Accenteur mouchet- Prunella modularis- dunnock

  • Règne : Animalia
  • Classe :Aves
  • Ordre : Passeriformes
  • Famille :Prunellidae
  • Genre : Prunella

Description


L’accenteur mouchet est un  passereau de la famille des Prunellidae qui regroupe douze espèces et un seul genre « Prunella .

En plus de l’Accenteur mouchet,  on peut y trouver  l’Accenteur alpin, l’Accenteur rouge-gorge  , l’Accenteur montanelle, l’Accenteur de radde, l’Accenteur de l’himalaya   l’Accenteur du japon, l’Accenteur de koslov, l’Accenteur à poitrine rousse,  l’Accenteur brun, l’Accenteur à gorge noire ou l’Accenteur immaculé dont l’aire s’étend du Tibet au centre de la chine.

Description

L’accenteur mouchet est un oiseau discret. Ses couleurs gris-bleuté et marron le rendent difficilement visible au milieu de la végétation .

Accenteur Mouchet

Le plus souvent Il se déplace au sol et a l’habitude de chercher sa nourriture en fouinant au milieu des buissons. Cette caractéristique lui a d’ailleurs valu le surnom de « traîne-buisson » qui lui aurait été donné par le naturaliste Buffon.
L’accenteur a une taille moyenne. Il mesure 14 ou 15 cm de long, a une envergure de 20 cm  et pèse entre 19 et 21 grammes. Nombreux sont ceux qui le confondent avec un moineau domestique ou un moineau friquet à cause de son plumage dorsal marron qui peut évoquer l’allure de ces derniers. Par sa manière furtive et agile de se déplacer dans les broussailles, Il peut également être confondu avec une fauvette.


Il n’y a pas de différence notable entre mâle et femelle si ce n’est un gris un peu plus marqué chez le mâle.
Son bec est long et pointu comme celui des insectivores ; clair à sa base, il devient plus foncé vers son extrémité. Sa tête est gris bleu et ses yeux marron. On reconnait immédiatement l’accenteur mouchet grâce aux petits points et aux plumes blanches qui encerclent le dessous de son œil .

Au jardin des oiseaux Je l’ai baptisé « Blue jean » parce que sa couleur bleue sur le ventre et la tête me rappelait la couleur de mes vieux jean’s .

Dimorphisme

Il n’y a pas de différence notable entre mâle et femelle si ce n’est un gris un peu plus marqué chez le mâle.

Distribution

L’accenteur mouchet est présent partout en Europe à l’exception des régions méditerranéennes. On peut le trouver des îles britanniques jusqu’à la partie ouest du Caucase . C’est un migrateur partiel . Seuls les individus qui se trouvent au nord (Finlande, Suède,  Norvège, Estonie)  redescendent pour trouver des climats plus doux . Les autres sont sédentaires ou pratiquent des migrations sur des distances très courtes  .  L’hivernage, lui,  se fait donc sur la partie tempérée de l’Europe et pour une plus faible mesure en Afrique du Nord (Maroc, Tunisie, Algérie ).

Carte GBIF de la présence de l’accenteur mouchet (Prunella modularis ) dans le monde
https://www.gbif.org/fr/species/5231763

L’accenteur Mouchet se plaît partout  et s’adapte très bien à différents types d’habitats comme les forêts, les plaines , les parcs et les jardins  et même les villes où il arrive à s’adapter malgré l’environnement très hostile pour les oiseaux . Contrairement aux autres insectivores, les accenteurs possèdent un jabot dans lequel il font ramollir les graines trop dures .

Alimentation

Les accenteurs se nourrissent essentiellement d’insectes ou de vers de terre qu’ils recherchent en grattant  le sol. Ils se nourrissent également de baies et de graines diverses. En hiver ils viennent rarement aux mangeoires et préfèrent récupérer les graines qui sont tombées au sol.

Blue Jean’s L’accenteur mouchet

Sexualité et conflit sexuel.

L’une des caractéristiques des accenteurs mouchets est que mâles comme femelles ont plusieurs partenaires. Les unes sont polyandres* tandis que les autres sont polygynes*. Le terme exact pour définir ce système sexuel très particulier  est la polygynandrie*.

