Grande sauterelle verte (Tettigonia viridissima)

  • Règne : Animalia
  • Embranchement : Arthropoda
  • Classe : Insecta
  • Sous-classe : Pterygota
  • Ordre : Orthoptera
  • Sous-ordre : Ensifera
  • Famille : Tettigoniidae
  • Sous-famille : Tettigoniinae
  • Genre : Tettigonia

Présentation

Voilà l’un des insectes que l’on rencontre fréquemment dans les jardins et qui effraie parfois ceux qui le croisent .Et c’est vrai qu’ il y a quelque chose d’impressionnant chez cet animal aux allures préhistoriques qui se fond dans la végétation grâce à sa couleur verte.

Pour le grand public elle est « la sauterelle » même si le mot sauterelle est un nom vernaculaire ambigu qui désigne plus largement la famille des Tettigoniidae qui regroupe plus de 6400 espèces. Mais celle-ci est l’une des plus grosses et l’une des plus communes que l’on peut croiser en France, d’où cette impression qu’elle est la seule de son espèce . Nous pensons aussi souvent qu’il n’y a qu’une seule de mouche alors qu’il y en a plus de 11000 espèces répertoriées dans le monde et près de 5000 en France .

Sauterelle mâle reconnaissable à ces cercoides

La grande sauterelle fait partie de l’ordre des orthoptères qui est lui-même subdivisé en deux grands sous-ordres .

  1. Les cælifères dont font partie les criquets appelés sauteriaux.
  2.  Les ensifères où l’on retrouve les grillons et nos sauterelles.

 Comme je l’ai dit plus haut elle est classée dans la famille des Tettigoniidae mais fait également partie de la sous-famille des Tettigniinae. Certains détails caractérisent cette sous-famille comme les orifices tympanaux en forme de fente ainsi que les longues antennes qui peuvent faire jusqu’à 1 fois et demie à 2 fois leur longueur . la longueur des antennes permet notamment de les distinguer des criquets qui ont des antennes bien plus courtes .

Description

La sauterelle verte a, comme son nom l’indique, une teinte verte, mais on peut rencontrer des individus entièrement jaunes ou à jambes jaunes.  Elle a aussi une bande brune sur le dos ainsi qu’un liseré de la même couleur sur la partie supérieure des élytres. Les ailes sont très longues et chez la femelle recouvrent complètement le sabre (oviscapte). Ce dernier est rectiligne et légèrement incurvé vers le bas . Les cerques* des mâles sont légèrement incurvés vers l’intérieur.

La grande sauterelle est bien sûr capable de voler, mais l’essentiel de ses déplacements se fait « à pied «  ou plutôt en sautant d’herbe en herbe ou d’arbuste en arbuste.

Les pattes des sauterelles vertes sont au nombre de 6 (3 paires) comme tous les insectes et sont très puissantes .

Une particularité se trouve au bout des pattes . Il s’agit de structure en forme de cœur qui permet à l’insecte de grimper à la verticale sur un mur . Quand les griffes ne plus jouer leur rôle, les arolia prennent le relai . Une glande permet à ces zones de sécréter un liquide adhésif qui colle littéralement l’insecte à la surface .

La sauterelle a une mâchoire très puissante qui lui permet de déchiqueter ses proies et elle peut même mordre ou plutôt pincer si l’on n’y prend pas garde . Elle n’attaque bien sûr jamais et préfère fuir comme la plupart des animaux, mais pourra se défendre si vous la coincez dans vos mains.

Les adultes sont visibles de mai en octobre avec une présence plus intense en aout au moment où il fait le plus chaud .  La plupart des sauterelles vertes  vivent la nuit mais on en rencontre souvent le jour qui somnolent dans les arbustes .

Dimorphisme

La morphologie des deux sexes est assez comparable, mais il existe pourtant des caractéristiques qui permettent de les identifier. Tout d’abord la femelle est un peu plus grande que le mâle . Celle-ci peut mesurer de 3, 2 cm à 4, 2 cm alors que les mâles dépassent rarement 3,6 cm. Mais l’élément qui permet d’identifier la femelle à coup sûr est la longue tarière ( ovipositeur) qui se trouve au bout de son abdomen . Ce dernier , qui est long et effilé, sert à creuser le trou dans lequel la femelle déposera ses œufs . C’est à lui que la sauterelle verte doit son surnom de « sauterelle à sabre ».

L’abdomen des mâles se termine par des cerques. Ceux-ci sont recourbés en forme de pinces et servent à maintenir la femelle au cours de l’accouplement.   Le mot « cerques » vient du grec Kerkos qui signifie queue .

Alimentation

Contrairement aux criquets qui sont principalement végétariens, les sauterelles se nourrissent d’insectes comme les mouches, les chenilles, les doryphores ou d’autres larves, mais il leur arrive aussi de consommer quelques végétaux ou de fruits pour compléter son repas . j’en ai d’ailleurs surpris une cet été qui était en train de se régaler avec un morceau de poire dans la coupelle aux papillons.

Chant

La sauterelle verte est connue pour ses stridulations. Dans cette espèce elles sont réservées aux mâles pour attirer les femelles. Cette dernière choisira le mâle dont le chant est le plus puissant.  Mais ils servent aussi pour faire fuir les éventuels concurrents .   Le son est provoqué » par le frottement des ailes l’une sur l’autre. Une crête chitinisée sur l’une des ailes sert d’archet et vient jouer sa mélodie sur une partie un peu plus épaisse de l’autre aile . Le son est renforcé par des zones des ailes qui servent de résonateur. La stridulation des insectes peut venir de zones différentes selon l’espèce . Chez les criquets par exemple, elle est le fruit du frottement des cuisses postérieures sur les élytres.

