Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes)

(Article en cours)

Présentation

Le troglodyte mignon est un passereau qui appartient à la famille des Troglodytidae. Cette famille comprend 19 genre et 84 espèces insectivores dont la plupart vivent sur le seul continent américain . Le troglodyte mignon est le seul que l’on peut trouver sur une zone bien plus large.

Description

Le troglodyte mignon est le deuxième plus petit passereau présent sur le continent européen après le roitelet huppé (regulus regulus). Il mesure à peine 10 cm de longueur et ne pèse que 8 grammes. À titre de comparaison, une mésange charbonnière pèse de 14 à 22 grammes et notre rouge-gorge national de 16 à 22 grammes. Sa silhouette est immédiatement reconnaissable avec son plumage brun et sa queue plutôt courte et presque toujours relevée.

Les ailes sont zébrées par des marques brunes qui alternent avec des zones plus claires    Son corps est plutôt rond et sa tête massive est pourvue d’un bec long et fin de couleur corne qui dit son gout pour les insectes. Un autre signe de reconnaissance est la petite virgule plus claire placée sur la bande sourcilière qui fait ressortir la teinte sombre de ses yeux  . Le troglodyte est solidement posé sur le sol grâce à ses pattes de couleur rose.  Le dimorphisme est inexistant. Seule l’observation du comportement permet de distinguer le mâle de la femelle. Comme beaucoup de passereaux, le troglodyte mignon effectue une mue complète vers le mois de septembre.

La durée de vie d’un troglodytes est de 7 ou 8 ans mais dans la nature ils vivent rarement plus de 3 ou 4 ans.

Comportement

Le troglodyte est un petit oiseau, mais il est très actif . La journée il ne cesse de s’agiter à la recherche d’insectes.  Les femelles sont plutôt discrètes et peu bruyantes. Les mâles en revanche sont très territoriaux. Ils se perchent régulièrement sur une branche en hauteur et poussent leurs chants pour signaler leur territoire et prévenir les éventuels concurrents. En général, le chant suffit et les combats entre mâles sont plutôt rares.

Le troglodyte est un oiseau des forêts dont il apprécie l’ombrage et la protection. Il aime également vivre près des cours d’eau où vivent un grand nombre d’insectes.  Mais le troglodyte sait s’adapter à de nombreux milieux et le rencontre de plus en plus souvent à proximité des humains dans les parcs et les jardins.

 Chant

Vu leur taille, on se demande comment ils peuvent chanter aussi fort . 96 décibels , soit le bruit d’une tronçonneuse ou d’une scie circulaire.  Perchés sur les branches basses, les mâles lancent leurs trilles pour séduire les femelles ou pour impressionner les autres mâles.   On peut les entendre à plus de 500 mètres.

Le mâle pousse sa chanson.

La force de leurs chants compense l’ absence de couleur qui est souvent le costume des séducteurs. Qui n’a pas mis ses plus beaux vêtements pour aller en boite. Mais les femelles apprécient aussi les belles mélodies viriles et ensorceleuses. Le chanteur du groupe de rock qui a une voix puissante aura toujours plus de succès que le timide introverti qui passe ses journées à la bibliothèque.   Le chant des mâles est clair et rapide . Ses phrases durent 4 ou 5 secondes et comportent plusieurs notes répétées que les mâles adultes enchaînent avec une grande virtuosité .   

Alimentation

Comme le montre son bec long et fin, c’est un insectivore. Contrairement à d’autres passereaux qui changent de régime et deviennent granivores en hiver, le troglodyte reste strictement insectivore toute l’année . Pour cette raison, l’hiver est un moment très délicat et la mortalité peut être très élevée lors des hivers très rudes où la neige et le gel rendent l’accès à la nourriture presque impossible.

Le troglodyte se nourrit d’arthropodes , d’insectes en tous genres et d’araignées qu’il recherche inlassablement dans les fourrés, au milieu des broussailles ou sous l’écorce d’un arbre mort. Lorsque la nourriture se fait rare, il peut également se nourrir de petits poissons ou de têtards.   

Nidification

La nidification a lieu au printemps comme pour la plupart des passereaux. Au jardin des oiseaux  le troglodyte mignon a commencé le nid vers le 10 mars en raison de la douceur précoce et l’a terminé 5 ou 6 jours après.  Mais la nidification peut débuter un peu plus tard si l’hiver se prolonge et que le froid persiste  .

Jeune Troglodyte mignon . Le jeune age se voit à l”arrière du bec non fini de couleur jaune poussin .