Le système est assez complexe et une lutte sans merci s’engage entre les mâles dès que la femelle  commence à faire son nid . Le plus fort considère alors que la femelle est la sienne, mais des mâles plus jeunes ou moins forts tentent sans arrêt de lui voler sa « promise ».

Le  mâle alpha doit alors bien les surveiller ce qui lui prend énormément de temps et d’effort,  car la femelle est très ouverte et toujours d’accord pour avoir des relations avec la plupart d’entre eux . Qu’il baisse sa garde un instant et la femelle en profitera pour répondre à l’invitation  d’un mâle secondaire et s’accoupler avec lui à l’abri d’un buisson .

Des observations ont permis de montrer  qu’une femelle  accenteur alpin (l’autre espèce d’accenteur présent en France)  pouvait s’accoupler plus de 1000 fois avant de venir pondre ses œufs dans le nid. 

Couple d’Accenteur mouchet par John gould Domaine public

On peut se demander pourquoi elle se comporte ainsi, mais les raisons sont nombreuses et l’on entre ici au cœur de ce que l’on appelle le « conflit sexuel » . *Les accenteurs mouchets sont en cela un bon exemple. Mâles comme femelles ont, en effet, de bonnes raisons de faire ce qu’ils font, même si tous deux ont des intérêts divergents qui ne se trouvent pas au même endroit . On devrait d’ailleurs étudier plus sérieusement ce type de conflit, car il pourrait, je pense, nous éclairer sur l’éternelle guerre des sexes qui existe aussi entre hommes et femmes La réponse à la question : « pourquoi les femmes ne comprendront jamais rien au comportement des hommes? » ou pourquoi les hommes ne comprendront jamais rien au comportement des femmes? » est surement à chercher dans ce conflit sexuel qui crée des intérêts et des désirs divergents et génère d’immenses tensions depuis la nuit des temps.
On ne comprend pas pourquoi l’autre ne veut pas faire ce qui nous arrange sans jamais prendre en compte le fait que les intérêts sont divergents et ce qui arrange l’un, n’est pas ce qui arrange l’autre .

Mais revenons aux accenteurs mouchets . Le mâle ne comprend pas l’attitude des femelles puisque son intérêt à lui, est de se les approprier afin d’assurer sa descendance. Si la femelle est fidèle, il sera certain d’être le « père » des juvéniles. Mais la femelle ,elle, a d’autres intérêts. Elle sait par exemple que les mâles frustrés de n’avoir pu s’accoupler tenteront de détruire le nid alors et ne l’aideront pas à nourrir les juvéniles . En s’accouplant avec plusieurs d’entre eux, elle règle donc plusieurs problèmes .

Les autres mâles ne chercheront pas à détruire le nid et ils participeront au nourrissage des petits dont ils peuvent imaginer qu’ils sont le géniteur . Il n’est pas rare, en effet, que les œufs soient plusieurs pères . Les mâles, de leur côté, s’accouplent aussi avec plusieurs femelles pour augmenter leur chance d’avoir une descendance .

Chez les accenteurs, les mâles se battent donc pour les femelles, mais les femelles se battent aussi entre elles pour des mâles, ce qui rend la période de nidification assez agitée .

Une autre particularité mérite d’être soulignée . L’angoisse principale des mâles est de ne pas être pas le dernier à s’accoupler avec la femelle. Cette croyance que les petits seront du dernier mâle à injecter son sperme est présente chez de nombreuses espèces animales .

C’est ainsi que l’on peut voir le mâle accenteur frapper le cloaque de la femelle avec son bec juste avant l’accouplement pour tenter d’en faire ressortir le sperme des éventuels concurrents passés avant lui.

Nidification

Les parades amoureuses peuvent débuter dès le mois de février, mais se déroulent plus généralement au début du printemps. Le nid est construit assez bas par la femelle dans un endroit plutôt sombre. Elle apprécie les buissons, les ronciers ou les broussailles qui protègent bien les petits des prédateurs. Le mâle la suit de loin, mais n’intervient pas.

Le nid est assez simple. En forme de cuvette il est composé de brindilles, d’herbes sèches et d’un peu de mousse pour assurer le confort des juvéniles.  

