Robert le diable (Polygonia c-album)

  • Règne : Animalia
  • Classe : Insecta
  • Ordre : Lepidoptera
  • Famille : Nymphalidae
  • Sous-famille : Nymphalinae
  • Genre : Polygonia

Description

Décrit en 1758 par Linné, ce papillon de taille moyenne et de couleur brun orange avec des taches noires, doit son nom à la forme de ses ailes découpées (polygonia = qui a plusieurs angles) et à la petite virgule blanche en forme de c qui se trouve sur le revers de ses ailes (C- album =c- blanc ). Le mot album vient de l’adjectif latin « albus » blanc .

Robert le diable (Polygonia c-album)

Le revers des ailes est une imitation assez remarquable de motifs végétaux . Inutile de dire qu’il est très difficile de le voir lorsqu’il se pose sur un tronc d’arbre ou sur une feuille.

Le dessous des ailes du robert le diable

Les Anglais le nomment « Comma » qui signifie « Virgule «

Son autre nom est « gamma ». Le « C » latin dérive de la 3 ème lettre de l’alphabet grec qui est « Gamma ».

Mais il a aussi été appelé Vanesse gamma,Vanesse c -blanc, papillon-c ou la Bedaude. Ce dernier nom vernaculaire lui a été donné en 1734 par Réaumur qui trouvait que son habit de deux couleurs avec le dessous noir et la virgule blanche faisait penser à l’habit bicolore des Bedeaux qui servaient dans les églises .

La forme « Hutchinsoni » rend hommage à la lépidoptériste anglaise Emma Hutchinson qui a beaucoup travaillé sur le robert le diable. Elle a notamment publié en 1881 un texte sur le déclin possible de ce papillon en grande Bretagne . Elle attribuait cette lente disparition au brulage des vignes de houblon après la récolte qui détruisait les chenilles et les chrysalides. Pour lutter contre ce phénomène, elle collecta des chenilles et des chrysalides dans le comté du Herefordshire et les réintroduisit dans d’autres régions où le papillon avait presque disparu.

Distribution

Il est très présent dans nos jardins et on peut le trouver partout en Europe, en Afrique du Nord et jusqu’en Asie.

Carte GBIF de la présence du robert le diable dans le monde https://www.gbif.org/fr/species/1898544

En France, on peut l’apercevoir du mois de mai jusqu’au mois de septembre.

C’est une espèce bivoltine, c’est-à-dire qu’il y a deux générations de papillons par an.

Certains papillons de la deuxième génération hibernent et ce sont eux que l’on peut voir dès les beaux jours du printemps. Parfois au mois de février lorsque le climat est favorable.

Plantes hôtes

Le Robert-le-diable a plusieurs plantes hôte comme l’ortie dioïque, le noisetier, l’orme de montagne, le houblon, le framboiser ou le groseillier épineux.

Chenille du robert le diable

Dimorphisme sexuel

Le dimorphisme sexuel est à peine visible et joue surtout sur l’intensité de la couleur orange et la taille du papillon. La femelle est un plus claire et elle a une envergure légèrement plus grande que le mâle. Son abdomen qui doit porter les œufs est également plus large que celui du mâle.

Dimorphisme saisonnier

Il existe en revanche un dimorphisme saisonnier assez net . Les papillons qui naissent des adultes qui ont hiverné sont plus clairs et se distinguent de leurs parents qui étaient plus foncés . Cette génération qui apparait à l’état adulte vers le mois de juin est qualifiée de « vernale » . Les ailes sont claires et peu découpées. C’est la forme f..3 hutchinsoni.

Dessous des ailes des deux générations (f. hutchinsoni pris en juin et f.C-album en Octobre )

Les papillons de la seconde génération dite « estivale » sont les enfants de la génération vernale. Conçu au mois de juillet-aout, ils apparaissent à l’état adulte en fin d’été ou au début de l’automne. Ce sont eux qui hiverneront et donneront la génération vernale au printemps . Le dessous des ailes est plus foncé avec des taches verdâtres . Le dessus l’est également et les découpures des ailes sont plus marquées  .  C’est la forme f.c album.  

On voit bien ci dessus les différences de couleurs entre les générations ainsi que les différences de découpe qui sont plus marqués en octobre qu’en juin

Je précise quand même que ce classement en deux formes, comme la plupart des classements des humains, est un peu étriqué et  ne rend pas compte de la variabilité extraordinaire qui existe dans la nature . En  regardant de plus près les photos que j’ai prises de ce papillon  depuis près de 20 ans  je trouve pas mal d’individus, pris en juin,  qui ont les ailes assez découpées et le teint clair,  et d’autres, pris en octobre,  qui ont le teint clair et dont la forme n’est pas si découpée que cela . 

Alimentation

Le robert-le-diable butine les fleurs, mais il a une prédilection, comme le petit mars changeant, pour les suintements de sève ou les fruits bien mûrs.

Le robert-le-diable butine les fleurs, mais il a une prédilection, comme le petit mars changeant, pour les suintements de sève ou les fruits bien mûrs. Il apprécie aussi les matières organiques en décomposition comme les excréments, les urines ou les cadavres dont il extrait les nutriments nécessaire à son alimentation.

Ce comportement,  présent chez de nombreuses espèces d’insectes, est appelé par les Anglais le Mud-puddling . Littéralement « la flaque de boue » ou « pataugeage dans la boue ».

Les matières en décomposition attirent souvent plusieurs papillons et nous donnent l’occasion de voir des espèces comme le petit mars changeant qui ne butine pratiquement jamais les fleurs .

Les Lépidoptères trouvent ces mêmes minéraux sur notre peau en été lorsque nous transpirons . Si un papillon, un jour, vient se poser sur votre bras ou votre oreille,  n’imaginez pas qu’il a été attiré par votre charisme irrésistible .  Non ! il est juste venu boire votre transpiration.

Reproduction

Après l’accouplement , la femelle pond ses œufs sur le revers des feuilles de ses plantes hôtes  de manière isolé ou par petit groupe  . Elle  peut pondre  jusqu’à 500 œufs.

La chenille passe par plusieurs stades. Dans sa forme la plus avancée, elle est brun-jaune avec une tache blanche sur le dessus. (voir photo ci dessus)

Vieux Robert le diable aux ailes abimées. Mais l’âge et ses ailes déchirés ne freinent pas ses ardeurs.
L’injonction de la nature qui lui ordonne de perpétuer l’espèce est plus forte que tout et Il passe encore ses journées à courir,
ou plutôt voler, après les femelles qui traversent son territoire .

Légende

Selon certaines sources, son qualificatif de « diable » lui aurait été donné à cause du profil découpé de ses ailes qui évoque des diables .

Le nom « Robert-le-diable » vient d’une figure légendaire du Moyen Âge.

Selon la légende, la femme du duc de Normandie qui désespérait de ne pas avoir d’enfant invoqua le diable.

De cette invocation naquit Robert .

Enfant terrible, il se comporta comme un petit diable et commit les pires exactions. Jusqu’au jour où sa mère lui avoua son origine diabolique.

À partir de là, son comportement changea du tout au tout. . Il quitta la Normandie, fit pénitence et vœux de silence absolu.

À Rome, il fut remarqué par l’empereur qui l’invita à sa cour. Ce dernier lui offrit même la main de sa fille, mais Robert le diable refusa et préféra continuer à mener une vie d’ermite.

Premier et dernier Robert le diable vu au jardin des oiseaux

5 juin 2022

Quelques autres photos du Robert le diable

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