Pissenlit ou dent-de-lion (Taraxacum sp)

  • Règne : Plantae
  • Sous-régne : Tracheobionta
  • Classe : Magnoliopsida
  • Ordre : Asterales
  • Famille : Asreraceae
  • Genre : Taraxacum

Présentation

Les pissenlits font partie de la famille des Astéracées ( autrefois appelée composées).  Ce sont des plantes herbacées de l’ordre des asterales et de du genre traxacum.

On dit le pissenlit , mais on devrait plutôt  dire « les pissenlits » . Dans la seule Europe, on peut rencontrer Plus de 1200 espèces ou sous-espèces de  pissenlits.

Les spécialistes les ont d’ailleurs regroupés en 3 groupes

1 les Ruderalia ou pissenlits des champs et des prairies .

2les Erythrosperma ou pissenlits graciles

3 les palustria qui ont des dents à peine marquées et qui croissent dans des zones humides .

Description

En apparence simple, voire banal, le pissenlit et en réalité une plante complexe qui mérite d’être mieux connue.

Une première particularité vient du fait que la fleur jaune  que nous prenons pour une simple fleur est en réalité composée de plusieurs centaines  de petites fleurs installées côte à côte sur le réceptacle appelé aussi le capitule .

Le philosophe Jean Jacques Rousseau déjà l’écrivait :

« Je suis sûr de vous surprendre en vous disant que cette fleur si petite et si mignonne est réellement composée de deux ou trois cents fleurs , toutes parfaites . »  

Chaque fleur est ainsi  réduite à un seul pétale, mais chacun est doté de ses propres organes sexuels qui font de lui une fleur à part entière .

Les feuilles des pissenlits lui ont donné son nom de dent de lion et l’on comprend pourquoi quand on voit les larges dents présentes sur leurs marges . La partie supérieure se termine en pointe.

Feuille de pissenlit

Les feuilles sont disposées en rosette sur le collet de la plante. Malgré une certaine amertume, les jeunes feuilles cueillies  au printemps sont appréciées des gastronomes.

Voyage, voyage

Une autre particularité connue de tous est le mode de dispersion du Pissenlit. 

Qui, enfant ,n’a pas soufflé sur les aigrettes du pissenlit pour les voir s’envoler ?

L’effet est toujours magique et on ne se lasse pas de voir  partir les petites graines accrochées à leur parachute. La légende dit même  que si l’on fait un vœu en soufflant sur les aigrettes  il se réalisera .

Mais  combien d’entre nous savaient, lorsqu’il soufflait sur les aigrettes, qu’il était en train de participer activement à la multiplication de l’espèce.  

Car cette belle structure qui nous amuse tant  est en réalité le procédé de dissémination du pissenlit . Sans elle, toutes les graines tomberaient au pied de la plante mère et il n’y aurait pas assez de place pour qu’elles puissent se développer. Grâce ce procédé ingénieux  les graines s’envolent dans toutes les directions et s’enracinent loin de la plante qui vient de leur donner la vie . D’une certaine manière ce procédé joue même le rôle que le tabou de l’inceste chez les humains. Chaque être doit s’éloigner de ceux qui l’ont fait naitre et aller s’installer et se reproduire  « plus loin ».  Ce phénomène de dispersion par le vent est appelé « l’anémochorie » .

Si l’on regarde plus près on se rend compte que les fruits  ou akènes  sont planté dans le réceptacle central  et qu’ils  sont surmontées  par une sorte de parachute que l’on appelle l’aigrette ou  pappus. Le fruit est lui-même relié à son parachute par un pédicelle appelé bec ou long bec. 

Car l’akène est bien un fruit et non la graine elle-même comme on le croit souvent. Arrivée à destination  le fruit s’ouvrira et laissera sortir la graine unique qu’il contient .   Vu le nombre de fruit planté sur le réceptacle on imagine le nombre de pissenlits potentiel qu’un simple coup de vent pourra générer.

La distance que peut parcourir cet étrange assemblage dépend avant tout du vent et des courants ascendants . En règle générale, les fruits retombent à quelques mètres ou quelques centaines de mètres, mais dans certaines circonstances ils peuvent parcourir plus de dix kilomètres, ce qui est un bel exploit pour des fruits passifs .

J’ai même entendu parler de fruits de pissenlit qui auraient fait des voyages transocéanique en étant aspirés par des forts courants ascendant puis transportés par le puissant  jet stream jusque chez nos amis, les americains .

