La phalène du bouleau (Biston betularia) ou le mélanisme industriel.

La phalène du bouleau est un exemple frappant de mimétisme adaptatif . Il montre la rapidité avec laquelle une espèce peut se modifier et vient dans le même temps confirmer la théorie de de l’évolution de Darwin .

Phalène du bouleau forme typica (photo ressources.unisciel.fr)

Les phalènes du bouleau sont traditionnellement des papillons de nuit aux ailes blanches tachetées de noir . Ce costume « taillé sur mesure » leur permet de devenir quasiment invisibles en journée lorsqu’elles dorment sur des bouleaux ou des  arbres recouverts de lichens qui ont les mêmes marbrures.

Mais en 1850, on observa pour la première fois à Manchester en Angleterre des phalènes du bouleau entièrement noires. 50 ans plus tard, on s’aperçut que l’espèce avait muté et que cette forme noire dite (Carbonaria) représentait 98 pour cent de la population des phalènes.

Des études montrèrent alors que les papillons avaient évolué pour s’adapter à leur environnement. A Manchester, des usines rejetaient dans l’air des suies de charbon qui venaient se déposer sur les arbres et les noircissaient . Les phalènes du bouleau blanche tacheté de noirs étaient alors très visibles et devenaient la proie des oiseaux qui sont ses principaux prédateurs.

La selection naturelle entra alors en jeu et favorisa la reproduction des très rares individus qui avait une couleur foncée . En quelques années apparut alors la forme noire qui était totalement invisible sur le tronc des arbres noirci par les dépôts de charbon. 50 ans après l’apparition de ces premières observations, on s’aperçut que l’espèce avait muté et que cette forme noire représentait 98 pour cent de la population des phalènes du bouleau. Alors qu’on pensait qu’il fallait des siècles pour qu’une mutation importante se déroule, on s’aperçut que cette espèce avait complètement modifié sa pigmentation en moins d’un demi-siècle.

On désigna ce phénomène sous le nom de mélanisme* industriel .

Le plus étonnant est que le phénomène se reproduisit alors dans l’autre sens . Avec l’évolution de la société et l’arrêt des centrales à charbons, les arbres autour de Manchester  reprirent leur couleur d’origine et on vit réapparaitre la blancheur des bouleaux et  ces lichens blancs tachetés de points sombres . La forme noire dite “carbonaria” en « référence  » au charbon régressa rapidement  et 50 ans plus tard la forme claire représentait 98 pour cent de la population des phalènes et était redevenue la norme de l’espèce.

Phalène du bouleau forme Carbonaria

À noter que la forme mélanique dite « carbonaria » n’est  pas apparue partout en Angleterre . Elle était prédominante dans les régions industrielles alors que la forme claire  restait majoritaire dans toute la partie rurale où l’air n’était pas pollué  .

Mais ces conclusions ne plaisait pas à tout le monde et les ennemis de la théorie de l’évolution passèrent à l’attaque en expliquant qu’il était impossible qu’une telle mutation se déroule en si peu de temps et sur si peu de générations (environ 50).

L’entomologiste anglais Henry Bernard Davis Kettlewell entreprit alors en 1955 une série d’études scientifiques complète  sur ce papillon qui prouvèrent que la mutation  était bien le fruit d’une évolution et que celle-ci s’était bien déroulée sur une période très courte  .

La mutation de la phalène vu sous l’angle de la théorie de l’évolution

Darwin explique ce genre de mutation et d’évolution par le phénomène de la sélection naturelle .  Comme son nom l’indique, celle-ci sélectionne naturellement  les individus les plus adaptés à leur  environnement.

Dans le cas de la phalène du bouleau, les papillons clairs étaient protégés des prédateurs et parvenaient mieux à se développer que les formes sombres tant que les arbres et les lichens étaient clairs. Lorsque les lichens et les arbres sont devenus sombres et que les papillons blancs sont devenus visibles, la sélection naturelle a fait que les papillons sombres s’adaptaient mieux à leur environnement, qu’ils  étaient moins chassés par les oiseaux et pouvaient donc mieux se reproduire .

La sélection naturelle est un avantage ou un désavantage reproductif  donné à certains membres d’une espèce  selon qu’il s’adapte ou ne s’adapte pas à leur  environnement . Dans une même espèce, ceux qui auront certaines qualités adaptées à leur environnement pourront mieux se développer que ceux qui n’ont pas ces qualités . La forme  de couleur claire est dite « typica » . la forme sombre est dite « mélanique » ou carbonaria

La sélection naturelle et les humains

L’exemple de la phalène du bouleau appliqué à l’espèce humaine nous permet de comprendre une chose :

Qu’il n’y a pas plusieurs races( les noirs, les blancs, les jaunes , les rouges ), mais une seule espèce qui a effectué diverses mutations pour s’adapter à son milieu .

Dans les pays chauds, la sélection naturelle a fait que les humains qui avaient un taux de mélanine important parvenaient à mieux se développer tandis que dans les pays au climat froid ou tempéré la sélection favorisait ceux qui avaient un taux de mélanine bas .

De là découlent tout un dégradé de couleurs de peau et certaines autres caractéristiques qui  sont de simples adaptations à la géographie et  au climat.  

Les couleurs blanches, jaunes ,rouges ou noires s’expliquent donc uniquement  par la quantité et type de mélanine qui entre dans la composition de leur peau .  .

La couleur jaune, par exemple, des Asiatiques vient de ce que leur peau contient deux types de mélanines. La phéomelanine (dite mélanine rouge)  présente dans le type de la peau blanche et l’eumélanine (dite mélanine noire) qui entre la composition   des peaux noires.

Le concept de race chez les humains qui avait permis de distinguer des groupes humains bien distincts en se basant sur des critères morphologiques ou culturels   est aujourd’hui complètement abandonné et la génétique a prouvé qu’il n’avait aucun sens et aucune réalité sur le plan scientifique.

Ce concept avait hélas permis de justifier de nombreux crimes comme  l’esclavage des noirs par les blancs ou  le génocide des juifs par les nazis.  

Même si ce n’est pas toujours le cas, on peut  voir ici que la science peut parfois faire évoluer les mentalités. Charles Darwin et sa sélection naturelle ont  non seulement permis  d’expliquer de très nombreux  phénomènes qui étaient jusqu’alors incompréhensibles mais, presque par « ricochet », ils ont aussi tué dans l’œuf cette notion de race qui avait fait tellement de dégâts.

Étymologie

Biston est un genre de lépidoptères de la famille des Geometridae  et de la sous famille des Ennominae crée par le zoologiste William Elford Leach en 1815.

L’épithète « betularia » vient du latin betula, bouleau qui est l’une des plantes hôtes du papillon.

Le mot Phalène du grec « Phalaina » signifie papillon de nuit.

Phalène poivrée :  Le terme descend  certainement du mot anglais Peppered Moth qui vient lui-même sans doute du côté poivre et sel de la couleur du papillon .

*Mélanisme (du grec « Melas » noir)

Aptitude à fabriquer des pigments noirs en grande quantité . Certains animaux peuvent provoquer la production de mélanine pour s’adapter à leur environnement . (Voir article sur la phalène du bouleau ) Coloration excessive de la peau due à un excès de mélanine dans les cellules .

Laisser un commentaire