Cycle des papillons-2-Les chenilles-

Après avoir découpées une partie du chorion pour sortir de l’œuf, les chenilles se mettent en quête de nourriture. Normalement, la mère a pondu les œufs sur la plate hôte et les chenilles n’ont pas un long chemin à faire pour prendre leur premier repas . L’activité principale des chenilles consiste d’ailleurs à se nourrir et elle le font très bien. Une chenille affamée peut dévorer une feuille complète en quelques minutes . Étant paysagiste de métier j’ai pu voir à plusieurs reprises des buis totalement défoliés en 1 nuit. Je quittais le domicile du client avec des buis en parfait état et lorsque je revenais le lendemain toutes les feuilles des arbustes avaient été dévorées par les chenilles de la pyrale du buis qui sont particulièrement voraces et souvent nombreuses.

Chenille de la pyrale du buis

Le style avec lequel les chenilles attaquent les feuilles peut permettre l’identification.  Certaines espèces font des trous d’autres s’attaquent aux bordures  alors que d’autres , comme la pyrale du buis,  ne laissent rien derrière elles   .

La nourriture des rhopalocères est essentiellement constituée de plantes à fleurs et notamment des feuilles bien que certaines espèces puissent s’attaquer à d’autres parties  comme la tige , les fleurs ou les fruits .

L’alimentation des hétérocères est plus variée  et ceux-ci peuvent aussi consommer  des mousses, des fougères, les lichens  ou les aiguilles des conifères.

Cette accumulation d’aliment a pour fonction de fournir l’énergie nécessaire aux diverses mues que la chenille va devoir traverser et en fin de cycle  à sa transformation en papillon. Durant la nymphose le papillon ne prend plus aucune nourriture et la chenille doit parvenir à ce stade rempli d’Énergie pour être capable d’effectuer la grande métamorphose.

Le corps des chenilles  est fait pour manger. Il est constitué d’une tête faite d’une capsule dure de chitine, de mâchoires très puissantes et d’un long corps mou  traversé par un long intestin .

Si l’on entre un peu dans le détail, on peut dire que la chenille est constituée  de 3 parties . La tête, le thorax et l’abdomen.

1 ) la tête est dotée de mâchoires très puissantes de type broyeur, d’une filière qui servira au filage de la soie , de palpes labiaux, de très courtes antennes et d’ ocelles, ou stemmates,  qui sont des yeux simples qui ne permettent pas de voir des images,  mais donnent des informations sur la luminosité . ceux-ci au nombre de 12  sont disposés de chaque côté de la tête (6 de chaque côté).

2 ) le thorax correspond aux trois premiers segments  qui suivent la tête. Chaque segment porte une paire de vraies pattes articulées qui se terminent chacune  par une griffe unique   . Celles-ci servent  plus  à la chenille pour  s’accrocher que pour  se déplacer .

3 ) L’abdomen est composé de 10 segments ou anneaux charnus . Les segments 3 à 6  sont souvent dotés de fausses-pattes* et le dernier segment d’une  autre paire de pattes dite anale .

Ces  pattes sont munies  de crochets ou parfois de ventouses  et servent au déplacement de la chenille.

La respiration se fait grâce des petites ouvertures nommées spiracles ou stigmates qui sont situés de chaque côté du corps  . En général, on en trouve 1 paire par anneau,  mais il peut y avoir des différences selon les espèces . Les stigmates fonctionnent  comme des valves et ne s’ouvrent que lorsque la chenille a besoin d’oxygène.

Certaines chenilles sont recouvertes de touffes de poil ou de petite  épine qui ont des vertus défensives . La chenille processionnaire par exemple  est recouverte de milliers de poils qui sont comme des minis aiguilles. Non contents d’être piquants, ses poils contiennent aussi une protéine toxique qui est très irritante et qui décourage un grand nombre de prédateurs.

Épines de la chenille de la grande tortue (Nymphalis polychloros)

Phytophages ou carnivores ?

En Europe,  la plupart des chenilles sont phytophages et se nourrissent de végétaux. Certaines, comme celles de l’azuré du serpolet et quelques espèces qui lui sont proches, ont un régime carnivore sur la fin de leur cycle.

De nombreuses espèces phytophages  peuvent en revanche pratiquer le cannibalisme à l’occasion quand la nourriture vient à manquer.

Mais il existe dans le monde  et notamment sous les tropiques un certain nombre de lépidoptères de la famille des lycaenidae  dont les chenilles sont carnivores du début a la fin de leur évolution. Ces chenilles se nourrissent de petits animaux  comme les pucerons, les cochenilles ou les membres de la famille des homoptères.    

La mue

Les chenilles n’ont pas de muscles . La forme du corps n’est due qu’à la forme de la peau qui est gonflée par la pression de l’hémolymphe dans lequel baignent les organes .  Pour cette raison la chenille doit changer de peau et muer lorsqu’elle grandit. Une nouvelle peau , plus grande, se développe alors sous la première.  Une chenille peut effectuer 4 à 5 mues au cours de son développement .