Une plante mellifère

On le sait peu mais le pissenlit est une plante mellifère . Tellement mellifère même  que  certains arboriculteurs se plaignent   qu’il attire trop les pollinisateurs et  du coup délaissent les arbres fruitiers. Sa floraison précoce est pourtant une bénédiction pour les premiers insectes qui apparaissent au printemps et qui ne trouvent que lui pour se nourrir. 

Un dur à cuire

Le pissenlit est une plante très résistante, d’où sa multiplication et son omniprésence dans de nombreux pays . La cause principale est sa racine charnue qui plonge profondément dans le sol (plus de 50 cm) et lui permet de supporter des températures très froides. Pour cette raison on peut en trouver en Russie ou au Canada . La partie supérieure meurt dès l’arrivée des grands froids, mais la plante repousse dès le retour du printemps .

Une autre raison de sa forte présence vient de ce que le pissenlit peut se reproduire selon deux modes . La reproduction classique sexuée, et la parthénogenèse. C’est même l’une des rares plantes à utiliser ce type de reproduction asexué . Le pissenlit peut donc se passer d’insectes et s’autoféconder ce qui lui permet de se développer dans les  pays plus froids où les pollinisateurs sont rares, voire carrément absents. Le premier mode serait plus fréquent dans les zones tempérées et les seconds plus répandus dans les zones froides comme en Norvège ou en Scandinavie . Les deux modes peuvent également exister  en même temps .

Symbolique

Il symbolise d’abord l’innocence et la pureté de l’enfance qui sommeille en chacun de nous .

Nous avons tous soufflés enfant sur les akènes de pissenlit. Nous avons tous été émerveillés par les petits pappus qui s’envolaient au gré du vent.

Il est aussi signe de bonheur et de chance.  Il est recommandé de faire un  vœu  lorsqu’on souffle  sur les aigrettes . La légende dit que le vœu fait à ce moment-là se réalise .

Le pissenlit est aussi  un symbole de richesse et de prospérité . Un bouquet de pissenlit  était offert autrefois aux jeunes mariés pour leur porter bonheur.

Il est enfin signe de joie de vivre. Il fleurit au printemps et ses fleurs jaunes illuminent la prairie  de ses  soleils .

Le pissenlit symbolise également  des sentiments plus subtils.  

Il est une fleur fragile qui évoque le côté éphémère de toutes choses . Il nous rappelle que notre vie ne tient qu’à un fil et que le moindre  souffle peut  nous faire perdre l’équilibre.

Il est enfin un symbole de force , de  résistance et de résilience face à l’adversité  . Le pissenlit est une plante vivace qui renait toujours de ses cendres et qui  sait s’adapter aux différents milieux.

L’éditeur Larousse en a fait son logo en 1890.

Logos de l’éditeur Larousse

On peut y voir le L de Larousse avec à l’arrière-plan une femme qui souffle sur une aigrette de pissenlit  accompagnée de la devise « je sème à tout vent » . Le logo symbolise le désir de l’éditeur de transmettre les connaissances au plus grand nombre et dans toutes les directions.

Superstitions

Le pissenlit génère aussi de nombreuses superstitions :

Si les parachutes montent, cela annonce le bonheur , s’ils descendent, il annonce le malheur.

Une autre version annonce la météo . S’ils montent, il fera beau , s’ils descendent, il fera mauvais.

Quand un enfant ne réussit pas à souffler toutes les aigrettes d’un seul coup c’est signe qu’il a fait pipi au lit.

On peut prédire la taille future d’un enfant à la taille de la tige du pissenlit qu’il vient de trouver.

Si une jeune fille ou un jeune homme arrive à souffler toutes les aigrettes d’un seul coup , il ou elle se mariera dans l’année.

La direction prise par les aigrettes désigne aussi   a personne que l’on doit aimer.

Le pissenlit sert aussi à la divination. Le résultat du souffle est interprété et permet de tirer des présages .

D’autres l’utilisaient également parfois  comme boussole et allaient  dans la direction indiquée par les aigrettes. On n’a jamais su si tous étaient arrivés à bon port.

Manger les pissenlits par la racine

Les pissenlits ont une connotation souvent positive, mais il est une expression qui l’est beaucoup moins même si elle est,  au fond, pleine d’humour. Elle a  au moins le mérite de permettre de parler de la mort sans la nommer, car celui qui mange les pissenlits par la racine n’est généralement plus de ce monde .

Selon certaines sources, l’expression remonterait au XIXe siècle à une époque où l’on enterrait  encore certains morts en les mettant directement dans la terre avec le visage tourné vers le ciel.  Les racines profondes des pissenlits pouvaient ainsi se trouver à la hauteur de leur bouche.  

