Coucou gris (Cuculus canorus)

  • Règne : Animalia
  • Embranchement : Chordata
  • Classe: Aves
  • Famille : Curculidae
  • Ordre :Cuculliformes
  • Genre : Cuculus

Le coucou gris est une espèce d’oiseaux de la famille des cuculidés .

Je n’ai jamais eu la chance d’en croiser , mais j’ai toujours été surpris et amusé par la particularité propre à cette espèce qui fait que les femelles pondent leurs œufs dans le nid d’autres oiseaux.

Coucou (Cuculus canorus) (Illustration Jessica Joachim https://jessica-joachim.com/ )

Mais je crois que je suis encore plus admiratif  et encore plus étonné  par  les nombreuses  espèces qui se retrouvent  avec l’œuf de coucou et qui en prennent soin  comme s’il était leur propre petit.

La situation est souvent cocasse, quand des espèces minuscules doivent élever cet énorme juvénile, parfois cinq fois plus gros qu’eux, qui prend toute la place dans le nid et qui, non content de se faire nourrir, à peine arrivé,  jette ses demi frères et sœurs par-dessus bord  .

Jusqu’au XIXe siècle, on croyait d’ailleurs que c’étaient les parents de l’espèce colonisée qui laissaient mourir leurs propres petits pour se consacrer à l’énorme coucou.

La vérité fut révélée par la dessinatrice et peintre d’oiseaux Jemima Blackburn. Grâce à la finesse de son sens de l’observation, elle fit remarquer que ce n’était pas les parents qui laissaient mourir les petits, mais le coucou juvénile lui-même qui les passait par-dessus bord afin que les parents puissent se concentrer sur lui.

Qui va à la chasse perd sa place.

La nature est toujours bien faite et les animaux possèdent une science que l’on ne peut qu’admirer. La mère du coucou calcule en effet  le moment où elle pose l’œuf dans le nid pour que celui-ci  éclose juste avant ceux des vrais parents.

La manœuvre est assez simple. Elle attend que ces derniers  aient quitté le nid pour gober l’un des œufs et le remplacer par le sien. Cette manœuvre a deux avantages : lui permettre de prendre un repas et masquer ce qu’elle vient de faire . Si les parents s’apercevaient en revenant qu’il y a un œuf en plus ils risqueraient de s’apercevoir qu’il y a un problème et d’abandonner le nid ou se débarrasser de l’œuf supplémentaire. Le petit coucou à peine sorti doit alors se  dépêcher pour accomplir sa tâche . Le plus étrange est les deux parents  semblent n’y voir aucun problème et vont parfois jusqu’à l’aider à accomplir la besogne.

La femelle coucou  dépose entre 7 et 25 œufs dans les nids d’autres oiseaux à raison d’un œuf par nid.   

Il semblerait qu’elle  préfère déposer son œuf dans une famille d’oiseau similaire à celle qui l’a élevé .

Des observations ont montré que le jeune coucou  se met à la tâche quelques heures après son éclosion . Il se place sous l’œuf ou le juvénile puis pousse avec son dos et ses pattes  jusqu’à ce que la place soit nette.   

Rougegorge qui nourrit un coucou juvénile (photo John Navajo)

50 espèces d’oiseaux peuvent être victime du coucou parmi lesquelles, la rousserolle verderolle, l’accenteur mouchet, le rougequeue noir, les rouges-gorges ou les bergeronnettes. 

Les coucous mâle comme femelle sont des oiseaux solitaires qui ne se  retrouvent qu’au moment de la reproduction. Le territoire du mâle peut s’étendre sur 40 à 150 hectares . celui de la femelle un peu plus réduit (entre 2,5 à 40 hectares) est appelé « territoire de ponte ».

Migration.

Le plus remarquable est que le petit coucou qui a été élevé par des oiseaux d’espèces très différentes de la sienne repart en migration dès la fin de l’été.  Et cela que l’espèce qui l’a élevé soient sédentaire ou migratrice. Le moment venu, il s’en va et rejoint les aires d’hivernage propre à son espèce en Afrique du Sud et en Asie du Sud-est.

Au printemps suivant il reviendra en France  où l’on pourra entendre le célèbre « coucou » qui est le cri du mâle appelant la femelle.  Ce dernier se reproduira avec une femelle de son espèce en restant totalement insensible aux femelles de l’espèce qui l’avait nourri. La femelle fera de même avec les mâles de son espèce.

