Brun des pélargoniums (Cacyreus marshalli)

  • Règne : Animalia
  • Embranchement : Arthropoda
  • Classe : Insecta
  • Ordre : Lepidoptera
  • Super-famille : Papilionoidea
  • Famille : Lycaenidae
  • Sous-famille :Polyommatinae
  • Genre : Cacyreus

Présentation

En cherchant sur internet et  dans les livres ce qui a été écrit sur ce papillon, j’ai été surpris par le flot de critiques et d’accusations qui sont portées contre lui . Pire que des torrents de boue après une nuit très pluvieuse.

Venu d’Afrique et introduit en Europe par via des containers de géraniums ,  les bruns des pélargoniums sont accusés de venir manger le pain de nos  papillons « bien français ».

Traités presque partout d’espèce « invasive », ils sont principalement accusés de s’attaquer à « NOS » géraniums en pots. 

Brun des pélargoniums sur Centranthe rouge.

Certains articles diabolisent même ce pauvre papillon. L’encyclopédie de Monaco, qui est pourtant d’habitude  une source intéressante,  parle des « dommages irréversibles qu’il cause à la nature en bouleversant les équilibres d’un écosystème que la sélection naturelle a mis des millénaires  à mettre en place » . Rien que ça.    Le pauvre papillon a été rhabillé pour l’hiver et l’on sent que l’extermination rapide et définitive du  brun des pélargoniums va bientôt être demandée pour sauver la planète en danger.

Le même article, dont le but n’est certainement pas de faire peur et de créer une psychose, parle aussi de ce « cadeau venu d’Afrique […] qui est capable de détruire en quelques instants des champs entiers de fleurs très courantes et plus facilement encore celles que nous entretenons si soigneusement sur nos balcons. »

J’imagine la peur viscérale que pourrait ressentir une grand-mère en lisant ce texte et en réalisant l’immense danger que courent les 4 malheureux pots de géraniums qu’elle a posés sur le rebord de sa fenêtre.

Pélargoniums lierre (Photo Google)
Pélargoniums zonal (Photo Google)

Naïvement, je croyais que les humains et leur surpopulation étaient seuls responsables de la destruction rapide de la nature, de la déstabilisation de ses écosystèmes  et de la pollution généralisée des mers de la terre et du ciel.  Mais non, je me trompais. Le responsable de tous nos maux et celui qui va détruire la planète est le brun des pélargoniums.

Je vais pour ma part essayer de montrer ce papillon de manière positive en oubliant ces accusations ridicules qui ne correspondent à aucune réalité et qui sont avant tout le fruit d’une vision spéciste à court terme.

La terre est habitée par de nombreux animaux et chacun à sa place et sa raison d’être  . Dire qu’une espèce est européenne et que telle autre est africaine ou chinoise n’a pas de sens . Si on se base sur un temps court, on peut dire que telle espèce est européenne, mais si l’on remonte dans le temps sur des millénaires nous pouvons être  à peu près certains que telle espèce, qui est identifiée comme européenne aujourd’hui, vivait en Afrique autrefois, et que telle autre, qui porte aujourd’hui un béret sur la tête et une baguette sous le bras, avait autrefois les yeux bridés ou la peau noire .

Plus sérieusement, je dirais que le brun des pélargoniums appelé aussi le Lycène de Marshall est surtout un lépidoptère de la famille des lycénidés qui compte plus de 5 200 espèces dans le monde et plus d’une centaine en Europe . L’argus bleu ou le cuivré commun font partie de cette même famille . il fait également partie du genre des Cacyreus qui compte 8 autres espèces que l’on peut rencontrer en Afrique au Yémen ou à Madagascar .

Description

Le brun des pélargoniums est un petit papillon qui a une envergure de 20mm pour les mâles et 25 mm pour les femelles qui sont un peu plus grandes. Le dimorphisme est  très léger. En plus de la taille, les femelles sont un peu  plus claires et ont un abdomen plus large . Mais les choses ne sont  pas toujours aussi simples et l’on peut trouver des mâles plus clairs ou plus grands que les femelles. Les spécialistes parviennent à les identifier grâce à la forme des génitalias, mais ce type d’identification est quasi impossible quand le papillon se déplace dans votre jardin .

Brun des Pélargoniums sur Caryopteris

Le dessus des ailes est marron et bordé d’une frange blanche. Les ailes antérieures ont un petit ocelle sombre et se terminent par une queue qui caractérise l’espèce.  Le dessous est aussi dans les tons marron, mais recouverts de nombreuses marbrures blanches obliques qui coupent les lignes du papillon et forme un très bon camouflage. L’abdomen est également bicolore avec la partie supérieure marron et le dessous blanc ou crème. Les antennes  sont formé de segments alternativement noir ou blanc et se termine par des petites excroissance  en forme de massue.   