D’autres sources disent que notre expression pourrait  être liée à celle des Anglais  « pushing up daisies » que l’on peut traduire par pousser les marguerites ”  et qui a une  signification similaire .

Une blague célèbre dit que manger les pissenlits par la racine guérit tous les maux et d’une certaine manière c’est assez  vrai.  Le pissenlit a de vraies vertus thérapeutiques et les morts ont, parait -il, beaucoup moins de soucis de santé que les vivants  .

Une première apparition de la formule remonte aux années 1661:

“Prêt à glisser de son lit,

Dans le champ de pissenlits

Qu’on mange par la racine.

Dans les années 1850, Victor Hugo écrit dans les misérables

« Être mort , cela s’appelle manger des pissenlits par la racine . »

Ethymologie

Le nom pissenlit vient de « pisse au lit »  et fait référence aux qualités diurétiques de la plante. Le mot apparait au XVIe siècle . Au moyen âge on la trouvait chez les apothicaires sous le nom   « Herba urinaria ».   

Le nom vernaculaire  « dent-de-lion »  vient de la ressemblance entre le bord dentelé des feuilles et les crocs du roi des animaux . Le pissenlit peut aussi être considéré comme le roi de la prairie.

Ses autres petits surnoms comme « fleuron d’or »  ou « or des prés » font référence à sa couleur jaune.

Pour le nom de genre « Taraxacum » il existe plusieurs interprétations .

Pour certains, le mot viendrait de deux  mots grecs.  « Taraxis » qui désigne une affection de l’œil et  « akeomai » qui veut dire « guérir » . Il semblerait que le latex du pissenlit ait servi autrefois pour soigner des affections de l’œil . l’histoire ne nous dit pas si le médicament était efficace et si les patients ont retrouvé une bonne vue  .

Pour d’autres Il viendrait aussi du mot grec “Taraxis”, mais ce dernier aurait alors le sens « qui trouble , qui remue » et qui ferait référence à ses  propriétés laxatives  et diurétiques.

Taraxothérapie

Le pissenlit possède de nombreuses propriétés médicinales  .

Elle est considérée comme une plante qui nettoie l’organisme.

Frédéric Legrand en consommait pour soigner une hydropisie et Louis XIV buvait régulièrement une tisane à vase de chiendent et de pissenlit . 

D’après ses utilisateurs

Il prévient aussi  les troubles rénaux et hépatiques

Il soulage les troubles digestifs comme les nausées ou les vomissements

Il ouvre  l’appétit  en mettant en route les sécrétions salivaires et gastriques

Il agit contre la rétention d’eau grâce à ses effets diurétiques

Grâce à ses fibres, il a aussi  un effet laxatif et il est utilisé en cas de constipation.

Sa racine aurait également  des effets sur les maladies de peau comme  l’acné, le psoriasis ou l’eczéma. Le latex contenu dans sa tige serait également efficace sur les verrues ou l’herpès.

Autres noms donnés au pissenlit 

Dent de lion

Pisse-chien

Laitue de chien

Dent de chien

Liondent (ancien français)

Salade de taupe

Fausse chicorée

Florin d’or

Or des prés

Couronne  de moine

Queue d’aigle

Aile de corbeau

Groin de porc (Même les cochons l’aiment bien)

Cramaillot

Etc….

Photo Prise ce matin au jardin des oiseaux

Araignée Xysticus (croceus ?) accrochée aux bractées d’un pissenlit. Elle a passé la matinée dans cette position, à attendre qu’une proie vienne se poser à proximité. On reconnait au-dessus le réceptacle du pissenlit dans lequel sont plantés les akènes.

Ceux-ci sont en réalité des fruits à l’intérieur desquels se trouve une unique graine. Ce fruit à la particularité d’être surmonté d’une tige appelée bec, ou long bec, au bout de laquelle se trouve une soie nommée « pappus » qui sert de parachute et permet au fruit-graine de s’éloigner de la plante mère. La distance dépend avant tout du vent et des courants ascendants . En règle générale, les fruits retombent à quelques mètres ou quelques centaines de mètres, mais dans certaines circonstances ils peuvent parcourir plus de dix kilomètres, ce qui est un bel exploit pour des fruits passifs . Une fois posé la coque du fruit s’ouvre et si les conditions climatiques sont favorables  la graine germe et fait naitre un nouveau pissenlit .   🙂

Citation

« Pissenlit, il s’étire comme un poulpe minuscule. «  

Jules Renard

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