Être soi coute que coute.

Contrairement aux juvéniles de la plupart des espèces qui, s’attachent et s’identifient à la première espèce qu’ils voient en oubliant d’où ils viennent, les coucous restent fidèles à leur propre espèce d’origine et n’oublient jamais qui ils sont. C’est d’ailleurs le cas de toutes les espèces qui pratique le parasitisme interspécifique*, c’est-à-dire ceux qui pondent leurs œufs dans le nid d’espèces différentes.

Parmi les autres espèces d’oiseaux qui pratique le parasitisme de couvée comme le coucou, on trouve l’Hétéronette à tête noire, tous les oiseaux de la famille des « indicatoridae » comme l’indicateur de walberg , tous les oiseaux de la famille des Ciduidae comme l’anomalospiza parasite  ou les vachers qui vivent en Amérique.

Coucou en vol (photo lukasz Prajzner)

D’autres oiseaux pratiquent le « parasitisme intraspécifique » qui consiste à pondre ses œufs dans le nid d’un couple de la même espèce. Les scientifiques ont recensé 236 espèces qui le pratiquent. C’est le cas entre autres d’oiseaux comme Le flament rose, le canard colvert, l’oie des neiges, la foulque macroule, le vanneau huppé, l’hirondelle rustique, le moineau domestique ou l’étourneau sansonnet.

Jugement moral

Habitués à faire de l’anthropomorphisme, les humains projettent  sur certains oiseaux des qualificatifs péjoratifs tels que « voleuse» pour la pie  ou « profiteuse » pour le coucou . Mais ce genre de qualificatifs n’ont aucun sens  et  la réalité est bien  différente . Comme je l’ai montré dans l’article que je lui ai consacré  la pie ne vole pas mais stocke de la nourriture en prévision d’un hiver rigoureux qui pourrait la tuer.

La femelle coucou, elle,  a également de bonnes raisons de confier ses petits à une autre espèce et ne le ferait pas si elle pouvait s’en passer.

Des spécialistes ont en effet montré que la femelle coucou confiait  ses petits à d’autres espèces pour des raisons alimentaires et morphologiques .

Le coucou se nourrit de grandes chenilles velues qui sont délaissées par la plupart des autres oiseaux . Chenilles très indigestes qui ne peuvent pas être servies  à des juvéniles. Les petits insectes leur  conviendraient mieux, mais la morphologie des coucous adultes leur rend difficile la chasse aux insectes . Ces derniers  se placent souvent en bout de branches  où les feuilles sont plus fraiches mais  le poids des coucous leur interdit  pas de s’y poser . De plus la structure de leurs  pattes ne leur  permet pas de s’agripper solidement aux branches. Ses grandes ailes ne sont pas non plus adaptées à ce genre de chasse comme la forme du  bec, conique et épais, qui est plus fait pour déchiqueter des chenilles que pour attraper des petits insectes.

Pour toutes ses raisons, les coucous ont choisi de confier le nourrissage de leurs juvéniles  à d’autres espèces qui savent mieux qu’eux leur apporter ce dont ils ont besoin .

Étymologie

« Cuculus » est une onomatopée du chant du coucou. On dit que le coucou coucoule .

Cuculus était aussi employé comme un terme injurieux visant les personnes se livrant à l’adultère. Cela évoque les mœurs des coucous pendant la reproduction . Les mâles sont polygames et les femelles, qui dont polyandres, vont voir plusieurs mâles . De là vient aussi le terme ” cocu” qui désigne le mari trompé par sa femme « volage ».

« Canorus » vient du latin « canor » qui signifie sonore ou mélodieux.

*Parasitisme interspécifique :

Parasitisme qui consiste à pondre ses œufs dans le nid d’une autre espèce. On compte sept groupes d’oiseaux chez lequel ce type de parasitisme s’est développé.    C’est un parasitisme de couvée.

Parasitisme intraspécifique

Parasitisme qui consiste à pondre ces œufs dans le nid d’un couple de la même espèce. Les scientifiques ont recensé 236 espèces qui le pratiquent. c’est le cas entre autres d’oiseaux comme Le Flamant rose, le Canard colvert, l’Oie des neiges, la Foulque macroule, le Vanneau huppé, l’Hirondelle rustique, le Moineau domestique ou l’Étourneau sansonnet. On le nomme aussi parasitisme de couvée.

Laisser un commentaire