Les sauterelles stridulent pour être entendues . Il leur faut donc des oreilles pour recevoir les sons  . Mais celles-ci ne se trouvent pas où on peut l’imaginer . L’appareil auditif ici se situe de part et d’autre  des tibias antérieurs . Peu visible, il a la forme d’une fente  à l’intérieur de laquelle se trouve une fine membrane qui sert de tympan.

Et non cette orifice n’est pas une oreille mais l’un des orifices respiratoires par lequel l’air pénètre dans les trachées

On parle « d’oreille absolue » pour désigner les humains qui sont capables d’associer n’importe quel son à une note . Dans le cas des sauterelles qui sont capables des mêmes prouesses on pourrait donc parlé de « Tibia absolu ».

Chez les criquets l’organe tympanique se trouve sur le côté de l’abdomen .

Reproduction

On ne peut pas parler d’accouplement à proprement parler  puisque le mâle  vient juste déposer une spermathèque*. Celle-ci  se présente sous la forme d’une poche translucide et gélatineuse . La femelle pose alors ses parties génitales dessus et y transfère une partie des spermatozoïde qu’il contient  . Comme rien ne se perd dans le monde des insectes, la femelle mangera ce qu’il reste de la spermathèque . On peut imaginer qu’elle contient également des nutriments qui favoriseront la  procréation. Les cadeaux que certains insectes offrent aux femelles avant l’accouplement jouent souvent ce même rôle  et servent à apporter les protéines dont la femelle aura besoin pour mener à bien son travail.

La ponte survient juste après et la femelle dépose les œufs dans le sol en groupe ou isolément après avoir forer un trou grâce à sa tarière. Contrairement aux criquets ou à la mante religieuse, la sauterelle verte ne construit pas d’oothèque (boite à œufs).

L’œuf pondu par la femelle sauterelle produit directement un juvénile qui ressemble à ses parents. Il lui faut ensuite faire ou 6 ou sept mues pour devenir adulte, mais on reconnait la sauterelle à la sortie de l’œuf. Le processus est en cela différent des insectes holométaboles qui passent par plusieurs formes (œuf, larve, nymphe) avant de devenir adultes.

Chaque mue dure une à deux semaines . La sauterelle nait sans ailes puis celle-ci se développe au cours des différentes mues. Elles ne deviendront véritablement fonctionnelles qu’après la dernière mue.

Taxonomie

L’espèce de la sauterelle verte Tettigonia virdissima a été décrite et nommée pour la première fois en 1758 par le naturaliste Carl von Linné sous le nom initial de Lovcusta vridissima

Étymologie

le nom de genre Tettigonia vient du grec ancien “Tettix » qui désigne la cigale. Ce nom leur a été donné par Linné en raison de leur stridulation qui rappelle la cymbalisation des cigales.

Viridissima signifie « très très verte » et il est effectivement très difficile de la voir lorsqu’elle se place sur de hautes herbes de la même couleur .

Sauterelle verte

Ensifère : Le mot fait référence à la tarière de la femelle. Il vient du latin « ensis », épée et de « ferre » porter .

Le nom vernaculaire Sauterelle qui est commun à plusieurs espèces vient de l’ancien français « sauterelle » qui vient du verbe sauter . il évoque bien sûr la capacité de l’insecte à faire de très grands bonds. 

Le nom de l’ordre « orthoptère » vient du grec « orthos » , droit et « pteron » , ailes. Il a été donné à cette espèce dont la plupart de membres plient leur aile parallèlement à l’abdomen.

Le premier nom de genre Locusta qui avait été donné par Linné en 1758 dérive d’un mot latin qui pouvait désignait les sauterelles ou les langoustes . Les langoustes étaient d’ailleurs nommées au XVIe siècle les sauterelles de mer.

Autres espèces

Comme je l’ai dit plus haut la grande sauterelle est considéré par le grand public comme « la sauterelle » mais il existe en France de nombreuses autres espèces de sauterelles  qui font aussi partie de la grande famille des Tettigoniidae.

 Parmi elles on peut trouver :

La magicienne dentelée (saga pedo)

La barbitiste ventru (Polysarcus denticauda)

La conocéphale bigarré (conocephalus fuscus

L’éphippigère carénée (Uromenus rugosicollis))

L’éphippigère des vignes ( Ephippiger ephippiger

Sauterelle cymbalière (Tettigonia cantans)

Phanéroptère commun (Phanoptera Falcata)

La leptophyes punctatissima (Leptophyes punctatissima)

La decticelle cendrée (Pholidoptera griseoaptera)

Et bien d’autres……………

Cerques

Du grec kerkos, queue. Appendices situés à l’extrémité de l’abdomen de certains insectes . Les cercoïdes sont les appendices supérieurs . les cerques les inférieurs. Chez les sauterelles mâles, les cercoïdes servent de pinces et les cerques de contre appuis . Ils jouent notamment un rôle avant l’accouplement lorsque le mâle saisit la femelle par le cou.

Spermathèque

Poche située dans l’appareil génital des femelles pour stocker les spermatozoïdes.Grâce à sa spermathèque, l’abeille femelle reine peut féconder elle-même tous les œufs qu’elle pond pendant plusieurs années alors qu’elle ne s’est accouplée qu’une seule fois.

Page d’André Lequet sur les sauterelles vertes

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