- Règne : Animalia
- Classe : Aves
- Ordre : Passeriformes
- Famille : Muscicapidae
- Genre : Erithacus
Erithacus rubecula est un petit passereau. Autrefois rangé dans la famille des turdidae (grives, merles, etc…) il a depuis été depuis déplacé vers la famille des muscicupidae. Il vit dans les milieux boisés et se déplace en hiver vers les parcs et jardins pour y trouver sa nourriture.
Carte d’identité : Poids : 16 à 22 grammes
Longueur : 14 cm
Envergure : 20-22cm
Alimentation : insectes et petits invertébrés. Graines en hiver.
Durée de vie maximale : 17 ans (4 ans à 5 ans dans la nature)
Plusieurs sous-espèces ont été classifiés. Parmi les plus importantes il y a celle que l’on trouve en Europe « Erithacus rubecula rubecula » et celle que l’on trouve sur les iles britanniques « Erithacus rubecula melophilus ».
Dimorphisme
Mâle et femelle sont quasi identiques. Les jeunes en revanche présentent un plumage marron tacheté de brun et de beige. La gorge orange n’apparaît qu’à l’automne, lorsque le jeune a 3 mois.
Territorial et solitaire, le rouge-gorge défend son territoire avec une énergie qui peut aller jusqu’à la mort de son adversaire. Mais les caractères, chez les humains comme chez les oiseaux, sont souvent multiples et variés et j’ai souvent vu des rouges- gorges peu agressifs, voire timorés, qui ne ressemblaient pas du tout à la caricature que l’on veut parfois en faire. Son intolérance ne s’exerce d’ailleurs qu’à l’égard des rouges-gorges et il peut parfaitement vivre en harmonie avec d’autres espèces comme les mésanges, les verdiers, les accenteurs mouchets ou les chardonnerets. Des études ont d’ailleurs pu montrer que c’est la couleur orange qui déclenche son animosité. Il suffit d’agiter devant lui une boule de plumes orange pour qu’il déclenche son attaque. La période de reproduction est le seul moment où il accepte la présence de la femelle .
Lorsqu’il a froid ou quand il veut impressionner, il gonfle son plumage et ressemble alors à une petite boule.
Approches
À la fin de l’été précédent, les couples s’étaient séparés et chacun était reparti de son côté pour passer l’hiver seul . Mâle et femelle s’approprient alors un territoire. Ils le garderont tout l’hiver et le défendent farouchement , y compris contre l’ancien partenaire . Pour le mâle comme pour la femelle, le chant est le principal élément de dissuasion . Les rouges-gorges font d’ailleurs partie des rares oiseaux qui continuent de chanter dans le froid et la neige ce qui leur vaut le surnom de « rossignol d’hiver ».
Il semblerait que ce soit la femelle qui prenne l’initiative de la rencontre au printemps. En général, elle ne va chercher bien loin et s’adresse au rouge-gorge qui occupe le territoire le plus proche du sien . Mais comme chez les humains il n’y a pas de règle stricte . Les femelles s’intéressent souvent au mâle voisin, mais elles peuvent aussi parfois être attirées par un rouge-gorge qui habite dans un « quartier » bien plus éloigné . La rencontre est souvent musclée. Un observateur qui ne connait pas le caractère bien trempé des rouges-gorges pourrait croire que les deux oiseaux se détestent . Mais quelques heures après, l’ambiance s’est apaisée et les deux tourtereaux semblent avoir accepté la présence de l’autre.
Reproduction
Le rouge-gorge utilise volontiers les nichoirs ouverts. Il apprécie aussi les buissons et les haies dans lesquelles il aime construire son nid.
Les accouplements ont lieu au printemps, mais des approches peuvent être faites dès le mois de janvier. En général c’est la femelle qui rejoint le mâle sur son territoire. Les nids sont construits par la femelle et sont toujours assez bien dissimulés dans une cavité, une souche ou dans des buissons épais. Il peut être construit au sol ou à faible hauteur. Vers le mois d’avril /mai mais la femelle y pond 5 à 7 œufs. L’incubation dure une quinzaine de jours pendant lesquels la femelle est nourrie par le mâle. Les premiers temps après l’éclosion, la femelle dort sur les petits pour qu’ils n’aient pas froid puis cesse de la faire dès qu’ils sont capables de se réchauffer par eux-mêmes ; en général, vers le 9-ème ou le 10-ème jour. Les jeunes sont nourris par les deux parents tout le temps que dure le séjour au nid. Leur alimentation est principalement à base de chenille et de petits insectes comme les tipules ou les araignées. Les poussins, qui sont nidicoles, quittent le nid le moment venu et n’y reviendront plus. Les premiers jours ils auront du mal à voler et ne deviendront indépendants que 3 semaines plus tard. Pendant ce temps les parents continuent de les nourrir et ne cesseront de le faire que lorsqu’ils les jugeront suffisamment autonome. La durée peut varier de 10 jours à 1 mois selon que les petits sont plus ou moins dégourdis.
