Sésies du peuplier ou sésies frelon. (Sesia apiformis)

  • Règne : Animalia
  • Classe : Insecta
  • Ordre : Lepidoptera
  • Famille : Sesiidae
  • Sous-famille : Sessiinae
  • Genre : Sesia

Présentation

Petit évènement du jour au jardin des oiseaux

L’accouplement sur la coupelle aux papillons de sésies du peuplier ou sésie frelon. (Sesia apiformis, Lépidoptère Sesiidae)

Accouplement de Sésies du peuplier sur la coupelle aux papillons (Sesia apiformis, Lépidoptère Sesiidae)

Au premier regard, j’ai cru voir des frelons avant de me rendre compte qu’il ne s’agissait pas d’hyménoptères (frelons) mais des lépidoptères  (papillons). Malgré les apparences, la sésie du peuplier est bien un papillon à ranger dans la catégorie des hétérocères diurnes : des papillons de nuit qui vivent aussi le jour.

Particularité de celui-ci : il s’est « déguisé » en frelon pour profiter de la peur qu’inspire ce dernier aux autres insectes et prédateurs éventuels comme les oiseaux.

Sa livrée jaune et noir est aussi efficace qu’un panneau « attention danger ».

La Sésie apiforme  pousse le mimétisme jusqu’à imiter le vol très particulier du frelon . Elle replie même son abdomen vers le bas lorsqu’elle se sent en danger comme si elle allait piquer.

Elle n’en est pas moins un papillon et elle est donc totalement inoffensive.

Une autre de ses particularités est l’absence d’écailles sur les ailes qui sont presque transparentes. À noter aussi l’absence de trompe digne de ce nom . il semblerait que celle-ci soit remplacée par des sortes de « tétines buccales »*

En train de photographier les 2 sésies

Accouplement

j’ai été très surpris par la durée du coït.

Je les ai observés pendant près d’une heure et elles étaient toujours à leur affaire. L’accouplement peut durer plus de 2 heures et se déroule « cul à cul  »  comme on le voit bien sur la photo. 2 heures peut sembler très long, mais c’est finalement peu  en comparaison de certains papillons dont l’accouplement peut durer pendant 10 à 12 heures d’affilée.

Quand tout se passe bien c’est la femelle qui appelle le mâle . Elle  se tient immobile au sol ou sur une surface plane avec les ailes à plat  et l’abdomen relevé. Elle déploie alors l’ovipositeur  ou oviscapte.  Ce dernier  sert principalement  à déposer les œufs lors de la ponte ,mais il joue  aussi un rôle avant l’accouplement en diffusant des phéromones sexuelles qui attirent les mâles. On ne le voit pas sur la photo, mais un mâle se tient à 20 cm de la femelle et attend le bon moment. Les deux sésies peuvent ainsi rester immobiles pendant de longues minutes.

Lors de mon observation, ils sont restés près d’une heure immobiles avant de se rapprocher et de passer à l’acte .

Toute la scène s’est déroulée au pied d’un peuplier qui est la plante hôte principale de ce papillon.

Nidification

La femelle pond ses œufs au pied des peupliers , des trembles et plus rarement des saules. La ponte débute dès la fin de l’accouplement et dure plusieurs jours puisque la femelle peut pondre entre  800 et 1500 œufs .

Une fois sortie de sa coquille après 4 semaines , la chenille pénètre dans l’arbre. Elle  fore les premières galeries sous l’écorce, puis elle s’enfonce plus avant jusqu’au cœur de l’aubier dont elle se nourrit. Les chenilles de la sésie, comme celles  d’autres  espèces de lépidoptères, sont  des  chenilles xylophages. Leur développement complet dure 2 ou 3 ans. La chrysalidation a lieu  vers le mois de mars-avril dans un cocon formé de parties de bois aggloméré et de débris ligneux. La chrysalide  peut être réalisée dans le bois, à même le sol  ou dans le sol.  La chenille passe un nouvel hiver dans son cocon puis se nymphose au printemps suivant.

Mimétisme Batésien

La sésie du peuplier est une parfaite représentation de ce que l’on appelle le mimétisme Batésien.

Ce mimétisme, assez fréquent dans la nature,  a été étudié et décrit  en 1863 par l’entomologiste Henry Walter Bates. Au cours d’un de ces voyages en Amazonie, il découvrit qu’un papillon avait évolué au fil du temps pour prendre les couleurs et les formes d’un autre papillon .   

Bates compris que le premier papillon avait évolué  pour profiter de la protection aposématique* du deuxième.

Certains animaux arborent en effet des couleurs vives et contrastées pour prévenir les prédateurs qu’ils sont toxiques ou dangereux et que les attaquer serait une très mauvaise idée. La livrée jaune et noir du frelon est une tenue aposématique qui prévient du danger de piqures douloureuses,  tout comme celle rouge et noir de la zygène de la filipendule prévient que ses tissus sont imbibés de substance toxiques .

Bates compris que des animaux totalement inoffensifs avait copié ces tenues parce qu’elles procurent des avantages face à des prédateurs .  .

C’est le cas de notre sésie qui se transforma lentement pour ressembler au frelon . Comme je l’ai noté plus haut elle pousse le mimétisme jusqu’à replier son abdomen pour faire croire qu’elle va piquer .

Bates trouva de nombreux autres cas de ce genre de mimétisme  chez les reptiles (couleuvre faux corail) les papillons  (sésie apiforme) , les syrphes ou les mouches (bombylidés) et il en tira quelque lois comme:

-L’espèce qui copie l’autre vit dans la même région et à la même période que l’autre

-Celles qui copient sont toujours plus vulnérables que l’espèce copiée. Elles sont également moins nombreuses .

-Les copieuses font également toujours partie d’une famille ou d’un ordre différent de l’espèce copiée, etc.

La découverte de Henry Walter Bates prit alors son nom.  On parle encore aujourd’hui  de mimétisme Batésien pour nommer ce phénomène.

Tétines buccales : nom donné par  André Lequet

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