Gendarme (Pyrrhocoris apterus)

  • Règne : Animalia
  • Classe : Insecta
  • Ordre : Hemiptera
  • Famille :Pyrrhocoridae
  • Sous-famille : Pentatominae
  • Genre : Phyrrhocoris

Les gendarme ou pyrrhocores sont une espèce d’insectes de l’ordre des hémiptères et du sous-ordre des hétéroptères que l’on appelle plus familièrement, les punaises.

Pyrrhocoris apterus ou gendarme

Présentation

Les hétéroptères ou punaises se caractérisent par un appareil buccal de type piqueur suceur et deux paires d’ailes dont les antérieures sont partiellement cornées.  Chez le gendarme, celles-ci sont trop courtes et ne lui permettent pas de voler.

La plupart des gendarmes possèdent des ailes de tailles réduites, c’est la forme dite : « brachyptères ».

D’autres, plus rares , ont des ailes un peu plus longues . C’est la forme « macroptère ».    

Le pyrrhocore est la plus répandue des punaises en Europe. En France elle est la plus connue parmi les 2000 espèces qui y vivent . Dans le monde, plus de 45 000 espèces ont été recensées.

Gendarme (Pyrrhocoris apterus) (Illustration jessica Joachim- https://jessica-joachim.com)

Certaines, comme le gendarme ou la punaise verte, sont terrestres. D’autres comme les Nèpes, les Ranatres, les Notonectes ou les Naucores vivent dans l’eau.

Description

Les gendarmes sont visibles dans les jardins du mois de mars au mois de novembre. Ils aiment vivre en groupe et se dorer au soleil. On peut trouver des colonies comptant plusieurs centaines d’individus, voire des milliers.

Ce sont des animaux sociaux qui partagent volontiers leur espace avec d’autres animaux. il n’est pas rare, en effet, de les voir se faire « bronzer » en compagnie de fourmis ,  de coccinelles ou d’autres espèces de punaises .

Ils sont facilement reconnaissables grâce aux dessins de leur carapace qui comporte un triangle noir, deux grands ronds noirs et 2 autres plus petits, de chaque côté du triangle. Les motifs font un peu penser aux masques africains .

Contrairement à d’autres espèces, ils ne cherchent pas à se cacher puisqu’ils se sentent protégés par l’association de leur 2 couleurs, le rouge et noir, qui signale aux éventuels prédateurs leur grande toxicité (aposématisme*).

Celui qui se risquerait à les croquer aurait en effet quelques problèmes gastriques avant de décéder.

Autre conséquence de la toxicité qui les protège des prédateurs :  les gendarmes ne sentent pas mauvais, car ils ne possèdent pas les glandes odoriférantes dont sont pourvues certaines espèces de punaises.

Alimentation

Les gendarmes ont une alimentation variée puisqu’ils sont nécrophages et phytophages. C’est-à-dire qu’ils se nourrissent de tout petits insectes morts ou affaiblis dont ils aspirent les sucs avec leur rostre (fourmis, pucerons, etc.), mais aussi de matières végétales comme les fruits des tilleuls ou certaines graines Les dont celle de la mauve, de l’hibiscus ou de la rose trémière.   

Nuisibles ou pas

Certaines personnes pensent que les gendarmes piquent les fleurs et les font sécher, mais ce n’est pas du tout le cas. En réalité, les gendarmes aiment les fleurs sèches et se retrouvent donc souvent sur des fleurs qui ont séché pour d’autres raisons ; (sécheresse ou maladie).

J’ai eu personnellement beaucoup de gendarmes sur mes hibiscus cet été, ce qui ne les a pas empêchés d’être très florifères.

La punaise ne cause donc aucun dégât au jardin et doit même être considérée comme un auxiliaire grâce au travail de nettoyage des animaux morts et à son goût pour les pucerons.

Un insecte social

Le gendarme est un animal social qui partage volontiers son espace avec d’autres animaux. Il n’est pas rare de le voir se faire “bronzer” en compagnie de fourmis, de coccinelles ou d’autres espèces de punaises.

Reproduction

L’accouplement du gendarme est facilement observable, car très long. Il se déroule au printemps et peut durer de 12 heures à 7 jours pendant lequel mâle et femelle restent collés dos à dos.

Il faut alors en profiter  pour regarder le pénis très particulier du mâle qui a une forme de rotule . Les spécialistes diront « tubercule génital et fente vulvaire chez la femelle » et « bulbe génital sphérique » chez le mâle . L’attelage fait penser au système de nos  remorques, en plus sophistiqué. Car bien que  les deux gendarmes soient attachés dos à dos,  la souplesse du système d’attache leur permet de faire des mouvements dans presque toutes les directions. Pour apprécier cette position, il faut juste accepter d’être tracté en marche arrière , ce qui est souvent le cas  du mâle qui est plus petit et donc moins costaud que la femelle . Une fois accroché,  le mâle déploie son pénis qui pénètre la fente vulvaire de la femelle. Et c’est parti pour de longues heures .

