La disparition des papillons

Ces dernières années, plusieurs études ont montré la disparition rapide des insectes.  Une étude est particulièrement significative puisqu’elle montre que les populations d’insectes ont diminué de 75 à 80 pour cent ces trente dernières années dans les pays européens .

Némusien femelle ou Arianne (Lasiommata maera )

Ces chiffres, très parlant, ne sont hélas pas pris au sérieux par l’opinion publique et encore moins par les autorités qui considèrent bien souvent les insectes comme quantité négligeable. On veut bien faire quelque chose pour l’abeille domestique qui produit du miel et nous rapporte de l’argent, mais on ne va pas stopper notre si belle agriculture intensive pour quelques malheureuses chenilles et autres araignées qui ne provoquent bien souvent chez les humains qu’une moue de dégout.

Un déclin général

Les scientifiques et les entomologistes nous alertent pourtant régulièrement sur le déclin très rapide des insectes qui sont particulièrement sensibles aux polluants.

Le dernier rapport de L’IPSES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) montre que la disparition très rapide des insectes fait partie d’un déclin général. Selon ce même organisme, plus d’un million d’espèces pourraient disparaitre à brève échéance si les humains continuent à se comporter comme il le font aujourd’hui.

Les humains seuls responsables

Car nous sommes bien la seule cause de cette catastrophe écologique sans précédent  . Selon certains elle serait même la plus grande crise d’extinction des espèces qu’ait jamais connu la planète. 

la culture intensive qui a débuté au début du siècle et qui n’a cessé de se développer depuis est la première responsable.  

Les insectes ont commencé à disparaitre dès le début de ce type d’agriculture qui utilise énormément de produits chimiques  . L’utilisation des intrants comme les insecticides, les fongicides ou les herbicides sont autant de poisons qui tuent en masse les insectes. D’après la Commission européenne (Eurostat) 1,15 kilo de pesticides aurait été pulvérisé par hectare en France .

(Photo tracteur qui pulvérise les champs)

Une autre cause est la destruction des habitats. Sous la pression de l’agriculture et des constructions humaines, de plus en plus d’espaces qui étaient autrefois habités par les insectes sont bétonnés ou transformés et deviennent invivables pour les bourdons , les papillons ou les diptères qui n’y trouvent plus ni abri ni nourriture . Les monocultures à perte de vue sont une véritable catastrophe pour la biodiversité comme l’est la destruction massive des espaces naturels pour y construire des immeubles ou des lotissements .

Parmi les autres causes, on peut citer l’assèchement progressif des zones humides, le développement exponentiel du tourisme de masse ou encore l’éclairage permanent des villes et des campagnes qui perturbent considérablement l’activité des papillons de nuit . Rendus comme fous par les lumières, ces papillons passent leur nuit à se heurter contre les lampadaires . On les retrouve au petit matin vidés de toute leur énergie et si fatigués qu’ils en oublient de se nourrir ou de se reproduire .  Dans son livre « Quel est ce papillon ?», Heiko Bellman décrit des femelles tellement perturbées par les lumières qu’elles ne sont plus capables au petit matin de trouver leurs plantes hôtes et déposent leurs œufs sur le premier support venu où les chenilles n’auront aucune chance de trouver leur nourriture.

La désertification des campagnes

Paradoxalement, une autre raison de la disparition des papillons est la désertification de certaines campagnes reculées au profit de certaines zones surexploitées . Des surfaces importantes autrefois consacrées à la pâture sont aujourd’hui abandonnées et se transforment petit à petit en forêts qui sont moins favorables aux papillons que les prairies remplies de fleurs extrêmes variées . Mais cela n’est pas un problème puisque cela ne concerne ici que les papillons et que d’autres insectes peuvent se développer et vivre dans des milieux boisés. Il vaut mieux après tout une forêt remplie d’insectes variés avec peu de papillons, qu’une ville entièrement bétonnée où aucune espèce ne peut se développer. 

Le changement climatique

 

Une autre cause produite par les humains est le réchauffement climatique. Celui-ci crée des phénomènes météorologiques extrêmes comme les inondations ou les canicules qui provoquent des feux de forêt très importants  . On parle souvent des dégâts causés par le feu sur les habitations, mais l’on parle rarement de l’impact terrible que ces incendies ont sur les insectes (et les autres animaux) qui sont purement et simplement rayés de la carte. 

(Photo de forêt qui brule)

Je me souviens à ce sujet d’une d’un fait divers qui m’avait choqué et qui montre le peu d’intérêt que notre société porte aux autres animaux.

Il y a quelques années ,une animalerie du Mans avait pris feu et le bâtiment avait été entièrement détruit .

À la télévision, un journaliste avait expliqué que 157 animaux de compagnie et 4 000 poissons avaient péri, brulés dans les flammes. Parmi eux ,des rongeurs, des poules, des reptiles, des oiseaux, des poissons, etc.

-« Heureusement, avait-il ajouté, personne n’a été blessé. »

Les papillons

La population des papillons d’Europe est particulièrement suivie par les scientifiques, car ils sont très sensibles à la pollution et à la destruction quasi industrielle des habitats dont ils dépendent.   Certains papillons ne pondent que sur 1 ou 2 plantes hôtes.  Il suffit que ces plantes disparaissent d’une zone pour que l’espèce disparaisse avec elles . On comprend alors pourquoi les monocultures sont une plaie et une véritable insulte faite à la biodiversité.  Et cela est aussi vrai pour les champs de blé à perte de vue que pour les régions viticoles où le terroir est terriblement appauvri par la surreprésentation d’une seule espèce végétale.

En Allemagne, par exemple, où de nombreuses études ont été faites, plus de 40 pour cent des espèces de papillons sont menacés d’extinction et un certain nombre sont déjà éteintes .  Plus de 67 espèces de papillons vivaient il y a 100 ans autour de Düsseldorf alors qu’on n’en compte plus que 27 aujourd’hui. Sur les 480 espèces qui vivent aujourd’hui en Europe,  10 pour cent sont menacées et les populations de 30 % d’entre elles sont en déclin prononcé  .

(Photo du Mélibée  (fadet de l’élyme)

Dans leur livre « il faut sauver les insectes » Pierre-Olivier Macquart et Denis Richard cite des chiffres qui devraient nous faire réfléchir :

En France le Mélibée  (fadet de l’élyme) a disparu de 88 % des départements où il était présent en 1980 et il est considéré en danger critique.

L’Hermite (Chazara briseis) a disparu de 72 % des départements où il volait.

La bacchante a disparu de 48 % des départements où elle volait , etc…

D’autres auteurs* note la régression du fluoré (Colias alfacariensis)

, de l’Azuré bleu céleste (Lysandra bellargus) ou de l’Azuré bleu nacré (Lysandra coridon). Il n’existe pas en France de suivi précis des papillons de nuit, mais il y a de fortes probabilités pour que leurs populations connaissent la même régression que celles  papillons diurnes.

*Frederic archaux Dans l’intimité des papillons

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