Le jeune fils de Roberto est très attiré par ces belles baies de pyracantha jaune-orange.
Plus un juvénile, mais pas encore un adulte . Et oui ! les oiseaux eux aussi passent par cette période mouvementée et très ingrate que l’on appelle l’adolescence.
Migration
Le rouge-gorge est une des espèces de passereaux les plus présentes en France. D’après certaines sources on en compterait 5 000 000 d’individus pendant la belle saison. Ce nombre serait quasiment doublé en hiver avec l’arrivée de ceux qui vivaient en Europe du nord.
Le rouge-gorge est un migrateur partiel. C’est-à-dire que les rouges-gorges qui vivent dans les pays nordiques migrent tous vers le sud, alors que ceux qui vivent dans des contrées moins froides sont plutôt sédentaires. Il fait partie de ceux qu’on appelle les petits migrateurs, car il ne traverse jamais le Sahara comme les migrateurs au long court et se limite au bord de la méditerranée et au nord de l’Afrique.
Les migrations débutent fin août et des milliers de rouges-gorges partent de Finlande, du Danemark, de Norvège, de suède et des pays de l’Est pour se diriger vers les bords de la méditerranée.
Les migrations se déroulent en général la nuit. Plusieurs études ont montré que les rouges-gorges se déplaçaient assez vite et qu’ils pouvaient effectuer de très longues distances. Des radars ont mesuré la vitesse de vol de rouge-gorge à 43 km / h.
D’après la LPO un rouge-gorge familier suédois aurait été retrouvé quelques jours plus tard au Maroc, soit à plus de 3500 kilomètres de son point de départ.
Une autre source cite un individu qui serait parti d’Allemagne pour venir dans le sud de la France et qui aurait parcouru 1468 km en 5 jours soit 298 km / jour .
Georges Olioso, dans son livre consacré au rouge-gorge, parle d’un rouge-gorge qui aurait parcouru 1930 kilomètres de la suède à la haute Provence en 8 jours soit 241 km/ jour .
Des observations ont montré que les rouges-gorges ont tendance à ne plus se déplacer lorsqu’ils sont arrivés sur le lieu où ils vont passer l’hiver.
Une particularité que chacun a pu remarquer est que l’on voit les rouges-gorges en hiver dans les jardins et qu’ils disparaissent au printemps pour revenir avec les premiers froids . Dans la plupart des cas, il ne s’agit pas de migration, puisque nous nous trouvons en France ou les rouges-gorges sont souvent sédentaires, mais d’opportunisme . En hiver, ils se rapprochent des humains pour profiter de nos déchets, des vers que l’on débusque en ratissant les feuilles ou des graines que nous installons pour les oiseaux, alors qu’en été ils retournent dans les bois où ils peuvent trouver en quantité les insectes ou les petits fruits qui sont la base de leur alimentation. Comme nous ils préfèrent le frais au surgelé.
Orthographe
L’Académie française et la plupart des dictionnaires recommandent de l’écrire « rouge-gorge » au singulier et « rouges-gorges » au pluriel. Les ornithologues, eux, préfèrent l’écrire rougegorge ou rougegorges.
(Voir mon article rouge-gorge ou rougegorge) https://lejardindesoiseaux.fr/oiseaux/rouge-gorge-ou-rougegorge/
Histoire
On dit « rouge-gorge » parce que la couleur orange n’existait pas encore lorsqu’il a été nommé. Elle sera créée plus tard, au xv siècle, lorsque les grands voyageurs portugais partiront vers les Amériques et la Chine et qu’ils en ramèneront le fruit « orange » alors inconnu en Europe. On donnera alors à la couleur le nom du fruit qui la définit parfaitement.
Le saviez vous?
Le rouge-gorge a du cœur. Et un cœur qui bat à 1000 pulsations par minute alors que celui des humains est à 80 pulsations. Mais c’est tout à fait normal. Les petits animaux ont le cœur qui bat beaucoup plus vite que les gros. Une souris, par exemple, a le cœur qui bat à 500 pulsations /minute alors que celui d’un cheval fait 35 pulsations/minute. L’éléphant est à 35 et la baleine 10. Le rorqual bleu peut cependant descendre à 2 battements /minute lorsqu’il est en plongée profonde. Le lapin lui est à 220 battements. Le record est détenu par le colibri dont le cœur peut battre à 1200 battements/ minute.
