Le mimétisme est un phénomène très fréquent chez les êtres vivants. Son objectif est toujours de faire croire que l’on est autre chose que ce que l’on prétend être. En règle générale, il a une fonction de protection . l’imitateur l’utilise pour tromper l’autre . Chez les papillons et de nombreux insectes, le mimétisme a principalement pour rôle de faire croire à l’autre que l’on est toxique et que s’en prendre à nous serait une très mauvaise idée. Ce phénomène est notamment très fréquent chez les papillons tropicaux, mais on le rencontre aussi en Europe. le copieur est toujours un papillon non toxique qui copie la livrée colorée (aposématique) d’un papillon toxique en espérant que cette ruse le protègera des prédateurs .
On distingue deux sortes principales de mimétisme. Le mimétisme Batésien et le mimétisme Müllerien.
Mimétisme Batésien
Ce mimétisme a été découvert par 1863 par l’entomologiste Henry Walter Bates. Au cours d’un de ces voyages en Amazonie il découvrit qu’un papillon avait évolué au fil du temps pour prendre les couleurs d’un autre papillon qui faisait partie d’une autre famille. Bates compris que le premier papillon avait évolué pour profiter de la protection aposématique* du deuxième.


Bates trouva de nombreux autres cas de ce genre de mimétisme chez les reptiles (couleuvre faux corail) les papillons (sésie apiforme) , les syrphes ou les mouches (bombylidés) et il en tira quelque lois comme:
-L’espèce qui copie l’autre vit dans la même région et à la même période que l’autre
-Ceux qui copient sont toujours plus vulnérables que l’espèce copiée. Ils sont également moins nombreux .
-Les copieurs font également toujours partie d’une famille ou d’un différent du copié, etc…
La découverte de Henry Walter Bates prit alors son nom et on parle encore aujourd’hui de mimétisme Batésien pour nommer ce phénomène.
Le mimétisme Batésien est une stratégie d’adaptation par l’imitation.
Il s’agit de profiter de la crainte que génère « le vêtement » de l’autre pour allonger sa durée de vie.
Elle implique toujours trois acteurs.
- Le modèle qui va être copié (sa tenue colorée signale sa toxicité)
- L’imitateur qui va copier le modèle (il n’est pas toxique)
- Et le dupe qui va prendre l’imitateur pour le modèle (il prend l’habit pour le moine ).
Chez la plupart des animaux, cette stratégie met plusieurs milliers d’années à se développer puisque l’animal a besoin d’un temps très long pour faire évoluer génétiquement son apparence. On comprend que la transformation de la sésie du peuplier ne s’est pas faite en un jour.
Mimétisme Batésien chez les humains ?
Le mécanisme du mimétisme est commun à tous les animaux, humains compris, et l’on peut facilement le reconnaitre en regardant autour de soi. Que font d’autre, après tout, les enfants de bonne famille lorsqu’ils endossent les accessoires de bad boys (blousons en cuir, piercings) ou qu’ils se font des tatouages un peu “sales” autrefois réservés aux prisonniers.


« Cela explique peut-être aussi pourquoi tant de femmes se font aujourd’hui tatouer et parfois de la tête au pied.
Une manière pour elle de dire : -“Non, je ne suis pas cette oie blanche passive que les hommes perçoivent comme un objet sexuel, mais je suis une femme active qui inscrit sur son corps qu’elle est une killeuse, qu’elle sait se défendre et que comme les prisonniers ou les mauvais garçons, elle peut être toxique.”
La tenue et le changement sont bien plus rapides à effectuer, mais on retrouve exactement la même structure et les mêmes conséquences avec les trois acteurs.
1 Le modèle qui est un véritable « mauvais garçon » ou « mauvaise fille » (il peut être dangereux).
2 L’imitateur, fils ou fille de bonne famille, qui se déguise en Bad boy ou Bad girl pour profiter de la crainte que génère le modèle et de l’aura négative qu’il dégage. (il ou elle est inoffensif (ve)
3 Le dupe qui se fait toujours avoir par l’apparence et qui prend le mouton pour le loup. (son destin est d’être dupé par l’apparence, car il ne perçoit pas le véritable « être » )
Comme je l’ai dit plus haut, la mise en place est bien sûr plus rapide chez les humains puisqu’il suffit de retourner sa veste (j’en connais qui la retournent plusieurs fois par jour), ou de changer de coupe de cheveux. Une crête, genre punk, peut avoir un effet au moins aussi dissuasif que les couleurs aposématiques du frelon ou de la punaise du choux.
Le mimétisme Batésien est une sorte de parasitisme
Le mimétisme Batésien est une sorte de parasitisme puisque l’imitateur copie le modèle et vit en quelque sorte « sur son dos ».
Et comme tout parasitisme il peut avoir des conséquences positives ou négatives.
Parmi ses conséquences inattendues, il y a le fait que l’espèce copieuse va dans un premier temps se développer, car elle est maintenant crainte des prédateurs et peu chassée. Sa population va alors croitre. Devant le surnombre quelques insectes « malvoyants » vont s’attaquer à elle se rendre compte qu’elle est excellente.
Le message va alors se répandre parmi les prédateurs que les insectes ayant cette tenue sont comestibles et l’effet aposématique va peu à peu disparaitre.
Le résultat de ce jeu de dupe est que le modèle lui-même, malgré sa réelle toxicité, va être attaqué et sa population mise en danger à cause de ces insectes imitateurs qui ont endossé son vêtement pour tromper les prédateurs.
La morale de cette histoire est que toute action ou inaction peut avoir des conséquences et que la fragilité ou la force, les gentils ou les méchants ne sont pas toujours du côté qu’on croit.
On peut également se servir de ce type de phénomène très fréquent pour réaliser que la vie est faite de nombreuses illusions et que les êtres illusionnés qui prennent l’habit pour le moine sont bien plus nombreux qu’on l’imagine.
Mimétisme Müllerien
On parle de mimétisme Müllerien lorsqu’une espèce toxique imite une autre espèce toxique pour que l’impact visuel qui dit « DANGER » prenne encore plus de poids . À la différence du mimétisme Batésien, il n’y a pas ici de tromperie et encore moins de dupes puisque les deux espèces sont toxiques. Le mimétisme Müllérien est un mimétisme gagnant-gagnant. Le résultat est un renforcement du message qui protège encore mieux le copieur comme le modèle.
Le concept de mimétisme Müllérien doit son nom à Fritz Müller (1822/1897), un zoologue allemand qui l’a découvert et expliqué en 1878. Fervent défenseur de la théorie de l’évolution, il correspondait régulièrement avec Darwin qui disait de lui qu’ il était le roi des observateurs.
Aposématique : se dit de la tenue très voyante d’insectes toxiques ou immangeables.