Huppe fasciée (Hupupa epops)

• Règne : Animalia
• Embranchement : Chordata
• Sous-embranchement : Vertebrata
• Classe: Aves
• Ordre : Bucerotiformes
• Famille : Upupidae
• Genre : Upupa

Présentation

La huppe fasciée est certainement l’un des oiseaux les plus étonnants que l’on puisse voir en France. Avec sa couleur  orange et sa grande huppe dressée sur sa tête, on pourrait facilement la prendre pour un oiseau exotique. Et pourtant, chacun peut la rencontrer dans son jardin ou à l’entrée d’un bois.  Elle a longtemps été la seule espèce de la famille des Upupidae, mais a depuis été rejointe  par la huppe d’Afrique (Upupa africana) et la huppe de Madagascar. Une 4e  huppe, la huppe  de saint Helene , appartenait aussi à cette famille, mais l’espèce s’est éteinte dans les années 1500 peu après la découverte de l’ile par les Portugais . cette huppe ne pouvait pas voler et comme le Dodo  a certainement été exterminée par les nouveaux arrivants qui avaient là de la nourriture facile à attraper.   

La huppe fasciée est aussi du genre Upupa et de l’ordre des Bucerotifoumes qui comprend 4 familles et plus de 74 espèces.

Description

L’espèce se remarque immédiatement par sa forme et par sa couleur. Rares sont les oiseaux orange qui possèdent une grande huppe érectile , un long bec légèrement courbé, un ventre fauve et blanc, un corps plutôt mince et des ailes assez courtes barrées de noir et de blanc . Un peu plus gros qu’un étourneau, la huppe fasciée mesure 26 à 28 cm, pèse de 40 à 100 grammes et à une envergure de 42 à 45 cm.

Elle peut vivre onze ans, mais sa durée dans la nature ou de nombreux dangers la guettent est souvent bien plus courte . Il n’y a pas de dimorphisme évident si ce n’est que la femelle est légèrement plus petite que le mâle et un peu moins colorée. Comme dans la plupart des espèces, les juvéniles ressemblent à la femelle en moins colorée. Leur bec et la huppe sont aussi plus courts.

Alimentation

La huppe fasciée est strictement insectivore. Elle se nourrit le plus souvent au sol en allant chercher les insectes et les larves avec son long bec. Elle agit de préférence sur des sols mous ou humides qui lui permettent d’enfoncer son bec sans trop d’effort. Elle choisit pour cela des terrains à la végétation clairsemée qui lui permettent d’observer les traces de ces proies sur le sol. Elle recherche également sa nourriture en allant fouiller sous les écorces où se cachent de nombreuses larves .Dans son chapitre sur la huppe, Paul Géroudet décrit parfaitement sa manière de faire :  «  Piquant du bec ici et là dans l’herbe et l’enfonçant dans le sol entre les pierres, un peu partout, elle s’empare des larves et des insectes qu’elle avale assez souvent de curieuse façon , en les jetant en l’air et les recevant dans le gosier grand ouvert.»

Son repas se compose généralement de scarabées, de grillons, de chenilles , de fourmis ou de courtilières. Quand elle en a l’occasion, elle peut aussi capturer des petits vertébrés comme les grenouilles, les lézards ou les serpents. Elle apprécie aussi les chrysalides et notamment les chrysalides de chenilles processionnaires comme le montre l’auteur Gérard Guillot dans son article* sur le site Zoom nature.

Selon lui, l’attrait de la huppe fasciée pour ces chenilles viendrait de ce que les processionnaires se nymphosent sur un espace très réduit et que l’oiseau peut ainsi revenir chaque jour se nourrir des 200 ou 300 chrysalides enfouies dans le sol .

Un autre avantage est que les femelles de la processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) ont tendance à revenir pondre leurs œufs chaque année sur les mêmes pins et que les huppes , qui ont une bonne mémoire, peuvent revenir se servir pendant plusieurs années au même restaurant.

Les autres chenilles se nymphosent en général en solitaire et demandent plus de travail de recherche à ceux qui s’en nourrissent.  

