Il existe chez les animaux de nombreuses interactions interespèces qui vont du mutualisme au parasitisme . Le premier est un arrangement gagnant-gagnant entre deux espèces qui tirent toutes deux des bénéfices de la relation.
Entre le bœuf et le héron, par exemple, existe une relation où chacun trouve son compte. La vache fait sortir du sol des insectes que le héron peut attraper facilement et en retour le héron débarrasse la vache de ses parasites.
Le deuxième est moins sympathique puisque le bénéfice est unilatéral et qu’une seule espèce en tire du bénéfice alors que l’autre n’en retire que du désagrément. Le parasitisme est très désagréable pour l’hôte qui est exploité par un autre être vivant, mais il conduit rarement à la mort .
C’est ce qui le distingue du parasitoïsme qui est une interaction entre deux espèces où l’espèce parasitée meurt toujours à la fin. Les papillons sont très souvent victime de ce type d’interaction. Le deuxième et le troisième stade de la métamorphose qui correspondent aux chenilles et aux chrysalides sont particulièrement attaqués.
Nymphes de guêpe ichneumon sur une chenille de sphinx du tabac . (photo google )
Le cas le plus connu de parasitoïsme est celui de la guêpe ichneumons. La femelle de cet hyménoptère pond ces œufs sur le corps ou directement dans le corps de la chenille grâce à son ovipositeur qui lui permet de percer la chair . Une fois éclot, la larve se nourrit de l’intérieur du corps de la chenille. En général, elle commence par les parties non mortelles pour garder la viande fraiche le plus longtemps possible puis s’attaque aux parties vitales . La chenille finit par mourir. La larve sort alors du corps de son hôte et se nymphose sur la dépouille ou juste à côté.
Le naturaliste britannique Charles Darwin avait été frappé par le parasitoïsme de la guêpe ichneumons . Il disait qu’il avait définitivement cessé de croire en Dieu après avoir découvert le processus de ponte de la guêpe Ichneumon .
Dans une lettre envoyée en 1860 au botaniste américain Asa Gray, il écrivait:
« Je ne parviens pas à voir aussi pleinement que d’autres ni aussi pleinement que je le souhaiterais, la preuve d’un dessein et d’un dessein généreux dans ce qui nous environne. Il me semble qu’il y a trop de misère en ce monde. Je n’arrive pas à me persuader qu’un Dieu bienveillant et tout-puissant ait pu créer délibérément les ichneumons avec l’intention de les faire se nourrir de l’intérieur du corps de chenilles vivantes.…»
Les chenilles peuvent également être parasitées par les mouches de la famille des tachinidaes. Les femelles de cette espèce pondent leurs œufs sur la plante hôte de la chenille. Une fois éclot la larve de la mouche fait comme celle de la larve de la guêpe. Elle se rapproche de la chenille puis pénètre dans son corps où elle commence immédiatement le festin. Il arrive fréquemment que plusieurs insectes parasitoïdes s’attaquent aux chenilles ou aux chrysalides . D’autres parasites vivent sur l’hôte et profitent de la décomposition du corps. C’est le cas des acariens qui sucent les jus qui sortent du corps .
Des études ont montré qu’une chrysalide sur deux serait parasitée ou tuée par des maladies. Les mêmes études montrent que sur les 500 œufs pondus par la femelle seuls 2 ou 3 arrivent à l’âge adulte et parviennent à se reproduire.
Ces pratiques nous paraissent barbares, mais elles sont pourtant très fréquentes dans le monde des insectes.
Certains scientifiques considèrent même qu’il y a un bénéfice indirect pour l’espèce hôte . Selon eux, les parasitoïdes réguleraient les populations de papillons qui sans eux seraient beaucoup trop nombreux . Dans certaines espèces, les femelles peuvent pondre jusqu’à 500 œufs. Les spécialistes estiment que si les naissances n’étaient pas régulées, les individus trop nombreux épuiseraient les ressources et finiraient par mourir de faim .
Comme il est toujours difficile de savoir si la poule était là avant l’œuf, on peut aussi imaginer que les femelles papillons pondent beaucoup d’œufs pour compenser les pertes causées par les parasitoïdes et qu’elles en pondraient beaucoup moins si ces derniers n’étaient pas là.