Certains scientifiques avancent l’idée que la longue durée de l’accouplement serait une stratégie du mâle pour empêcher d’autres mâles de féconder la même femelle. On pourrait dire qu’il  occupe la place et qu’il n’est pas pressé de s’en aller.

Bien qu’ils soient très reconnaissables les gendarmes peuvent être confondues avec d’autres punaises qui sont également rouges et noires comme la punaise du chou , la punaise de la jusquiame , la punaise écuyère ou encore la punaise arlequin . La punaise qui lui ressemble le plus est la punaise méditerranéenne Scantius aegyptus qui est quasiment identique, mais qui ne présente pas les deux petits point noirs de chaque côté du triangle noir (A l’avant de la corie).

Nidification

L’espèce est dite « univoltine », C’est çà dire qu’elle ne produit qu’une génération par an, mais il semblerait  qu’elle puisse parfois être bivoltine (2 générations par an) dans les régions du sud où la chaleur est présente sur une longue durée.

La femelle pond entre 30 et 50 œufs  qu’elle dépose dans la terre, sous des feuilles mortes, des pierres ou tout ce qui peut dissimuler les œufs. Ceux-ci font 1mm de diamètre et sont de forme ovale . Blanc au début, ils prennent ensuite une teinte orangée juste avant l’éclosion. L’incubation dure 2 semaines environ.  Le développement larvaire, qui passe par plusieurs stades, dure jusqu’au mois d’aout ou les gendarmes atteindront le stade adulte. Les jeunes se nourrissement de graines et se développent en groupe. Devenus adultes ils hiverneront en se réfugiant sous des pierres ou dans des abris . Ils ne se reproduiront que l’année suivante.

Dimorphisme

Bien qu’ils paraissent identiques au premier regard, mâles et femelles sont facilement reconnaissables. Les femelles sont en général plus grandes et plus larges que les mâles, mais il faut se méfier de cette caractéristique, car la nature est complexe et l’on rencontre aussi parfois des mâles plus grands que les femelles.

Pour avoir des certitudes, il vaut mieux se baser sur la partie arrière du corps où les différences sont plus signifiantes .  

La partie noire à l’arrière des hémélytres* qui correspond à des segments abdominaux (tergites) est plus développée chez la femelle . Sur la photo ci-dessus,  on peut compter  1 trait pour le mâle alors qu’il y en a trois chez la femelle.

Autre différence : le dernier segment dorsal (pygidium)  du mâle a une forme de langue relevée et se termine par une tache rouge .

Ethymologie

Le nom « gendarme » vient de son apparence qui rappelle l’uniforme de la garde militaire sous Louis XVI. Les surnoms « soldats »,« Suisses » ou pompiers  lui ont été donnés pour les mêmes raisons.  

Mais des surnoms il n’en manque pas et on l’appelle aussi « punaise rouge » , « pyrrhocore aptère », « punaise au corps de feu »,  « bête indienne »  ou « cherche midi » en raison de son goût pour le chaud soleil de la mi-journée.

Le mot Pyrrhocoris a été créé à partir de deux mots grecs . « pyrrhós » « le feu  » et  « kóris »  qui veut dire  « punaise ».

Apterus signifie « qui n’a pas d’ailes. Ce qui n’est pas entièrement vrai puisque, comme je l’ai déjà noté, les gendarmes possèdent deux paires d’ailes.  Mais deux paires d’ailes qui sont trop courtes et qui ne leur permettent pas de voler. 

Le nom du sous ordre “Hétéroptère” dont font partie les punaises vient des mots  grecs  « hétéros » autre ou différent  et de « ptère » aile. Le tout exprime l’idée d’un insecte aux ailes différentes, ce qui est la réalité puisque les punaises ont une structure d’aile différente  des autres insectes.

Le nom familier « punaise » est le féminin du mot latin « punaisatus » qui signifie « qui pue au nez »  

*Aposématisme

L’aposématisme est une stratégie qui permet à certains organismes (en général des animaux, mais aussi des plantes) d’émettre un signal d’avertissement qui peut être visuel, sonore ou olfactif pour dissuader les éventuels prédateurs de s’attaquer à eux. L’aposématisme prévient en général d’un empoisonnement, d’une toxicité quelconque et d’un danger imminent.  

En rouge et noir (Gendarme ( Pyrrhocoris apterus) et coccinelle à virgule (exochomus quadipustulatus).)

*Hémélytre : Ailes supérieures des insectes hétéroptères, formée d’une base coriace et d’une extrémité membraneuse .

*Pygidium: Partie terminale non segmentée du corps d’un animal segmenté. Il porte l’anus et correspond au dernier anneau de l’abdomen chez les arthropodes.

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