Cycle des papillons-1-Les œufs-

1 Les œufs

Les œufs portent en eux tout le devenir de l’insecte. Chez les lépidoptères les formes et les couleurs sont infinies et varient selon les espèces ou les sous-espèces . Ils peuvent être sphériques ou ovales comme la plupart des œufs, mais peuvent aussi avoir des formes plus aplaties, en forme de cône, de ballon de rugby ou de bouteilles . Les motifs ou les alvéoles qui se trouvent dessus peuvent prendre eux aussi les formes les plus étonnantes. De tous les insectes, les papillons sont ceux qui ont les formes d’œufs les plus variés. 

Grâce à ces différences les spécialistes sont capables de dire l’espèce et souvent aussi son stade en observant la forme l’ emplacement ou la couleur des œufs .

Les œufs peuvent être blancs , roses, jaunes ou verts, mais ils peuvent prendre des teintes plus sombres juste avant l’éclosion . On peut d’ailleurs parfois apercevoir l’embryon juste avant l’éclosion à travers le chorion* devenu translucide.

Oeufs de Macrothylacia rubi (le Bombyx de la Ronce)
Oeufs de Macrothylacia rubi sur feuille d’iris

La taille des œufs n’est pas forcement en rapport avec la taille du papillon.  De gros papillons peuvent pondre de tout petit œuf et inversement. Pour ce qui concerne les espèces que nous pouvons voir en France ou en Europe, la taille peut aller de 0.3 mm à 3 mm. Leur diamètre diminue au fur et à mesure que la femelle vieillit, car ces réserves nutritives se réduisent.

Les œufs sont déposés en groupe ou isolément par la femelle sur ou à côté de la plante hôte qui deviendra la nourriture principale de la chenille. Habituellement , la femelle les colle sur le revers des feuilles pour qu’ils restent invisibles des prédateurs et qu’ils soient aussi à l’abri du soleil ou de la pluie, mais la nature étant ce qu’elle est on peut toujours trouver des exceptions à cette règle.  Chez certaines espèces, la dépose est moins délicate.  Les femelles « larguent » leurs œufs à proximité de la plante hôte comme un bombardier larguerait ses bombes .On se doute qu’avec cette technique approximative il doit y avoir un peu plus de casse.

Lors de la ponte, la femelle fait attention à repartir les œufs en fonction de la quantité de nourriture disponible pour que chaque chenille puisse se nourrir convenablement.  Le manque de feuilles amènerait forcément au décès des chenilles . Certaines espèces sont cannibales et les individus finiraient par se manger entre eux s’il n’y a plus assez de nourriture.

Une fois qu’elle a pondu, la femelle s’en va et ne s’occupe plus de sa descendance qui devra se débrouiller seule.  

Pour la femelle, trouver la bonne plante n’est pas chose facile.  Mais les papillons sont dotés d’organes extrêmement sensibles qui leur permettent de ne pratiquement jamais se tromper. Des zones comme les antennes ou les pattes sont notamment pourvues de nombreux capteurs qui informent le papillon sur le gout, l’odeur ou la texture d’une plante. On a longtemps cru que les femelles papillons retrouvaient les plantes parce qu’elles reconnaissaient les plantes sur lesquelles elles s’étaient nourries à l’état de chenilles, mais cette explication ne vaut pas pour toutes les espèces .

Dans son ouvrage très complet sur les papillons d’Europe, Michael Chinery* cite le cas de l’azuré des nerpruns dont la génération estivale de chenilles se nourrit sur le houx, mais qui une fois atteint le stade du papillon (l’imago) pond sur le lierre . On voit bien ici que la mémoire ne joue aucun rôle et que les papillons ont donc d’autres moyens que nous ignorons, mais qui leur permet d’identifier à coup sûr leurs plantes hôtes.  

  

Azuré des nerpruns sur solidago

Il arrive aussi que les œufs soient déposés dans des endroits où il n’y a pas la plante hôte. Cela arrive quand le temps ne permet pas de voler ou quand la femelle, malgré tous ses efforts, n’a pas réussi à trouver les bonnes plantes aux alentours . Prise de cours, elle doit alors se délester de ses œufs sur la première plante venue. La plupart des papillons réabsorbent leurs œufs lorsqu’ils se rendent compte de l’erreur qui condamne leur descendance . D’autres les laissent sur place et re-pondent plus tard sur la bonne plante .

En général les œufs sont pondus en grand nombre pour compenser les conditions climatiques et les prédateurs qui en détruisent beaucoup . Une femelle peut en pondre 200 en une seule fois et plus de 1000 au cours de sa vie.  

La taille des œufs diminue au fur et à mesure que la femelle vieillit, car ces réserves nutritives se réduisent . 

Les œufs des papillons possèdent une petite dépression sur le dessus où se trouvent un ou plusieurs trous (les pores micropylaires) par lequel entre le sperme lors de la fécondation. On appelle cette zone le micropyle . La coquille de l’œuf est également remplie de pores microcosmiques , les aéropyles*, par lesquels l’air peut entrer pour oxygéner la chenille en formation .

L’embryon se nourrit grâce aux réserves nutritives contenues dans l’œuf. En temps normal, il faut 1 à 2 semaines pour que la chenille soit entièrement formée et prête à sortir de l’œuf . Il faut beaucoup plus de temps lorsque l’espèce hiberne au stade de l’œuf et que l’embryon doit alors passer plusieurs mois enfermé dans sa coquille . Le développement est alors ralenti pour que l’éclosion puisse se dérouler aux premiers jours du printemps.

Les œufs destinés à passer l’hiver sont souvent plus gros et possèdent un chorion plus épais . Ils peuvent également contenir du glycérol qui fait office d’antigel ou être recouverts d’écailles déposées par la femelle au moment de la ponte .

*Chorion

Enveloppe externe de l’œuf.

*Mycropyle : petite zone avec un ou plusieurs trous par lequel le spermatozoïde entre pour venir féconder l’œuf. Après la pénétration le micropyle se referme pour bloquer la venue d’autre spermatozoïde. *Aéropyles : Canaux tout autour de l’œuf qui traversent le chorion des œufs d’insectes qui permettent l’oxygénation de la chenille en formation.

Laisser un commentaire