Étymologie du rouge-gorge (Erithacus rubecula)
« Erithacus » vient du grec « erithacos » qui, selon Pline et Aristote , désigne un oiseau que l’on ne voit qu’en hiver et qui disparaît au printemps . Les anciens croyaient qu’il se transformait alors en rouge-queue.
Rubecula est un diminutif du latin rubor (rouge) et de rubeo (être rouge). Le diminutif « ula » pourrait avoir été rajouté pour mettre l’accent sur la petite taille de l’oiseau.
Le terme « familier » qui accompagne le mot rouge-gorge souligne la familiarité de l’oiseau qui ne craint pas de s’approcher des humains et qui semble même apprécier leur présence.
, il profite des travaux de jardins que l’on fait parfois au début de l’automne pour récupère les petits verts et autres insectes que notre présence a fait sortir du sol ou des buissons.
De là vient l’un de ses autres surnoms « l’ami du jardinier ».
Mais on l’appelle aussi « Rossignol d’hiver » (il chante sous la neige) ou « bonhomme misère » (car il est présent à la mauvaise saison).
Les Anglais, eux, ne le voient pas sous un jour aussi triste puisqu’ils l’ont baptisé « God’s bird » ou « god’cock » qui signifie respectivement oiseau de dieu ou coq de dieu . Ils le nomment également « ploughman’s bird » qui signifie « oiseau du laboureur » et qui se rapproche de notre « ami des jardiniers » français.
Le rouge-gorge peut donc représenter pour certains le froid et le malheur et pour d’autres la joie et être vu comme un porte-bonheur.
Les Italiens l’appellent « petirosso » (poitrine rouge)
Les espagnols « petirrojo », les catalans « pit-roig », les occitans « barbaros » les néerlandais Roodborst, les allemand rotkehlchen, les suédois Rodhake, les luxembourgeois « routbrëschtchen »,
En basque le rouge gorge se nomme « Txantxangorri ».
Légendes
De nombreuses légendes circulent au sujet du rouge-gorge. En voici 3 parmi les plus connues .
« Pendant la nuit de Noël, Dieu interpella un petit oiseau qui avait un plumage gris . Il lui demanda s’il voulait bien s’occuper du feu dans l’étable
pour que son fils n’ait pas froid . Le petit oiseau s’envola alors pour Bethléem et trouva le feu presque éteint . Il se mit alors à battre rapidement
des ailes pour ranimer le feu . Il y mit tant d’ardeur et de fougue que le feu reprit et répandit une douce chaleur dans l’étable. Complètement à sa tache, le petit oiseau ne se rendit pas compte que les plumes de sa poitrine étaient en train de roussir sous l’effet de la forte chaleur. Malgré le feu qui le brulait, il poursuivit son travail et prit soin de l’enfant jusqu’au matin . Réveillé par les flammes et la chaleur, Joseph fut touché par l’ardeur avec laquelle le petit oiseau s’était occupé du fils de dieu . Il dit alors à l’oiseau qu’en souvenir de son dévouement, il conserverait la couleur feu sur son torse et qu’on l’appellerait désormais « rouge-gorge ». »
« Un petit oiseau cherchait un arbre pour s’abriter du froid de l’hiver. Tous les arbres lui refusèrent l’hospitalité sauf le houx. Le petit oiseau se blessa avec ses feuilles piquantes, colorant ainsi son poitrail en rouge. C’est ainsi qu’il devint Rouge gorge.Depuis lors, comme par punition, tous les arbres perdent leurs feuilles en hiver sauf le houx qui avait accepté de donner un abri au Rouge gorge. En souvenir de cette histoire, le houx porte toujours des baies rouges. »
« Un jour, un troglodyte grimpa sur le dos d’un aigle pour voir ce que cela faisait de voler un peu plus haut. L’aigle prit son envol et fidèle à ses habitudes et vola si haut qu’il s’approcha du soleil. Voyant que le petit troglodyte allez être bruler le rouge-gorge ne réfléchit pas. Il s’élança à son secours et le ramena sur terre. Mais le rouge-gorge avait dû s’approcher du soleil pour sauver le troglodyte, son poitrail s’était embrasé et il portait maintenant sur son plumage la marque rouge de l’astre de feu. »
Protection
Le rouge-gorge est protégé depuis 1981. Il est donc interdit de le capturer, de le chasser ou de le tuer. Il est également interdit de détruire ses nids ou ses œufs.