Distribution

Le papillon  est présent presque partout en Europe et il a tendance avec le réchauffement climatique à remonter vers le nord. On le trouve maintenant en Angleterre d’où il était absent il y a quelques années et il est même arrivé au Danemark et en Suède.

Il est également présent dans le sud de l’Afrique et notamment en Afrique du sud au Mozambique au Zimbabwe en Tanzanie et jusqu’au Kenya. Depuis quelques années il est également présent aux Baléares ainsi qu’ en Afrique du nord. Son expansion  est aussi dirigé vers les pays où l’on trouve beaucoup de pélargoniums qui est sa plante hôte.

Carte du GBIF (Global Biodiversity information facility) qui montre la présence
du Brun du pélargonium dans le monde.

Habitat

Le brun des pélargoniums vit essentiellement dans les jardins, seul endroit où il peut trouver sa plante hôte le pélargonium. 

Alimentation

Le papillon vole en général aux alentours de sa plante hôte mais butine le nectar d’un grand nombre de plantes.

Reproduction

Le mâle est très territorial et chasse tous les mâles qui oseraient pénétrer sur son territoire. Lorsqu’il aperçoit une femelle, il lui « court après » et après une brève parade qui est signe de consentement, s’accouple avec elle. La femelle pond ensuite une cinquantaine d’œufs isolement sur les tiges ou les feuilles de la plante hôte pour que les chenilles, à peine écloses, puissent se mettre à manger. Les œufs, très petits, mesurent moins d’un millimètre. Ils sont à peine visibles à l’œil nu et peuvent être pris pour des poussières. 

Accouplement de brun des pélargoniums (Photo D Martiré)
Oeuf de Cacyreus marshalli

Le cycle de reproduction de cette espèce est plutôt court puisqu’il dure en général 1 mois et demi. En France elle vole de mars à novembre et peut produire 3 ou 4 générations selon le climat. En Afrique, les générations se suivent et ne s’arrêtent jamais . La chenille supporte de faible gelée, mais peut pénétrer plus à l’intérieur de la tige ou de la feuille si le froid se fait plus dense . La chrysalide est fixée à la tige de la plante hôte par une ceinture de soie. Le papillon émerge 15 jours après la nymphose.  

Le brun du pélargonium hiberne à l’état d’oeufs,de chenille ou de chrysalide et peut ainsi apparaitre dès le mois de mars. Dans le sud on peut  parfois rencontrer les adultes dès janvier .Ils peuvent aussi émerger en plein hiver lorsque les propriétaires rentrent leurs géraniums et les placent dans un endroit chauffé.    

Plante hôte

Le nom vernaculaire donne le nom de sa plante hôte qui est le pélargonium .  Certains ont pu dire qu’ils s’attaquaient aussi aux géraniums vivaces,  mais des travaux de L’INRA ont montré que les bruns des pélargoniums ne pondaient que sur les pélargoniums. Je précise, pour ceux qui ne le sauraient pas,  que les plantes que nous appelons en France des géraniums et que nous mettons l’été dans des  pots pour la décoration sont en réalité des pélargoniums et que les vrais géraniums sont des plantes vivaces que l’on voit très rarement chez les particuliers. Pour redire, les choses clairement, les bruns des pélargoniums ne pondent que dans les  « pélargoniums » en pot.

Taxonomie

L’espèce Cacyreus marshalli a été nommé et décrite pour la première fois par le zoologiste britannique Arthur Gardiner Butler en 1898.

Étymologie

La genèse du nom de genre « Cacyreus » n’est pas très claire. Selon plusieurs sources, Arthur Gardiner Butler aurait voulu utiliser le nom de genre Hyreus mais celui-ci étant déjà pris et utilisé pour les oiseaux, il aurait fait précéder « Hyreus » par le qualificatif « Kakos » qui signifie mauvais.

L’épithète « marshalli » fait référence à l’entomologiste anglais Guy Anstruther Knox Marshall qui était un spécialiste ( entre autres) des papillons sud-africains. Ce dernier a envoyé de nombreux papillons à Butler qui résidait alors en Angleterre. On peut imaginer qu’il lui a notamment fait parvenir un exemplaire de ce brun des pélargoniums qui était totalement inconnu en Angleterre. Le papillon n’est arrivé en France puis en Angleterre que dans les années 1997.

Brun des pélargoniums

Le nom vernaculaire brun des pélargoniums décrit simplement la couleur dominante du papillon et sa plante hôte.

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