Les troglodytes ont pour habitude de rechercher des trous pour y construire leurs nids. c’est ce qui s’est produit ici où l’oiseau a profité d’une cavité formée naturellement dans l’une de mes anciennes cabanes pour y installer un nid.

Dans cette espèce ce sont les mâles qui le construisent.  Ils en fabriquent même plusieurs à différents points de leurs territoires puis laissent le choix à la femelle qui décidera en dernier lieu . En pénétrant dans le nid, elle montre au mâle qu’elle est d’accord pour s’accoupler avec lui . Mais la femelle peut aussi changer d’avis . Il lui arrive de pénétrer dans le nid puis d’ en ressortir pour aller plus loin dans le nid réalisé par un autre mâle. En une saison un mâle peut construire de 3 à 12 nids  .

 L’orifice d’entrée est en général dirigé vers le bas . Ayant choisi la cavité qui leur conviennent, les mâles y apportent alors une grande quantité de mousses et de feuilles mortes qui vont rendre l’endroit très confortable et moelleux. 

Les femelles se contentent de terminer le nid en y ajoutant leur touche personnelle. Elles y ajoutent de la mousse , des plumes ou des poils d’animaux  pour s’assurer que les petits seront bien installés et qu’ils auront assez chaud.  Les mâle bâtissent  les murs de la maison . À la femelle revient la tâche de vérifier la qualité du berceau.

Contrairement à de nombreux passereaux qui construisent leurs nids dans les arbres. Le nid du troglodyte est en général placé dans un endroit peu élevé qui se situe entre 0 et 2 mètres. Le nid présenté là est un bon exemple puisqu’il se trouve à environ 70 cm du sol .

La première ponte a lieu en avril et la femelle dépose 5 à 6 petits œufs blancs . Elle assume seule l’incubation qui dure 2 semaines . Durant cette période elle doit aussi se débrouiller pour se nourrir, car le mâle est déjà reparti à la chasse aux femelles . En bon Polygine il a repris la construction de ses nids et essaye d’y attirer d’autres femelles . Il n’est pas rare que les mâles aient des relations avec deux ou trois  femelles. Il arrive aussi qu’il n’en ait aucune et reste seul toute la saison si  ses constructions n’ont pas de succès .

Les femelles nourrissent seules leurs petits et peuvent  faire jusqu’à 500 allers-retours par jour pour ramener la nourriture nécessaire .  Les mâles  les aide parfois mais pas toujours   . l’absence très fréquente des mères  en recherche de nourriture fait que le nid est souvent la proie des prédateurs comme l’écureuil , le geai des chênes  ou la belette .  Les mâles ne reviennentt vers les petits que lorsque ceux-ci ont sauté du nid . Ils les accompagnent alors régulièrement, leur montrent ce qu’il faut faire ou ne pas faire et leur offrent de temps en temps un petit ver.

Une seconde ponte a souvent lieu vers la mi-juin .  Il n’est pas rare que les femelles changent alors de partenaire et se déplacent vers un autre nid. Les nids qui restent vides sont appelés nids postiches ou nids-dortoirs, car ils servent d’abris en hiver aux petits oiseaux . 

Migration

Le troglodyte mignon est un migrateur partiel. C’est-à-dire que les populations qui vivent  sous des climats où l’hiver est plutôt doux sont sédentaires alors que les populations qui vivent plus au nord sont migratrices. Les oiseaux,  par exemple, qui vivent au Danemark, en suède ou en Norvège, redescendent vers le sud en automne . Malgré leur petite taille et leur allure chétive, les troglodytes mignons sont des oiseaux surprenants .

Carte du GBIF (Global Biodiversity information facility) qui montre la présence
du Troglodyte mignon  dans le monde.

Un troglodyte bagué a Gotland en suède a été retrouvé à 2500 km de là en Espagne . Non contents d’aller loin, les troglodytes sont aussi plutôt rapides. Un Troglodyte bagué en Finlande le 11 octobre 1995 a été repéré le  7 novembre de la même année en seine maritime . il avait parcouru plus de 2000 km en 28 jours. Les troglodytes qui vivent sous nos latitudes sont toutefois fragiles du fait de leur alimentation insectivore et semble ne pas supporter les hivers ou la température descend en dessous de 7 degrés.

Tradition irlandaise

Le 26 décembre est le jour où l’on fête le saint Etienne dans les pays anglophone. Ce jour-là était autrefois un jour bien triste pour les troglodytes. La mythologie irlandaise le considère en effet comme un traitre  .

