très humaine de propriété privée et qu’il soit en mesure de comprendre quelle est la véritable fonction de l’objet qu’il emporte.
Un diamant peut avoir de la valeur pour des humains qui s’en servent pour montrer leur puissance et leur richesse, mais il n’en a absolument aucune pour une pie qui ne suit pas le cours des pierres précieuses . Ce genre d’affirmation n’a donc aucun sens et en dit plus sur les humains que sur les oiseaux eux-mêmes. La pie ou le choucas peuvent bien sûr s’emparer d’objets comme de la nourriture ou des brindilles dans les territoires des autres oiseaux, mais cela est très commun dans le monde animal et de très nombreuses espèces le font tout autant.
Des expériences récentes ont d’ailleurs montré que l’idée que la pie emportait uniquement des objets brillants (voir les bijoux de la Castafiore) était totalement fausse . Sur 64 tests , la pie n’aurait emporté que 2 fois des objets brillants et les aurait relâchés aussitôt après s’être aperçue qu’ils ne lui serviraient à rien.
La conclusion de l’enquête, qui remet les humains à leur place, est celle-ci :
« Nous pensons que ce sont les humains qui remarquent quand une pie ramasse des objets brillants, parce qu’ils pensent qu’elle les trouve attirants. Mais lorsque les pies interagissent avec des choses plus anodines, cela passe inaperçu. Il est probable que le folklore qui entoure les pies ne s’appuie pas sur des preuves, mais soit le résultat d’une généralisation culturelle à partir de faits anecdotiques »
Confusion possibles
Le choucas peut être confondues avec les membres de sa famille comme le corbeaux , le corbeaux freux ou la corneille. Il peut également être confondues avec un autre corvidé un peu moins connu , le chocard à bec jaune, qui vit dans les montagnes jusqu’à 4000 mètres d’altitude. Le choucas reste néanmoins facilement reconnaissable grâce à son plumage gris et à son œil très clair qui permet aussitôt de l’identifier .
Citations
« Si tu ne veux pas que les choucas t’assiègent de leurs cris , ne sois pas la boule d’un clocher. »
Johann Wolfgang von Goethe
« L’aigle vole seul ; ce sont les corbeaux , les choucas et les étourneaux qui vont en groupe. »
John webster
Les choucas et les corbeaux
« Un choucas , qui dépassait en grosseur les autres choucas, prit en mépris ceux de sa tribu , se rendit chez les corbeaux et demanda à partager leur vie. Mais les corbeaux, à qui sa forme et sa voix étaient inconnues , le battirent et le chassèrent. Et lui, repoussé par eux , s’en revint chez les choucas ; mais les choucas, sensibles à l’outrage, refusèrent de le recevoir . Il arriva ainsi qu’il fut exclu de la société et des uns et des autres . »
Ésope