Nidification 

Le mâle débute la parade nuptiale par l’offrande d’un insecte à la femelle. Il poursuit par de nombreux vols et une série de chants qui visent à attirer l’attention de la femelle et à la faire venir sur son territoire. Des études ont montré que la longueur des chants avait leur importance et que les femelles appariées avec des mâles qui avaient de longs chants pondaient plus tôt, produisaient des pontes plus importantes et parvenaient à faire une seconde ponte réussie dans la saison. Selon l’étude cela venait de ce que les mâles qui chantaient plus longtemps étaient aussi plus investis dans  le nourrissage des petits et notamment dans la seconde phase du nourrissage où les juvéniles ont besoin de proies plus grosses et donc plus difficiles à attraper .

Les huppes construisent leur nid dans des cavités naturelles comme la loge des pics , les fissures dans les murs ou les trous dans le sol. Elles peuvent aussi s’installer dans de vieux baraquements ou n’importe quel abri qui crée une protection . La femelle pond ses œufs directement sur le sol ou le recouvre rapidement de quelques plumes ou mousse qui adoucissent un peu le terrain . Elle effectue une ou deux pontes par an. Une en avril- mai et une autre en fin d’été si le temps le permet. Chaque ponte comporte 5 à 8 œufs. La femelle couve seule les œufs . Pendant ce temps, le mâle ne reste pas inactif et vient la nourrir pendant les 18 jours que dure l’incubation.

Les deux parents nourrissent ensuite les petits à tour de rôle comme c’est souvent le cas chez les espèces nidicoles. Au bout d’une vingtaine de jours, les juvéniles sautent du nid . Les parents s’en occupent encore un peu jusqu’à ce qu’ils deviennent complètement autonomes.

Une forte odeur

Les huppes fasciées ont longtemps eu la réputation d’être malpropres à cause de l’odeur que dégage le nid. C’est bien sûr complètement faux puisque les huppes comme les autres oiseaux nettoient régulièrement le nid. C’est seulement vers la fin de la nidification, quand la cavité est devenue trop petite pour la famille , que les odeurs deviennent fortes . Les parents n’ont plus alors la place d’évacuer les excréments qui s’accumule autour d’eux . S’ajoute à cela l’odeur venant des glandes uropygiennes produit par la femelle et les petits. Ces odeurs très désagréables ont pour fonction d’éloigner les prédateurs, mais jouent aussi un rôle antiparasitaire . La femelle produit cette sécrétion pendant la nidification . Les juvéniles, eux, cessent de la fabriquer dès qu’ils ont passé les 30 jours. Les jeunes huppes ont aussi la particularité d’éjaculer leurs excréments à distance quand ils se sentent menacés.

Chant

Le chant de la huppe est très particulier et permet de la reconnaitre aussitôt.  Comme je l’explique dans la partie étymologie, il est même à l’origine de son nom. Le son caractéristique de l’oiseau « houp, houp, houp » est devenu avec une légère transformation son nom de genre « Upupa ». Ce « houp, houp, houp » que l’on peut entendre à partir du mois d’avril-mai est généralement répété en boucle avec une petite pause entre deux séries. Il est le moyen qu’a le mâle de sa faire entendre par la femelle. Un autre cri, dit d’interaction, ressemble à un grognement souvent qualifié par les spécialistes du chant de râpeux (creek,creek,creek).  

Le chant est essentiellement utilisé par les mâles lors de la période prénuptiale. Des observations ont montré que les mâles cessent de chanter lorsque la femelle arrive près d’eux.  

On dit que la huppe pupule ou pupute.

Migration

La huppe fasciée est un oiseau migrateur. Elle passe l’été dans l’écozone paléarctique qui va de l’Europe à l’Asie, mais descend au début de l’hiver vers l’Afrique subsaharienne. Certains individus peuvent hiverner sur les bords de la méditerranée quand le temps le permet, mais la plupart se dirigent vers le Niger , le Gabon ou le Sénégal. Les premières huppes fasciées remontent vers la mi-février, mais la majorité d’entre elles attendent les mois d’avril ou mai pour revenir en France.  

Distribution

La huppe fasciée est présente en été dans toute l’écozone paléarctique* qui va de l’Europe à la Russie en passant par la chine et le japon. Elle est également présente en Afrique du Nord  , en Italie et dans le nord de l’Espagne . En hiver, l’espèce descend vers la partie sud de l’Afrique. Des petites colonies peuvent être rencontrées à Madagascar dans le sud de l’Australie, en Amérique du Nord  et en Alaska sur les bords de la mer de Béring.

