Conflit sexuel/ tragédie des biens communs  (illustrations mouche drosophile)

2 concepts intéressants qui permettent de mieux comprendre le monde animal (humains compris)

1) Conflit sexuel

D’après les biologistes « le conflit sexuel se produit dès que les mâles et les femelles d’une espèce ont des intérêts évolutifs divergents. »

Ce qui ne manque pas de survenir puisque mâle et femelle ont des approches de la sexualité en rapport avec les spécificités de leurs appareils génitaux.

Le mâle, qui dispose d’une grande quantité de sperme, sera tenté de vouloir s’accoupler avec un très grand nombre de femelles (il arrose). Alors que la femelle dont les gamètes se font bien plus rares aura tendance, elle, à limiter les accouplements pour les réserver aux mâles qu’elle juge les plus fertiles ou qui correspondent à ses attentes (elle sélectionne) .

Mais il peut aussi y avoir des conflits sexuels par rapport à

 l’investissement parental, au nombre de partenaires sexuels autorisés, au développement ou pas de certains traits de caractère, etc ….

Quand un conflit sexuel devient une tragédie des biens communs . Accouplement de mouches drosophiles (Illustration jessica Joachim- https://jessica-joachim.com)

2) Tragédie des biens communs

Un autre concept très éclairant de la biologie évolutive qui explique aussi  bien des comportements humains. « La tragédie des biens communs ».

Presque le titre d’un feuilleton à l’eau de rose »

Le principe de ce concept a été élaboré en 1833 par l’économiste William Foster Lloyd.

Il pourrait être résumé comme un phénomène de surexploitation d’une ressource qui appartient à tous et qui va finir par être détruite ou abîmé par ceux qui l’exploitent, car tous veulent la surexploiter et se l’accaparer au détriment des autres.

La tragédie des biens communs aboutit souvent à un résultat perdant-perdant, voire à la destruction du bien commun.

Le concept a été repris en 1968 par le biologiste Garret Hardin qui proposa cet exemple pour illustrer le phénomène :

« Un champ de fourrage est commun à tout le village. Chaque éleveur peut venir y faire paître son troupeau gracieusement. Mais les éleveurs comprennent très vite l’intérêt qu’ils ont à faire paître leurs bêtes dans un lieu qui ne leur coûte rien. Ils essaient donc tous de s’accaparer le lieu en y rajoutant toujours plus d’animaux. Piétiné par des centaines de vaches le terrain se transforme alors en un champ de boue qui devient inutilisable. »

Un autre exemple la résume bien aussi

« Des pêcheurs utilisent un étang pour pêcher. Au fur et à mesure, ils décident tous de mettre plus de lignes. Chacun va alors plus pêcher de poissons, ce qui semble normal. Mais la pêche étant trop intensive, les poissons n’auront pas le temps de se reproduire et il n’y aura bientôt plus de poissons. »

cette dernière situation montre à une petite échelle ce qui se passe au niveau de la pêche mondiale. La mer est un bien commun, mais chaque pays veut en extraire plus de richesse que le pays voisin quitte à la vider de son contenu.

Exemple d’un conflit sexuel chez la mouche drosophile (illustrations accouplement mouche drosophile )

Mais pour en revenir à nos insectes, voici le cas d’un conflit sexuel chez la mouche qui devient une tragédie des biens communs.

Des expériences ont montré que le nombre de rapports sexuels très élevé que les mouches drosophiles mâles avaient imposé aux femelles avait fini par réduire sensiblement la durée de vie de ces dernières. La cause de cette surmortalité ? Les nombreuses blessures occasionnées lors des rapports sexuels ainsi que l’augmentation des infections. Et l’on voit bien ici comment le conflit sexuel qui s’est transformé en surexploitation sexuelle a fini par réduire et finalement mettre à mal le nombre de naissances (le bien commun).

Les mâles se mettent à boire

D’autres observations ont montré que la mouche drosophile était l’un des rares animaux à utiliser l’alcool des aliments contenant de l’éthanol pour se soigner en s’en servant comme désinfectant. Ces mouches s’en servent également pour repousser les parasites. Il a été prouvé que les guêpes déposaient moins d’œufs dans les larves des mouches lorsque ces dernières, avant de pondre, avaient ingéré beaucoup d’alcool contenu dans les fruits pourris.  

Ne supportant pas l’alcool, les guêpes victimes de ce régime alcoolisé sont tombées malades ou sont mortes  .

Mais des études ont aussi montré que les mâles de cette espèce l’utilisent pour noyer leur frustration sexuelle lorsqu’ils sont rejetées par les femelles qui ont été déjà fécondées et qu’ils ne peuvent pas s’accoupler. Les études ont pu également démontrer que les mâles qui ne buvaient pas vivaient plus longtemps que les mâles qui avaient choisi l’alcool pour tenter de compenser la frustration due au refus des femelles.

Il est intéressant de voir ici comment une frustration mal gérée peut se transformer en addiction et générer des dommages qui raccourcissent la durée de vie.

  Petite morale de l’histoire  (Addiction ou sublimation) 

Nous voyons là comment une mouche victime d’une frustration crée une addiction pour tenter d’apaiser sa douleur (désamour) . On constate aussi comment cette solution choisie crée de nombreux autres  problèmes bien plus graves qui réduisent la durée de vie. Le mode choisi pour la  tentative de guérison fait finalement bien plus de dégât que la cause qui l’avait fait naitre.   

Appliqué aux humains, on pourrait donc se demander s’il ne serait  pas possible de trouver d’autres portes de sortie aux multiples frustrations que l’on  rencontre dans sa vie. Si, au lieu de se tourner immédiatement vers l’addiction pour tenter d’étouffer nos problèmes, on ne pourrait pas plutôt « sublimer » cette « douleur » par un travail de création pour en faire quelque chose de positif et de constructif.  

Une souffrance mal dirigée crée encore plus de souffrances.  

Une bonne souffrance bien drivée est un moteur très puissant capable de  nous propulser par-delà la souffrance originelle.      

  

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