Au mois de mai, je vous avais parlé de la « belle dame » (Vanessa cardui), ce beau papillon qui venait d’arriver du Maghreb après une longue migration.
La voilà, cet après-midi, qui se gave de pollen en prévision du trajet retour qu’elle va bientôt entreprendre.
Toutes les belles dames, en effet, repartent au mois d’octobre en direction du nord de l’Afrique où elles passeront l’hiver.
D’après des études récentes, la belle dame serait le « papillon » qui aurait le plus long cycle migratoire. Plus de 13 000 kilomètres aller-retour entre l’Afrique et le nord de l’Europe, soit 2 000 kilomètres de plus que le monarque qui détenait jusqu’alors le record.
Étant donné que la durée de vie moyenne de la belle dame est d’un mois, le voyage aller-retour se fait sur 7 ou 8 générations.
Mais la belle dame n’est pas « l’insecte » qui parcourt la plus grande distance. Elle arrive en deuxième position après une libellule, le « pantale globe trotteur » (Pantala flavescens), qui peut parcourir jusqu’à 18 000 kilomètres aller-retour de l’inde à l’Afrique orientale. La migration complète se déroule sur 4 générations. Il faut dire que cette libellule est exceptionnelle puisqu’elle est capable de parcourir plus de 6 000 kilomètres dans sa vie et qu’elle peut voler 3 500 km sans s’arrêter.
Le record absolu de migration animale est détenu par un oiseau, la sterne arctique qui peut parcourir jusqu’à 70000 kilomètres chaque année lors de sa migration d’un pôle à l’autre.
Pause migration
J’ai eu la chance cette année d’assister à une pause migration des Belles-dames (Vanessa cardui) au jardin des oiseaux .
En général l’espèce est toujours présente et elle a même été présente en grand nombre en 2022 où elle était apparue en mai pour disparaitre en octobre .
Mais cette année aucune belle dame jusqu’au 13 septembre. Ce jour-là en arrivant j’ai découvert qu’une cinquantaine de vanesse du chardon voletaient partout et se nourrissaient du nectar des asters qui étaient alors en pleine fleur.
À voir leur nombre et la faim qui semblait les tenailler, j’ai immédiatement compris que mon jardin servait de Restauroute sur le chemin de la grande migration qui les menait des pays du nord (Norvège , suède Finlande) vers le Maghreb . La suite m’a prouvé que mon intuition était bonne puisque les belles dames sont restées deux jours pendant lesquels elles n’ont cessé de butiner les fleurs et qu’elles ont toutes disparu deux jours après. Le 16 septembre au matin, elles n’étaient plus là .
J’avoue que cet épisode m’a beaucoup plu et que j’ai eu comme un sentiment de fierté en comprenant que mon jardin avait été choisi par ces belles dames pour effectuer leur pause butinage.
Je rappelle que les Belles-dames sont les papillons qui effectuent les plus grandes migrations. Elles devancent même le célèbre Monarque américain . Ce dernier effectue des trajets qui peuvent aller jusqu’à 10000 kilomètres aller-retour alors que la belle dame, elle, peut parcourir jusqu’à 12000 kilomètres de l’Afrique jusqu’au nord de l’Europe et retour . La migration se fait bien sûr plusieurs générations. 2 ou 3 à l’aller selon les vents , et la même chose pour le retour .
Mais les belles dames semblent capables de faire mieux puisqu’une étude récente réalisée cette année a suivi une migration qui est partie d’Afrique vers la Guyane en parcourant plus de 4000 kilomètres au-dessus de l’atlantique . L’histoire ne dit pas si les papillons ont fait une pause sur un bateau, mais la performance laisse songeur puisqu’on imagine mal que les papillons aient pu se reproduire en mer. Cet exploit pourra faire réfléchir en tout cas ceux qui croient que les lépidoptères sont des petites choses fragiles qui éternuent au moindre courant d’air. 😉
Espèces migratrices
On trouve des migrateurs dans toutes les familles de Rhopalocères . Rien qu’en France, on peut compter plus de 300 espèces qui la pratiquent . Parmi ceux qui effectuent des migrations régulières il y a le flambé , le vulcain, le morio , le souci , la piéride du chou ou de la rave , l’azuré de la luzerne , le Morio sphinx , le soufré, etc. .
Les hétérocères diurnes ne sont pas en reste puisque de nombreuses espèces effectuent aussi des migrations comme le Moro sphinx, la noctuelle baignée , le sphinx du liseron et celui à tête de mort ou le bogong , etc.