On raconte que l’oiseau se serait mis à chanter et aurait fait capoter l’embuscade que les soldats irlandais étaient en train de préparer pour tuer les guerriers scandinaves . On imagine bien que l’échec cuisant devait avoir une autre cause . Mais l’époque n’hésitait pas à reporter la faute des humains sur des animaux et l’on ne compte plus les procès de chèvres, d’oiseaux ou de chiens qui avaient fauté et qui ont jugé dans un tribunal puis abattu .

hasse aux troglodytes mignon lors
de la Saint-Étienne à Dingle, le 26 décembre.
Chasse au renard pendant le Boxing Day à Cowbridge.

Pour le punir de cette trahison, la tradition voulait que le 26 décembre les jeunes du village se noircissent le visage avec de la suie puis pourchasse les troglodytes en tapant sur les broussailles et les buissons à l’aide d’un bâton . Les troglodytes étaient alors tués, accrochés sur des branches de houx et exposés aux yeux de tous les habitants au cours de procession qui traversait la ville .

On ne tue plus aujourd’hui les troglodytes, mais les habitants de ces régions continuent de véhiculer ces croyances cruelles en se déguisant eux-mêmes en troglodyte et en défilant dans les rues.

Mais la maltraitance du Boxing Day ne touche pas que les oiseaux . Ce jour-là, les renards étaient aussi à l’époque pourchassés par des hordes de chiens et tués en masse.

Depuis 2005 il est interdit de tuer des renards dans le pays ,mais les traditions sont des addictions qui adhèrent et qui ne disparaissent pas du jour au lendemain. Les irlandais continuent hélas encore aujourd’hui de chasser les renards et de leur courir après.   Après les avoir stressés et épuisés, ils s’abstiennent simplement de les tuer .  

Étymologie

D’abord nommé « Passer troglodyte » par le naturaliste suisse Conrad Gessner en 1555, il fut ensuite décrit et nommé par Linné  « Motacilla Troglodytes » en 1758 dans son édition de « systema natura ».

Le mot « motacilla » vient du latin  et veut dire « hoche queue ». Il suffit de voir l’oiseau une fois avec sa queue relevée pour comprendre la raison de ce nom .

En suivant les recommandations de l’ornithologue français Pierre-Louis vieillot, l’espèce a été placée dans le genre « troglodytes »  et a été rebaptisée  « Troglodytes troglodytes ».  

Le premier troglodyte sert à désigner le genre et le deuxième ,l’épithète, est là pour le qualifier.

« Troglodyte » vient des mots grecs trôglê (trou) et dutês (qui s’enfonce).

Le nom « trōglodutēs » désigne les  « êtres qui vivent dans les cavernes   ». le mot a  été attribué au troglodyte mignon parce que celui-ci a pour habitude de faire son nid dans les cavités.  

Le mot « mignon » est en rapport  avec sa petite taille qui fait de lui « un joli petit oiseau » . Il vient du mot d’origine allemande « minne »  qui  a produit les mots français, « mignot » , « mignard » et « mignon » .  Son sens premier désignait « un être gracieux donnant de l’amour » ce qui peut être aussi une définition des oiseaux. Avec le temps , son sens a progressivement  évolué et caractérise aujourd’hui ce qui est menu, délicat et joli.

Le troglodyte mignon est l’un des oiseaux qui a eu le plus de noms . il a notamment été appelé le roitelet des haies , le roi des oiseaux, le roi bertaud (bertaud signifie buisson), la souris des haies ou le rat des buissons . Sa queue relevée a inspiré beaucoup de monde et on l’a aussi appelé Trousse-queue, troussepet ou roitelet à queue de poule . Dans son étymologie des noms d’oiseaux, Pierre Cabard rappelle que l’un de ses noms scientifiques était  « Anorthura troglodytes ». « Anothuras » qui est composé des deux mots grecs « anorthos » = (qui dresse) et de « oura » = (queue).

Citations

« C’est la seule voix légère et gracieuse qui se fait entendre dans cette saison (hiver) où le silence des habitants de l’air n’est interrompu que par le croassement désagréable des corbeaux… Lorsqu’il chante, le son de sa voix est si fort et si agréable, qu’on souhaite toujours l’entendre plus souvent et plus longtemps… Il voltige et chante dans les bois jusqu’à la nuit serrée ; C’est un des derniers oiseaux avec le rouge-gorge et le merle qu’on y entende après le lever du soleil. Il est aussi un des premiers éveillés le matin. »

Buffon

 Soudain une voix éclate, véhémente et saccadée, qui domine un instant puis se tait brusquement . L’auteur, le voici : une toute petite boule de plumes brunes, piquée d’une minuscule queue dressée, qui se faufile comme une souris entre les racines et les branches.

Paul Géroudet

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