Pour exécuter cette mue qui va l’exposer,  la chenille choisit un endroit tranquille , s’immobilise et  cesse de manger. Elle gonfle alors la région antérieure de son corps en faisant pression avec son hémolymphe et déchire l’ancienne peau devenue trop petite. Celle-ci se fend d’abord sur la partie arrière et la chenille s’en extrait en progressant vers l’avant .

Il est impossible de déterminer le sexe des chenilles à l’œil nu, car elles ne possèdent pas  d’organes génitaux . Seule une analyse génétique le permettrait .

Phalène sur une branche de buddleia

Très lente dans leur déplacement, les chenilles sont des proies faciles et très recherchées par les oiseaux et de nombreux autres prédateurs . Pour cette raison certaines chenilles ont des tenues de camouflage   (cryptique)  qui imite la couleur des feuilles ou la texture du bois .

Je suis passé à de nombreuses reprises  devant cet arbuste avant de repérer cette chenille de la phalène  qui s’était  immobilisée sur cette branche dont elle a la couleur même la  forme (mimèse) .

Camouflage

Pour se défendre des prédateurs,  les chenilles adoptent le camouflage . « Adopte  » est une façon de parler puisque cette homochromie avec le milieu qui les rend quasiment  invisibles se fait par le biais de la sélection naturelle et non par une quelconque volonté de l’animal.  

Les chenilles qui ont des teintes proches de leur plante hôte sont  tout simplement moins mangées et moins parasitées et peuvent davantage transmettre leurs gènes que celles qui ont des tons plus criards.

La couleur des  chenilles est donc souvent le vert ou le marron, car ces couleurs sont les plus fréquentes dans la nature. La couleur  dépend surtout des teintes de la plante hôte sur laquelle la chenille va passer le plus clair de son temps. Pour renforcer l’illusion, la couleur est rarement uniforme. Beaucoup ont des stries ou des rayures obliques qui viennent casser les formes de l’animal  .

Camouflage d’un militaire
Chenille du Grand mars changeant (Photo H Bouyon )

Les militaires qui ne veulent pas être vus des ennemis utilisent la même technique en revêtant des vêtements vert et marron et en se dessinant des lignes obliques sur le visage pour brouiller la lecture. Des chenilles comme celle du Flambé (iphiclides podalirius) ou du Grand mars changeant (Apatura iris) jouent  sur deux tableaux en utilisant des lignes obliques et en ayant des formes qui les font ressembler à des feuilles enroulées.

Ce dernier type d’imitation par un animal d’une forme de la nature est appelé mimèse.

La chenille de la nymphale de l’arbousier et celle de la mélitée du plantain sont des parfaits exemples de mimèse . Le corps de la première imite parfaitement la feuille de l’arbousier tandis que le corps de la seconde imite par la forme et les couleurs, les épis du plantain.

Certaines  phalènes  peuvent même changer leur couleur en fonction de la tige sur laquelle elle se trouve.   Des zones plus ou moins sombres sur la chenille jouent aussi un rôle de protection en brisant l’effet de l’ombre qui peut trahir une  présence. Parmi les autres éléments de dissimulation, on peut aussi nommer la pilosité qui est parfois si importante qu’on devine à peine ce qui se cache dessous.    

Soies

Plusieurs espèces produisent  de la soie qui sert à fabriquer des toiles pour envelopper les chenilles ou à tisser des cocons pour renforcer la protection de  la chrysalide  . La  soie est fabriquer par les glandes salivaires de la chenille.

Chenille de l’hyponomeute du fusain à l’abri dans un cocon de soie.

La soie la plus  (tristement) célèbre est celle qui est produite par le bombyx du murier et qui sert à la fabrication des étoffes.

Inutile de dire que je suis absolument contre ce type d’exploitation des chenilles qui sont élevées à la chaine  puis ébouillantées ou gazé pour que  le cocon ne soit pas déchiré

Paul McCartney disait  : «Si les abattoirs avaient des murs en verre, tout le monde serait végétarien”

Je suis sûr pour ma part que les amateurs de soie seraient très surpris et surement moins enthousiastes s’ils savaient comment leur foulard a été produit et combien d’êtres vivants on ont dû tué pour le réaliser. Il faut quand même tuer 3000 chenilles pour obtenir 250 grammes de fil de soie.    On mesure d’ailleurs là à cette occasion toute la futilité du monde de la  mode qui ne s’attache qu’à l’apparence et qui n’a la plupart du temps aucun respect du vivant. Peu importe s’il a fallu tuer des vaches, des lapins,  , des visons, des crocodiles, ou ébouillanter et gazer des milliers de chenilles pourvu que ça brille et que cela fasse riche.

 (je ferais très bientôt un article sur le sujet)   

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