La femelle y dépose 4 ou 5 œufs bleu-turquoise puis se met à les couver pendant une quinzaine de jours. Pendant cette période, elle se nourrit elle-même tandis que le mâle se tient à l’écart. Le séjour des petits une fois éclos dure aussi une quinzaine de jours. Ils sont nourris d’insectes et de graines régurgitées par les 2 parents qui vont chercher la nourriture à tour de rôle. Le coucou vient souvent pondre un œuf dans le nid des accenteurs. Le nid des accenteurs mouchets est souvent choisi par le coucou qui vient y pondre son œuf.

Habituellement, les coucous femelles cherchent à tromper les hôtes en pondant des œufs de la même couleur mais elles ne le font pas lorsqu’il s’agit d’accenteurs mouchets. Alors que les œufs de l’accenteur sont bleus, le coucou y dépose son œuf blanc tacheté de brun.

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour tenter d’expliquer pourquoi les accenteurs acceptent de s’occuper d’un œuf si différent alors que d’autres espèces comme le rouge-gorge le rejetteraient aussitôt.

Selon certains spécialistes, l’accenteur mouchet n’aurait pas assez évolué pour être capable de déceler la supercherie .

Pour d’autres ce serait une stratégie assumée . Dans le doute,  Les accenteurs mouchets préféraient laisser l’œuf blanc d’un coucou et s’occuper de lui plutôt que faire une erreur et jeter par-dessus bord un œuf plus pâle  contenant l’un de leurs petits.

Taxonomie

L’accenteur mouchet a été nommé « Prunella modularis » en 1758 par le naturaliste suédois Carl von Linné

Le genre « Prunella » a été créé par l’ornithologue français Louis Pierre vieillot en 1816. Il est habituellement classé dans la famille des Prunellidae mais dans la  classification de l’ ornithologue Charles Gald Sibley il a été déplacé dans la famille des Passeridae.

La famille des Prunellidae a été proposé en 1908 par l’ornithologue américain Charles Wallace Richmond.
 

Étymologie

Le nom « Accenteur » vient d’un ancien nom scientifique « accentor »  donné au XVIIIe siècle  par le naturaliste allemand Johannes Matthaus Bechein.  « Accentor »  vient du latin « accentio »  et désigne un son appuyé .

Selon pierre Cabard, le mot « mouchet «  se rapporte à sa petite taille et le faire descendre d’un verbe de l’ancien français « Musser » ou « mucher » = se cacher.

D’autres sources pensent qu’il  vient du mot « Moucheté »  pour évoquer les nombreuses taches blanches que l’on retrouve autour de son œil .

Accenteur mouchet

« Prunella » vient du  mot allemand « braunelle »  qui est le diminutif de brun «  . Celui-ci  a été latinisé en « brunella » puis « brunella » .

« Modularis »  du latin modulor fait référence au chant très mélodieux de l’accenteur Mouchet. .

Parce qu’il est souvent au sol et tourne autour des buissons, il  est également appelé « traine buissons » ou   « paisse (passeride) de haie ». Mais on l’appelle également « Roussette », « Rousselotte » ou « Fauvette d’hiver » en raison de soin dos brun  qui peut rappeler les fauvettes.

Les Anglais le nomment « dunnock » (brun)  ou « Hedge sparrow » (moineau des haies).

Les Allemands eux préfèrent tout dire dans un seul mot  et ils l’appellent  « heckenbraunelle » = oiseau brun des haies.

Les mots « haie » ou « buisson » revient dans de nombreuses langues puisqu’on le retrouve aussi dans le néerlandais  « Heggemus » moineau des haies,  l’italien « Passera scopaiola (moineau des buissons).

Le mot fer revient aussi régulièrement dans les langues scandinaves « Jarnsparv, jernspurv » (oiseau de fer) et évoque certainement l’aspect couleur rouille d’une partie de son plumage.

On retrouve  aussi cette association au Portugal ou l’accenteur mouchet est « le forgeron »  ( Ferreirinha ).

Espèces

En France il y a deux espèces d’accenteurs. L’accenteur mouchet (Prunella modularis) que je viens de vous présenter et l’accenteur alpin (Prunella collaris)
) que l’on trouve plus particulièrement dans les montagnes entre 1800 et 4000 mètres.

Accenteur alpin (Prunella collaris) Domaine public

Citation

« La société ne l’attire pas en général , il vaque à ses affaires pour lui même, souvent solitaire; mais il n’est pas querelleur non plus , et s’accommode du voisinage de ses semblables sur un espace restreint… »

Paul géroudet

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