Taxonomie

La Huppe fasciée a été décrite et nommé Hupupa epops en 1758 par le naturaliste suédoisCarl von Linné.

L’espèce a été rangée dans l’ordre des Coraciiformes en 1884 par l’ornithologie écossaise Henry Ogg Forbes avant d’être reclassée 4 ans plus tard, en 1888, dans l’ordre des Bucerotiformes par l’anatomiste allemand Max Fürbringer.  

Étymologie

Le nom de genre  Hupupa  est d’origine onomatopéique . Il s’inspire du cri de l’oiseau qui semble dire Houppou-pou.

L’épithète  epops  était le nom donné par Aristote à l’oiseau. Là encore le nom était inspiré par le chant de la huppe fasciée que les Grecs de l’époque transcrivaient par « époipoi ».

Le nom vernaculaire  Huppe  dérive du nom de genre Hupupa.  L’oiseau doit donc son nom à son cri et non à sa huppe qui a hérité elle aussi du nom du cri de l’oiseau.

Fasciée descend du latin fascia, bande ou bandelette . Le mot renvoie aux rayures noires que l’oiseau porte sur ses ailes et sa queue .

En France, on l’appelle aussi valet du coucou ou laquais du coucou . Ce surnom vient de ce que la huppe arrive de migration quelques jours avant le coucou et que le cri de la première annonce l’arrivée de la seconde.

Un autre nom ancien est Jau boubou . « Boubou » est l’onomatopée du cri et « jau » un nom qui est aussi donné au coq . Pierre Cabard, dans sa belle étymologie des noms d’oiseaux, écrit ceci : « Jau boubou est interprété par Desfayes comme signifiant « bariolé » et la huppe fasciée est effectivement bariolée. »

Les provençaux, qui ne manquent jamais d’imagination pour les animaux qu’ils apprécient, lui ont donné plusieurs noms. il l’appelle Petugo mais la nomment également, Boubuiro, Boupolo, Pouput, Poupo, Calemberto ou Upeyo.   Les Gascons eux disent puput ou upa.

Dans de nombreux pays, la huppe a une très bonne réputation. Dans les pays arabes, elle est considérée comme un oiseau qui porte chance et qui éloigne le mauvais œil . Les ornithomanciens* qui lisaient l’avenir dans le vol des oiseaux aurait dit qu’elle est « de bon augure » . Il est même écrit dans le coran que la huppe fasciée est la messagère du roi Salomon auprès de la reine Saba.   

En France, c’est un peu le contraire puisque l’accent est souvent mis sur sa mauvaise odeur ou son allure un peu gauche. Le mot dupe découle d’ailleurs du mot huppe. Les anciens avaient dû penser que cet oiseau à huppe devait être facile à duper. 

Dans le langage des oiseaux (Manteq-otteyr) du maitre soufi Farid al-din Attar, la huppe est le messager de l’invisible. Dans ce livre, écrit au XIIe siècle, la huppe fasciée invite les autres oiseaux à partir à la conquête du simorgh. Ce dernier est un oiseau mythique de grande taille capable de porter sur son dos un chameau ou un éléphant.   

Si on croit la légende, le simorgh vit 1700 ans (quand il n’est pas immortel ) et son nid est installé dans l’arbre du savoir.

Le mot houppe, qui dérive du mot huppe, montre comment le langage évolue. Huppe a été créée à partir du son de l’oiseau (upupa) alors que la houppe ne s’inspire plus que la forme de la huppe.   

L’origine onomatopéique se lit aussi dans de nombreux noms vernaculaires à l’étranger.

Les Anglais disent Hoopae

les Hollandais Hop.,

Les Arméniens Hopop

Les italiens Upupa,

Les catalan puput,

Les portugais Poupa,

etc.

Citation

 
Expression provençale :  A d’ieu viéu coumo la Petugo « il a des yeux vieux comme une huppe » (de mauvais yeux…)

*Ecozone paléarctique

Une des 8 zones biogéographique de la terre .

Elle comprend l’Europe , l’Afrique du nord et  les deux tiers nord de l’Asie et du moyen orient. Cette zone est caractérisé par son climat plutôt  tempéré.