Prénom
Au jardin des oiseaux, j’ai nommé le rouge-gorge Roberto en hommage à mon grand-père Eugenio qui était maçon et qui est venu d’Italie* avec ses frères à la fin de guerre de 14-18 pour reconstruire la France . Il est aussi un hommage au « petit Robert » le frère de ma grand-mère qui est mort très jeune, à l’âge de 7 ou 8 ans, dans des circonstances mystérieuses.
*Il était originaire de la province d’Udine près de Pordenone
Citations
» On croit que tout est fini… mais alors il y a toujours un rouge gorge qui se met à chanter
» ( Paul Claudel )
« Le génie n’est que le chant du rouge-gorge à l’aube d’un printemps indolent. »
(Khalil Gibran)
« Il n’est pas d’oiseau aussi matinal que lui, le rouge-gorge , premier éveillé dans les bois se fait entendre dès l’aube du jour ; il est aussi le dernier qu’on y voit voltiger le soir. Il est peu défiant et facile à émouvoir ; de tous les oiseaux qui vivent dans l’état de liberté, le rougegorge est peut-être celui qui est le moins sauvage : il se laisse souvent approcher de si près, que l’on croirait pouvoir le prendre avec la main ; mais dès qu’on est à portée, il va se poster plus loin où il se laisse encore approcher pour s’éloigner ensuite de lui-même. Il semble aussi se plaire quelquefois à faire compagnie aux voyageurs qui passent dans les forêts, on le voit souvent les précéder ou les suivre pendant assez longtemps. »
Buffon
Rouge-gorge, mon ami, qui arriviez quand le parc était désert,cet automne votre chant fait s’ébouler des souvenirs que les ogres voudraient bien entendre.
(René Char)
Rouge-gorge
Ouvre ta gorge, rouge-gorge
Viens manger du pain
Dans la main
De celui qui t’aime
Ouvre tout grand les ailes
Et vole ainsi au-dessus
Des moulins
De la vie, de la vie
De la vie, de la vie
De la vie, de la vie
De la vie, de la vie
De la
Rouge-gorge
Ouvre ta gorge, rouge-gorge
(Gérard Manset)
Tremblez,
Je suis le rougegorge ,
Voyez sur ma poitrine le signe vermeil,
Et dans mon œil le feu de constantes victoires.
(Colette)
Txoria txori
Hegoak ebaki banizkio
Neria izango zen
Ez zuen aldegingo.
Bainan honela
Ez zen gehiago txoria izango.
Eta nik,
Txoria nuen maite.
Si je lui avais coupé les ailes
Il aurait été à moi
Il ne serait pas parti
Mais alors
Il n’aurait plus été un oiseau
Et moi,
C’est l’oiseau que j’aimais
Joxean Artze
Taxonomie
L’espèce a été décrite pour la première fois en 1758 par le naturaliste Carl von Linné sous le nom « motacilla rubecula ». Le genre « erithacus » a été proposé par Georges cuvier en 1800 et a finit par être définitivement adopté par l’ensemble des ornithologues.
On croit connaitre le rouge-gorge, si populaire et présent dans nos jardins, et l’on imagine qu’il est le seul à porter ce joli nom qui lui va si bien . En Europe c’est bien le cas, mais on trouve aussi un oiseau nommé « rouge gorge » en Amérique. C’est en réalité un merle (turdus migratotirus), mais le nom « rouge-gorge » lui est donné en raison de la couleur rouge de son ventre.
Et ce n’est pas fini . De nombreux autres rouges-gorges existent et vivent dans différents pays du monde comme :
Le rouge gorge de bocage (Sheppardia bocagei)
Le rouge-gorge de forêt (Stiphrornis erythrothorax)
Le rouge-gorge de Gunning (Sheppardia gunningi)
Le rouge-gorge des Usambara (Sheppardia montana)
Le rouge-gorge d’Alexander (Sheppardia poensis)
Le rouge-gorge équatorial (Sheppardia aequatorialis)
Le rouge-gorge étoilé (Pogonocichla stellata)
Le rouge-gorge de l’Iringa (Sheppardia lowei)
Le rouge-gorge de Gabela (Sheppardia gabela)
Le rouge-gorge merle (Sheppardia cyornithopsis)
Le rouge-gorge de Sharpe (Sheppardia sharpei)
Le rouge-gorge de Swynnerton (Swynnertonia swynnertoni)
Le rouge-gorge du Japon (Erithacus akahige)
D’autres oiseaux portent également les termes « rougegorge » dans leur nom même si ce n’est pas la dénomination principale .
Je pense notamment au Torco rougegorge, au séricorne rougegorge, au sorophile rougegorge, au chipiu rougegorge, au tangara rougegorge, au monarque rougegorge ou l’accenteur rougegorge.